Télégraphie filaire

 
 
 

Dernière mise à jour : 10 / 10 / 2023

 

Sources : voir en fin de page.

 

Introduction

 

Au XIXe siècle, on assiste à l’invention et au développement de la télégraphie par fils. En 1837 au Royaume-Uni, William Coke et Charles Wheatstone développent un premier modèle de télégraphe électrique, basé sur la déviation d’une aiguille aimantée désignant les différentes lettres de l’alphabet.

 

Samuel Morse (1791-1872), un peintre américain, met au point un système de télégraphie électrique basé sur les rythmes du courant. Les messages retranscrits par interruption rythmée du courant s’inscrivent alors sur une bande de papier. C’est la naissance du code Morse. Il met plus de cinq années pour présenter officiellement son premier prototype de télégraphe, en 1837. Il s’en suit quelques années d’indifférence générale. Naturellement, comme pour de nombreuses inventions, d’autres chercheurs ont contribué à cette invention, mais finalement on attribue cette invention à Samuel Morse. En effet, durant les années 1840-1850, une variété de modèles de télégraphes sont mis au point, mais aucun n’arrive véritablement à s’imposer.

 

Toutefois en 1843 le Congrès américain accepte de financer la première ligne de télégraphie Morse entre Baltimore et Washington. Elle est inaugurée le 24 mai 1844. Cette ligne est un échec commercial, car le succès populaire n’était pas au rendez-vous. Mais elle annonce le futur des systèmes télégraphiques. Il s’agit là du premier système de transmission instantanée de l’information.

 

Le système Morse s’appuie sur des traits et des points associés aux vingt-six lettres de l’alphabet. A l’arrivée du message, imprimé sur papier, ce code est facilement traduit par les agents du télégraphe.

 

Le télégraphe fonctionne avec un émetteur composé d’un électroaimant devant lequel est placé un levier appelé aussi manipulateur. Avec le passage du courant, une extrémité du levier est attirée par l’électroaimant pendant le temps de l’impulsion électrique. Grâce au fil électrique qui les relie, le récepteur adopte les mêmes positions que l’émetteur. L’autre extrémité du manipulateur est raccordée à une molette chargée d’encre. Elle imprime un point ou un trait sur une feuille de papier pendant le temps que dure l’impulsion électrique.

 

Dès 1851, le système Morse franchit les frontières. Ce système est adopté en Allemagne, en Autriche, en Angleterre et en France sous le Second Empire. Il se développe principalement en parallèle des lignes de chemin de fer, surtout avec des lignes aériennes.

 

La télégraphie militaire en Allemagne

 

Pendant la guerre de 1870-1871, les armées allemandes comptaient 16 divisions télégraphiques, dont 6 divisions télégraphiques d’étapes et 10 divisions télégraphiques de campagne. 116 employés des lignes télégraphiques ont été attachés à ces divisions.

 

Le réseau filaire de télégraphie militaire de l’Empire allemand

 

Les premiers essais de télégraphie souterraine en Allemagne datent de 1847 ; ils échouèrent par suite de l’imperfection des procédés employés et ne furent repris avec succès qu’en 1876. Indépendamment de l’organisation générale du service télégraphique, les Allemands ont voulu relier entre elles et avec Berlin les principales forteresses de leurs frontières. En effet, les réseaux télégraphiques souterrains ne se limitent pas aux réseaux installés dans les places fortes, port de guerre et grandes garnisons du nouvel empire allemand. Un important réseau stratégique de télégraphie filaire souterraine est installé sur l’ensemble du territoire de l’empire allemand à partir de 1877. Ce réseau permet de transmettre très rapidement les ordres des états-majors à Berlin à l’ensemble du territoire et aux provinces de transmettre les comptes rendus par ce moyen sécurisé. Toutefois ce réseau est également utilisé pour les dépêches civiles, comme le cours des bourses. Le déploiement de ce réseau souterrain est toutefois très rapide. L’état du réseau en 1881 en témoigne.

 

Point de situation du réseau de télégraphie filaire de l’Empire allemand en 1881.

 

En 1881 on avait posé dans l’empire allemand 5 463 950 mètres de câbles, comprenant un développement de fil de 37 372 871 mètres, dont 11 116 mètres sont immergés.

Les câbles se composent exceptionnellement de 4 et normalement de 7 conducteurs. 500 mètres de câbles immergés sont même à 14 conducteurs. Chaque conducteur à une âme, formée généralement de 7 fils de cuivre, dont chacun mesure 0,7 mm de diamètre et qui sont noyés dans de la gutta-percha, de manière que le diamètre total atteigne 6 millimètres. Quatre ou sept fils semblables constituent l’âme du câble, qui elle-même est noyée dans une masse isolante composée de filaments de jute, de gutta-percha, etc., et recouverte d’une armature de fils de fer destinés à protéger l’âme contre les actions mécaniques. On isole le plus possible le câble de l’air et de l’humidité en le recouvrant encore d’une couche de filaments de jute goudronnés.

 

Histoire du développement du réseau de télégraphie filaire de l’empire allemand.

 

C’est au travers de différents articles récupérés dans la presse civile et militaire que nous pouvons suivre le déploiement de ce réseau stratégique de communication par télégraphie Morse.

 

09/09/1876

Article de presse : « D’après les Östreichisch-Ungarische Militärische Blätter, on aurait déjà construit, en Allemagne, trois lignes télégraphiques souterraines allant l’une de Halle à Berlin et les deux autres de Berlin à Potsdam. La première forme l’amorce de plusieurs lignes importantes se dirigeant vers le sud et l’ouest de l’Allemagne. Les deux autres doivent être prolongées vers Cologne et Hanovre ».

 

04/1877

« Une loi récente a mis entre les mains de l’administration des télégraphes allemands les crédits nécessaires à la poursuite des travaux. On a déjà dépensé 1 047 944 marcs et on se propose d’employer à de pareilles constructions, du 1er janvier 1877 au commencement du printemps de l’année 1878, une somme de 6 976 000 marcs. Ces dépenses considérables sont justifiées par la nécessité de soustraire les lignes télégraphiques aux influences perturbatrices de l’atmosphère, et de les protéger, en temps de guerre, contre les coureurs ennemis.

Une première ligne, établie l’an dernier entre Berlin et Halle, ayant donné des résultats très satisfaisants, on s’est déterminé à construire un réseau de télégraphique souterrain. On veut, en premier lieu, relier à Berlin, Cassel, Francfort-sur-le-Main et Mayence, et assurer les communications entre l’Allemagne du nord avec la Bavière et le Wurtemberg, et en partie le service des correspondances télégraphiques avec la France ; dans ce but, on doit prolonger la ligne Berlin-Halle sur les trois places précitées, par un câble de sept fils, et on fera partir de Halle un câble de quatre fils, aboutissant à Leipzig.

On doit, en second lieu, établir une ligne reliant Berlin aux ports de commerce et de guerre de la mer Baltique et de la mer du Nord ; cette ligne sera constituée par trois câbles, passant tous par Hambourg. L’un d’eux, formé de cinq fils, sera consacré à la transmission des dépêches de bourse et des dépêches commerciales, et mettra Berlin en communication avec l’embouchure de l’Elbe comme avec le réseau télégraphique danois. Les deux autres câbles, formés de sept fils, desserviront les ports et les établissements maritimes, en passant par Altona. Le premier aboutira à Kiel, le second se dirigera par Brême et Oldenbourg sur Emden, en détachant un rameau à Wilhelmshaven ; on mettra ainsi Berlin en communication avec le siège du gouvernement grand-ducal d’Oldenbourg, avec le câble sous-marin qui relie Emden à l’Angleterre et à l’Amérique, et Altona, siège du commandement de la défense des côtes, en relation avec la station navale de Wilhelmshaven et avec la côte de la mer du Nord.

Ces câbles ont été commandés aux maisons Siemens et Halske de Berlin, Felten et Guillaume de Cologne, qui doivent, à la fin de mars 1877, donner livraison des longueurs de câble nécessaire aux travaux de cette année, lesquels comprendront tout au moins la pose des lignes de Mayence et de Kiel. M. Siemens a fait construire une machine qui creuse exactement la rigole de 1 mètre de profondeur, au fond de laquelle on dispose le câble ; cette machine, qui fonctionne bien sur les routes à sous-sol argileux ou sablonneux, comme on en rencontre entre Berlin et Kiel, est impuissante pour creuser les roches basaltiques du Rhöngebirge que l’on traverse entre Cassel et Mayence. On doit commencer les travaux sur plusieurs points à la fois, de manière à terminer, avant les fortes chaleurs, la pose des lignes entreprises en juillet 1877.

La National Zeitung, dans son numéro du 30 mars 1877 publie les renseignements suivants qui confirment et complètent ceux qui précèdent : « Les travaux de construction du télégraphe souterrain entre Halle, Francfort et Mayence, entrepris sur plusieurs points à la fois et conduits avec une très grande activité, eut été achevés la semaine dernière. On doit bientôt prolonger cette ligne à Metz, en détachant des rameaux vers Bitche, Strasbourg et Thionville, toutes places du ressort de la IIIe inspection d’artillerie et de forteresse, ayant son siège à Mayence. On doit noyer un second câble dans le Rhin ».

 

01/1879

« La « National Zeitung » annonçait, au mois d’octobre 1878, que l’on entreprendrait au mois de mars 1879 la construction de la ligne télégraphique souterraine destinée à relier Cologne à Metz. La « Kölnische Zeitung » du 6 janvier 1879 donne, à ce sujet, les renseignements qui suivent : « Cette année, aussitôt que l’on disposera des ressources nécessaires, on continuera la construction du réseau télégraphique souterrain, en s’occupant tout d’abord de ligne de Cologne à Metz. Cette ligne passera par Koblenz, Ehrang, Trèves et Thionville, tandis qu’on emploiera un câble immergé pour traverser la Sieg à Siegburg.

Au point de vue de la construction, le câble souterrain de cette nouvelle ligne sera identique à celui dont on s’est servi pour les lignes de Berlin à Halle et de Berlin à Francfort-sur-le-Main ; il renfermera sept conducteurs isolés, dont chacun sera composé de cinq fils de cuivre fin. Pour le préserver des accidents provenant de causes extérieures, le câble est entouré d’une forte armature de fils métalliques tordus ensemble, qui est lui-même recouverte de gutta-percha. On va faire une proposition au Reichstag pour l’allocation des fonds nécessaires ».

Le « Deutsche Reichs-Anzeiger », dans son numéro du 6 décembre 1878, a résumé d’ailleurs, d’après la Correspondance provinciale, les travaux exécutés jusqu’à présent pour l’organisation du télégraphe souterrain en Allemagne. Voici les données les plus importantes qui ressortent de l’article de journal allemand : « Le développement des lignes télégraphiques souterraines atteint actuellement 2 487 kilomètres ; la plupart de ces lignes sont à sept conducteurs et quelques-unes à quatre ; l’ensemble de ces fils a une longueur totale de 16 744 kilomètres. La distance la plus considérable qui sépare le réseau souterrain, se trouve entre Kiel et Strasbourg : elle est de 1 219 kilomètres. Pour franchir les cours d’eau et les canaux, on a employé 3 642 mètres de câble immergé d’une construction spéciale ; cette longueur se répartit en trente parties différentes.

On prépare pour 1879 l’exécution de six nouvelles lignes, et il en restera encore quelques-unes pour réaliser le plan général d’un réseau souterrain desservant les grandes voies commerciales et militaires de l’Empire. Les sommes dépensées jusqu’ici, au moyen de crédits extraordinaires, s’élèvent à 12 155 969 marks (15 194 961,25 francs).

 

04/1879

« Dans son numéro du 6 février 1879, la Gazette d’Augsbourg donnait les indications suivantes, au sujet des sommes qui sont affectées aux travaux du réseau télégraphique souterrain dans le budget 1879-80 : « Pour la seconde et dernière allocation de fonds destinés à l’exécution de la ligne souterraine de Hambourg à Emden et Wilhelmshaven, en passant par Brême et Oldenbourg, on trouve 2 866 000 marks (ainsi, 1 066 000 marks de plus que l’année précédente) ; pour la ligne souterraine de Brême à Bremerhaven, 340 000 marks ; pour celles de Strasbourg à Metz, de Berlin à Breslau, en passant par Müncheberg, de Berlin à Müncheberg (en vue d’une prolongation ultérieure sur Posen et Thorn), et enfin pour la ligne de Berlin à Stettin (qui sera prolongée jusqu’à Königsberg par Colberg et Dantzig), 1 830 000 marks. La Gazette d’Allemagne du Nord a fait connaître, dans son numéro du 24 mars 1879, que le Reichstag a voté à une faible majorité les propositions du gouvernement énumérées ci-dessus ».

 

06/1879

« Empire allemand. Réseau télégraphique souterrain. Les journaux allemands de la semaine dernière contiennent quelques nouveaux détails relatifs à la construction de la ligne télégraphique souterraine Cologne – Coblence – Metz, dont on a déjà entretenu le lecteur à différentes reprises. Voici comment la Strassburger Zeitung rend compte de l’état d’avancement des travaux d’après une correspondance de Metz insérée dans son numéro du 17 juin 1879 : « Le câble souterrain de Cologne à Metz, dont la pose est confiée à la maison Felten et Guillaume de Cologne, s’avance rapidement vers notre ville. Les travaux sont terminés jusqu’à Perl (Ce point est situé entre Trèves et Thionville, près de Sierck et de l’ancienne frontière française). Depuis quelques jours il est arrivé ici seize voitures d’une construction spéciale, qui renferment le matériel nécessaire pour les opérations de pose du câble. Cette ligne sera dans la suite prolongée d’ici à Strasbourg ».

On lit d’autre part dans la Metzger Zeitung du 19 juin 1879 : « Le développement total de la ligne télégraphique souterraine de Cologne à Metz est à peu près de 310 kilomètres ; elle est actuellement terminée jusqu’à Thionville, c’est-à-dire sur une longueur de 282 kilomètres. Il faut compter encore une dizaine de jours pour les 28 kilomètres qui restent à parcourir, de sorte que les travaux commencés le 1er avril auront exigé environ trois mois.

Pour procéder à l’opération de la pose du câble, on l’enroule par parties de 1 000 mètres de longueur sur des tambours à grand diamètre, disposés sur des voitures d’un modèle spécial que l’on fait avancer le long de la tranchée préparée à l'avance ; le câble se déroule, on l’établit au fond de la tranchée, puis on le recouvre de terre que l’on dame fortement. On réunit les extrémités des différentes parties du câble en soudant les fils de cuivre entre eux et en les recouvrant d’une couche isolante de gutta-percha ; puis on chasse autour de ces points de jonction un manchon en fonte. Près de 500 ouvriers, la plupart polonais, sont employés à ce travail ; la moitié de ces ouvriers exécute la tranchée, une centaine d’entre eux est chargée de la combler, et les autres ont différentes fonctions pour rétablir spéciales, soit près des voitures qui porte le câble, soit pour rétablir le terrain dans son état primitif après l’opération, etc. ; à l’exception de ces derniers qi sont payés à la journée, tous les autres ouvriers sont à la tâche. Cette organisation paraît excellente ; tout ce monde travaille régulièrement et en silence, et sur toute l’étendue des ateliers qui, dans certains cas atteignent un développement de 7 ou 8 kilomètres, on n’entend que le bruit des outils. Deux ou trois ouvriers se charge du travail sur une longueur de 10 mètres ; lorsqu’il est terminé et qu’il a été contrôlé, ces hommes reçoivent un coupon qu’ils présentent à la caisse de l’entreprise générale, et que cette caisse paye à certains intervalles. Un conseiller des postes est chargé par l’administration des télégraphes de la direction de tout le travail ; il est assisté par quatre employés des télégraphes.

Ajoutons enfin, d’après la Strassburger Zeitung du 25 juin 1879, que la tranchée destinée à recevoir le câble a, dans ce parcours de Cologne à Metz, été creusé dans le roc sur une longueur de 60 kilomètres et que, de plus il a fallu franchir le Rhin, la Moselle et un certain nombre de cours d’eau importants. La feuille allemande signale le temps relativement court employé à ce travail, malgré toutes les difficultés qu’il présentait.

 

15/08/1879

« La Revue a fait connaître à ses lecteurs que Metz était relié, par un câble souterrain, à Cologne et à l’ensemble des lignes télégraphiques de l’Empire allemand, dès la fin du mois de juin 1879. Depuis cette époque, les travaux ont continué sans interruption entre Metz et Strasbourg, et cette dernière ville, déjà en communication avec le centre de l’Empire, par le câble souterrain Strasbourg - Francfort - Berlin, à la fin du mois de juillet 1878, se trouverait aujourd’hui réunie de même avec Metz et, par suite, avec la ligne Coblence - Cologne - Berlin.

Voici, en effet, ce que rapporte à ce sujet le Journal d’Alsace dans son numéro du 14 août 1879 : « Le câble souterrain de Berlin - Metz - Strasbourg est aujourd’hui complètement achevé. Hier, à cinq heures du matin, une équipe de 450 ouvriers a entamé la dernière section de cette ligne télégraphique, située dans le parcours même de notre ville, depuis la porte de Pierres, traverse le faubourg de ce nom, longe ensuite le quai Kléber, passe le canal des Faux-Remparts au pont de la Gare et arrive à l’hôtel Neuwiller par le quai de Paris. Le soir, à six heures, la pose du câble était terminée. Tous les travaux depuis Berlin jusqu’à Strasbourg, ont été exécutés sous la direction de M. Gründgens, représentant de la maison Felten et Guillaume, de Cologne, chargée de l’entreprise. Berlin est aujourd’hui relié avec les grandes places fortes de l’ouest de l’Allemagne par deux lignes télégraphiques souterraines qui passent, l’une par Magdebourg et Cologne, l’autre par Cassel et Francfort ».

La Gazette de Haguenau donne, à la date du 7 août 1879, les très intéressants détails suivants sur la pose du câble souterrain dans cette ville, sur l’organisation du travail et sur la composition du câble lui-même : « Depuis hier, écrit ce journal, il règne hors la porte de Bitche et dans les rues principales de notre ville une activité tout à insolite. L’équipe de travailleurs, composée de 400 têtes, qui depuis deux ans s’occupe de la pose du câble télégraphique souterrain de Berlin à Strasbourg, par Magdebourg, Cologne et Metz, est arrivée à Haguenau, où elle a continué son travail avec une habilité et un ordre remarquable. Dans trois jours, sa tâche sera terminée ici. La répartition du travail peut passer pour exemplaire. Quand le gros des ouvriers est encore éloigné de quelques kilomètres de son champ d’activité, l’avant-garde arrive déjà sur les lieux et, sous la conduite d’un contre-maître, elle creuse, avec une rapidité surprenante, sur les routes ou dans les rues des localités que doit traverser le câble souterrain, des tranchées étroites d’environ un mètre de profondeur. S’il y a une rivière à franchir, comme c’est le cas de la Moder, près de la porte de Bitche, le travail devient plus compliqué. On creuse un fossé dans le lit de la rivière, et on y enfonce le câble qui est entouré de manchons en fer ; on comble ensuite le fossé. Cet intéressant travail a été terminé ce matin, quelques minutes après huit heures, après que la colonne de travailleurs eut achevé dans la journée d’hier la pose du câble sur une étendue de 11 kilomètres, résultat qu’elle a rarement atteint dans les deux ans que dure ce travail ; car on ne compte qu’en moyenne que cinq à sept kilomètres de câbles posés par jour. Le câble lui-même se compose de sept fils de cuivre contenus dans une gaine en caoutchouc. Chaque fil est formé à son tour de sept fils de cuivre plus fin. Les fils principaux sont entourés d’une couche de chanvre goudronné qui, elle-même, est enveloppée de dix-huit fils de fer. Le tout est revêtu d’un manteau de toile à voile très forte. Le câble avant d’être posé dans le sol, est enroulé autour de tambours énormes montés sur des voitures très solides. Chacune de ces voitures peut être chargée de 1 000 mètres de câble, représentant le poids respectable de 60 quintaux. Parmi les ouvriers se trouvent une cinquantaine d’Italiens et beaucoup de Polonais. Les premiers excellent dans les travaux de mine que l’on est obligé d’exécuter dans les rochers. Les salaires varient de trois à neuf marcs par jour, selon les distances. La dérivation jusqu’au bureau télégraphique de notre ville a été faite sur la place d’Armes, tandis que le câble principal se dirige de là sur la porte de Strasbourg. »

La Strassburger Zeitung dans son numéro du 22 juillet 1879 nous apprend, d’autre part, que la ligne de Metz à Strasbourg par Sarreguemines, Neuenkirchen, Bitche et Haguenau, et d’après la Metzer Zeitung dans son numéro du 25 juillet 1879, cette ligne serait prolongée plus tard vers Neuf-Brisach.

Ainsi, à l’exception de cette dernière section, l’organisation des lignes télégraphiques souterraines serait terminée en Alsace-Lorraine et les deux places fortes de cette province se trouveraient sur un circuit qui vient se fermer dans la capitale même de l’Empire.

C’est maintenant vers l’Est que le gouvernement allemand va porter son attention à ce point de vue, et c’est dans cette direction que l’on va s’occuper activement de faire rayonner autour de Berlin un certain nombre de lignes souterraines. La Deutsche Heeres-Zeitung annonce, en effet, dans son numéro du 2 août 1879, que toutes les dispositions sont prises pour établir rapidement le câble télégraphique de Berlin à Dresde, de Berlin à Breslau, enfin de Berlin à Stettin. Après avoir constaté les divers perfectionnements introduits dans les opérations de la pose du câble et en particulier dans les avantage de la machine à vapeur inventée par le Dr Siemens pour creuser la tranchée sur un mètre de profondeur et dix pouces de largeur, la revue allemande ajoute : « La ligne Berlin - Dresde sera prolongée les années prochaines sur Hof, Nuremberg et Munich ; celle de Berlin à Breslau sera continuée sur Oderburg avec l’embranchement sur Posen, enfin la ligne Berlin - Stettin atteindra Dantzig et Königsberg en passant par Köslin, Schlawe, Stolp et Lauenburg.

Ainsi, de Berlin, point central de l’Empire, considéré comme un cercle, partiront une série de rayons formés par le câble souterrain et se dirigeant sur Königsberg et Strasbourg - Metz, sur Oderberg et Hambourg - Kiel, sur Magdebourg - Cologne et Dresde - Munich. Il reste comme but idéal à réaliser l’établissement d’une ligne parcourant la circonférence pour couvrir les frontières de l’Empire. »

Indiquons, en terminant, d’après la Gazette de Silésie du 15 août 1879, l’itinéraire que doit suivre la ligne souterraine sur le terrain dépendant de la ville de Liegnitz : chaussée de Lüben, rue Neuve de Glogau, rue de Glogau, rue de la Gare, rue des Tilleuls, rue de Breslau, rue Neuve de Breslau et chaussée de Parchwitz. »

 

1880

« Empire allemand. Réseau télégraphique souterrain. D’après la Gazette de Silésie dans son numéro du 26 juin 1880, la line télégraphique souterraine de Thorn à Dantzig aurait été achevée à la fin du mois de juin et les travaux de la ligne de Danzig à Koenigsberg auraient commencé aussitôt après. La Gazette de Cologne annonçait d’autre part, dans son numéro du 17 juillet 1880, que la ligne de Berlin à Breslau serait terminée à la fin du même mois ».

 

28/09/1881

Réseau télégraphique souterrain, tableau d’ensemble des lignes terminées. Une revue militaire française a publié l’article suivant repris d’un journal officiel allemand du 28 septembre 1881, sur une série de données numériques relatives au réseau télégraphique souterrain allemand.

Le réseau télégraphique souterrain met en communication 221 villes de l’Empire allemand ; son établissement a duré environ 58 mois et a coûté, en nombre rond, la somme de 38 millions de francs. Voici l’énumération des différentes lignes et de la durée des travaux de leur construction :

 

1° Berlin-Halle, du 14 mars au 24 juin 1876 ;

 

2° Leipzig-Halle-Cassel-Francfort-le-Main-Mayence, du 6 mars au 14 juillet 1877 ;

 

3° Berlin-Hambourg-Kiel, du 1er avril au 31 octobre 1877 ;

 

4° Berlin-Magdebourg, du 3 septembre au 29 octobre 1877 ;

 

5° Francfort-sur-le-Main, Strasbourg, du 1er avril au 5 août 1878 ;

 

6° Magdebourg-Hanovre-Cologne (y compris la ligne Cologne-Elberfeld-Barmen), du 1er avril au 23 septembre 1878 ;

 

7° Hambourg-Harbourg-Cuxhaven, du 16 septembre au 20 novembre 1878 ;

 

8° Cologne-Coblence-Trèves-Metz, du 1er avril au 26 juin 1879 ;

 

9° Hambourg-Brême-Oldenbourg-Emden (y compris les tronçons Bremen-Bremerhaven et Sande-Wilhelmshaven), du 1er avril au 25 juillet 1879 ;

 

10° Metz-Strasbourg, du 25 juin au 14 août 1879 ;

 

11° Coblence-Mayence, du 18 août au 27 septembre 1879 ;

 

12° Berlin-Dresde, du 11 septembre au 15 novembre 1879 ;

 

13° Berlin-Breslau, du 12 avril au 7 août 1880 ;

 

14° Thorn-Dantzig-Königsberg, du 1er mai au 7 août 1880 ;

 

15° Stettin-Dantzig, du 9 août au 7 novembre 1880 ;

 

16° Thorn-Münchenberg, du 9 août au 20 novembre 1880

 

17° Berlin-Stettin, du 25 avril au 8 juin 1881 ;

 

18° Cologne-Aix-la-Chapelle, du 9 mai au 26 juin 1881.

 

Les lignes désignées sous les numéros n°1, 2, 4, 6, 8, 10, 11, 14, 15 et 18 ont été établi par la maison Felten et Guillaume, de Cologne, et les autres par la maison Siemens et Halske, de Berlin.

 

La longueur totale de câble posé est de 5 463, 950 km ; elle comprend un développement de fil de 37 372,871 km répartis ainsi :

 

Berlin-Halle-Cassel-Francfort-sur-le-Main-Mayence (ligne à 7 fils) : 795,374 km de câble, 4 166,218 km de fils.

 

Halle-Leipzig (lignes à fils) : 35,460 km de câble, 141,840 km de fils.

 

Berlin-Hambourg (câble I, 7 fils) : 297,988 km de câble, 2 083,916 km de fils.

 

Berlin-Hambourg (câble II, 7 fils) : 297,939 km de câble, 2 085,573 km de fils.

 

Hambourg-Kiel (7 fils) : 100,292 km de câble, 701,834 km de fils.

 

Francfort-sur-le-Main-Strasbourg (7 fils) : 262,677 km de câble, 1 838,739 km de fils.

 

Berlin-Magdebourg-Hanovre-Cologne (7 fils) : 693,186 km de câble, 4 852, 302 km de fils.

 

Barmen-Cologne (4 fils) : 54,985 km de câble, 219,940 km de fils.

 

Hambourg-Cuxhaven (4 fils) : 130,764 de câble, 526,056 km de fils.

 

Hambourg-Brême-Oldenbourg-Emden (7 fils) : 284,575 km de câble, 1 992,025 km de fils.

 

Bremen-Bremerhaven (4 fils) : 59,198 km de câble, 236,592 km de fils.

 

Sande-Wilhelmshaven (4 fils) : 11,186 km de câble, 44,733 km de fils.

 

Cologne-Coblence-Trèves-Metz (7 fils) : 325,882 km de câble, 2 281,174 km de fils.

 

Coblence-Mayence (7 fils) : 91,783 km de câble, 642,481 km de fils.

 

Metz-Strasbourg (7 fils) : 185,615 km de câble, 1 209,298 m de fils.

 

Berlin-Dresde (7 fils) : 236,291 km de câble, 1 654,037 km de fils.

 

Thorn-Dantzig (7 fils) : 229,573 km de câble, 1 607,011 km de fils.

 

Dantzig-Königsberg (7 fils) : 189,344 km de câble, 1 325,408 km de fils.

 

Berlin-Thorn (7 fils) : 418,031 km de câble, 2 926,217 km de fils.

 

Berlin-Breslau (7 fils) : 369,346 km de câble, 2 585,422 km de fils.

 

Stettin-Dantzig (7 fils) : 368,341 km de câble, 2 578,387 km de fils.

 

Berlin-Stettin (7 fils) : 155,230 km de câble, 1 086,610 km de fils.

 

Cologne-Aix-la-Chapelle (7 fils) : 71,121 km de câble, 497,847 km de fils.

 

Totaux : 5 463,650 km de câble et 37 372,871 km de fils.

 

Le poids total de câble employé est de 12 829,408 kg répartis ainsi comme il suit : Fer : 10 169,932 kg ; Fils de cuivre : 823,001 kg ; Enveloppe gutta-percha : 1 836,475 kg ; Total : 12 829,408 kg.

On s’est servi, pour le passage des rivières, de 70 tronçons de câble, dont 62 à 7 fils et 1 à 14 fils ; la longueur totale de câble immergé est de 11,116 km, répartis de la manière suivante : 9 166 m à 7 fils ; 1 450 m à 4 fils ; 500 m à 14 fils.

 

Place de Berlin, un exemple de service télégraphique filaire militaire.

 

Ces informations ont été publiées en France par la Revue militaire de l’Etranger du 11 mars 1875. Cette revue du renseignement militaire a puisé ces informations dans les différentes publications civiles et militaires allemandes de l’époque.

 

Quelques institutions militaires de la place de Berlin

« Parmi les particularités qui caractérisent le cours journalier du service dans la garnison de Berlin, l’un des plus dignes d’attention est le nombre restreint des hommes distraits de l’instruction par le service de la place. Ceux de nos compatriotes qui ont parcouru, dans ces dernières années, les rues de la capitale du nouvel empire, ont dû être frappés, en particulier, de la rareté des sentinelles et de l’absence presque absolue de cavaliers portant des dépêches à cheval. Le service d’ordonnance et le service de garde semblent réduits à leur minimum.

Deux documents nous mettent à même de compléter, en les groupant, au profit de nos lecteurs, un certain nombre de renseignements épars, mais tous encore récents, sur les moyens employés par l’autorité militaire prussienne pour obtenir ce résultat ; il n’échappera à personne que la question présente d’autant plus d’intérêts qu’aujourd’hui les exigences croissantes de l’instruction militaire doivent se combiner avec la réduction du temps de présence sous les drapeaux. Ces deux documents sont : un article publié dans un des derniers numéros du Militair Wochenblatt, et un petit livre très utile à consulter pour les touristes militaires qui visitent Berlin, et qui est intitulé le Berlin militaire (Das militärische Berlin, Verlag von Elwin Stande, Berlin 1873).

La réduction du nombre des ordonnances à pied, la suppression à peu près complète des ordonnances à cheval sont obtenues à Berlin au moyen de l’établissement d’un bureau spécial des postes affecté à la garnison, et de bureaux militaires télégraphiques.

D’autre part, le petit nombre de sentinelles attribués aux différents établissements et aux autorités militaires permet de limiter considérablement le service de garde et d’aller jusqu’à laisser, assure-t-on, en moyenne quatorze nuits aux hommes. Ce fait sera partout remarqué, si l’on considère que la garde de Berlin est relativement faible.

Elle se compose du 2e régiment à pied de la garde, des 1er et 2e régiments de grenadiers de la garde, du régiment de fusiliers de la garde, du bataillon de Schützen de la garde, du 3e escadron du régiment des gardes du corps, du régiment de cuirassiers de la garde, des 1er et 2e régiments de dragons de la garde, du 2e régiment de ulans de la garde, de deux régiments d’artillerie de campagne, du bataillon de pionniers de la garde, du bataillon des chemins de fer, de 2 compagnies du bataillon de train de la garde, et du 3e bataillon du train.

C’est donc un total de treize bataillons d’infanterie, seize escadrons de cavalerie, dix-sept batteries d’artillerie, un bataillon des chemins de fer, un bataillon de pionniers et quatre compagnies du train, soit, en nombres ronds, 300 officiers, 8 500 hommes d’infanterie, 80 officiers et 2 400 hommes de cavalerie, 90 officiers et1 800 hommes d’artillerie, 19 officiers et 520 hommes du bataillon des chemins de fer, 18 officiers et 500 hommes du bataillon de pionniers de la garde, et 22 officiers et 540 hommes du train.

Les quelques développements que nous allons successivement présenter sur les différents points signalés ci-dessus, permettrons, croyons-nous, de se former une idée suffisamment exacte d’une organisation de service assez différente de la nôtre.

 

1° Le bureau de poste militaire

L’aperçu suivant de l’organisation de ce bureau est emprunté au Militair-Wochenblatt du 13 février dernier. …..

2° Le service spécial de télégraphie militaire.

D’après le Militärische Berlin, les communications télégraphiques militaires, à Berlin, sont assurées au moyen de deux fils souterrains formant un circuit complet, et dont les quatre extrémités viennent aboutir à la station télégraphique du poste royal.

Cette disposition assure la communication des diverses stations télégraphiques des casernes entre elles et avec le poste royal et la station télégraphique du palais de l’Empereur.

La télégraphie s’emploie dans les rapports ordinaires des troupes avec la place et dans toutes les circonstances extraordinaires. Il assure la communication des troupes entre elles. Tous les officiers et les employées de la justice militaire peuvent en disposer pour le service.

Afin d’entretenir constamment un personnel apte à manier les appareils télégraphiques, on a détaché successivement, dès la création des télégraphes militaires, 39 sous-officiers à la station centrale des télégraphes de l’Etat, pour y recevoir l’instruction nécessaire. Cette mesure, continuée encore aujourd’hui, permet de remplir les vacances qui se produisent dans le personnel. Tous les militaires employés dans le service des télégraphes prêtent un serment professionnel, garantie du secret des dépêches.

Les officiers autorisés à expédier des dépêches, et les officiers et les soldats porteurs de dépêches à expédier sont seuls autorisés à pénétrer dans les bureaux télégraphiques. Le directeur des télégraphes ou l’officier du génie qui est à la tête du service leur délivre à cet effet une autorisation.

Il existe un service permanent à la station télégraphique du poste royal : le sous-officier qui en est chargé est relevé tous les jours avec la garde. Les stations télégraphiques des casernes sont ouvertes de huit heures du matin à six heures du soir. Le service du sous-officier chargé de la transmission des dépêches, compte d’un midi à l’autre, et, pour que cette transmission ne soit pas interrompue en dehors des heures comprises entre huit heures du matin à six heures du soir, un appareil spécial est disposé de telle façon qu’il avertit le sous-officier de garde chaque fois qu’une dépêche à transmettre arrive à la station.

Chaque station est pourvue de deux appareils, afin de pouvoir envoyer des dépêches dans deux directions différentes, ou en recevoir de deux côtés à la fois. Ces appareils sont, en outre, disposés de façon que, lorsqu’une station de gauche veut entrer en communication avec une station de droite ou réciproquement, la station intermédiaire puisse prendre connaissance de la dépêche transmise, ou bien mettre ces deux stations extérieures en communication directe.

Il existe dans chaque station un registre, dit Apparat-Journal, sur lequel on inscrit les dépêches reçues et un registre dit (Controllbuch) dont les inscriptions servent à contrôler l’exactitude et la promptitude des explications. Les dépêches reçues sont portées à destination par des ordonnances. Ils sont munis d’un carnet sur lequel on inscrit les reçus.

La direction supérieure de la partie technique du service est confiée au directeur des télégraphes. Un officier du génie est chargé de la surveillance de l’exécution du service. Cet officier se met en rapport avec l’administration de la garnison pour ce qui concerne la conservation des appareils et le mobilier des bureaux. Tous les bureaux télégraphiques militaires sont sous les ordres du commandant de place.

En outre des bureaux dont il vient d’être question, il existe encore des stations télégraphiques au ministère de la guerre et dans le bâtiment affecté à l’état-major. Ces stations dépendent de l’administration des télégraphes de l’Etat et elles sont en communication avec la station centrale de Berlin.

Voici un premier exemple de l’organisation de la télégraphie militaire à Berlin en 1875.

 

On lit dans la Gazette militaire de Darmstadt du 24 novembre 1879 : « On vient d’élever à Berlin un nouvel édifice, que l’on appelle le bâtiment de la télégraphie militaire. On y a tout dernièrement transporté, après la prise de possession du bâtiment, la station de télégraphie militaire qui était établie au comité du génie. Le secrétariat a été installé en même temps dans ce bâtiment, et on y a aménagé des locaux pour mettre en dépôt le matériel d’exploitation. Le service de la télégraphie militaire, qui s’étend jusqu’aux ouvrages extérieurs des ports de guerre de Kiel et de Wilhelmshafen et des places fortes de Metz, Strasbourg, Posen, Koenigsberg, etc., est placé sous la direction générale de l’inspecteur des télégraphes militaires, le colonel Fahland, de l’état-major du génie ; le major du génie Becker est à la tête du service de télégraphie militaire particulier à la ville de Berlin ; le réseau de ce service permet de réunir à la station centrale des télégraphes, établie dans le corps de garde royal, toutes les casernes, le palais royal, la préfecture de police, le ministère de la guerre et le bâtiment du grand état-major.

Les pigeonniers militaires de Metz, Cologne et Strasbourg sont sous les ordres de l’inspecteur des télégraphes militaires ».

 

La télégraphie militaire de la place forte de Metz.

 

La Revue militaire de l’étranger de 1876 nous apporte quelques informations sur ce service tirés du journal local « Metzer-Zeitung » du 17 juin 1876 : « Nous apprenons que les employés des lignes télégraphiques à placer sous les ordres de l’autorité militaire en cas de mobilisation, sont déjà tous désignés. Les administrations des postes et des télégraphes ont été réunis le 1er janvier 1876, sous une direction unique, confiée à M. Stephan, qui porte le titre de directeur général des postes et télégraphes, par le directeur général des postes. Il en est de même des diverses divisions télégraphiques qui doivent être réparties entre les corps d’armée, et de leurs chefs respectifs. Le choix des employés a été principalement déterminé par leur état de santé ; ceux d’entre eux qui ont obtenu de fréquents congés pour maladie, n’ont pas été compris dans les désignations faites. »

 
 

Article paru en janvier 1882. « Exercice de télégraphie à Metz. On sait qu’en Allemagne un certain nombre d’hommes des corps de troupe sont exercés au service de télégraphie, en particulier pendant les manœuvres. Ces exercices sont également suivis aux autres époques de l’année, et le résultat de cette instruction, qui est dirigée par un ingénieur, est constaté officiellement par un examen. Voici, en effet, ce que rapporte à ce sujet la Metzer Zeitung dans son numéro du 14 janvier 1882 : « Hier a eu lieu à l’ancienne chapelle des Templiers, à la citadelle, l’examen des hommes de troupe exercés cette année au service de télégraphie de forteresse ; le gouverneur y assistait ainsi qu’un certain nombre d’officiers d’un grade élevé faisant partie de la garnison. On avait à cette occasion, relié la chapelle au moyen d’un câble avec le bureau télégraphique central. Les élèves durent, pendant la séance, envoyer et recevoir un certain nombre de télégrammes, soit à l’aide de l’appareil Morse, soit à l’aide du petit appareil de campagne, soit enfin en se servant du téléphone. Ces différentes épreuves ont été exécutées militairement et sans hésitation ; elles ont donné d’assez bons résultats. Après avoir satisfait à l’examen qui termine cette instruction, les élèves sont répartis, selon les besoins du service, entre les stations télégraphiques du gouvernement et les stations télégraphiques des forts ».

 

Le service de télégraphie militaire filaire de la place forte de Strasbourg

 

Les autorités militaires allemandes installent les premières lignes de télégraphie filaire généralement enterrée lors de la construction de la ceinture extérieure des forts détachés. Ces relient les forts détachés et le commandement et les services de la place forte entre eux. Compte tenu qu’au début du siège de Strasbourg en juillet 1870, le réseau de télégraphie aérien a été immédiatement coupé par la cavalerie allemande. Il s’avère donc nécessaire de privilégier autant que possible l’installation de lignes de télégraphie de forteresse utilisant des câbles souterrains.

 

Ainsi en janvier 1874, le 2e Bureau de l’Etat-major général français édite une fiche de renseignement militaire, qui stipule pour Strasbourg : « Le télégraphe souterrain qui doit relier les forts entre eux et ensuite ces derniers à la ville de Strasbourg sera probablement établi d’ici trois mois, on y travaille sans relâche ».

 

Réseau filaire de télégraphie militaire de Strasbourg en 1899

 

Voici la description et le fonctionnement du réseau de télégraphie militaire de la place forte de Strasbourg, conformément au règlement général de télégraphie militaire de Strasbourg de l’année 1899. Le réseau décrit dans ce règlement va encore évoluer jusqu’en 1918.

 

Autorités supérieures, administrations

 

Gouvernement de la place forte

 

L’ensemble du domaine du télégraphe de forteresse est placé sous le commandement supérieur du gouverneur militaire. Le Gouvernement règle et ordonne la mise à disposition de sous-officiers et d’hommes de troupe pour les stages de formation et la mise en place du personnel chargé des stations en service du télégraphe de forteresse.

 

Service des fortifications « Fortifikation »

 

La surveillance, la direction et l’administration du télégraphe de forteresse est à la charge de l’officier ingénieur de la place forte « Ingenieur-Offizier vom Platz ». Le service des fortifications assure le service relatif à la construction et à la maintenance du télégraphe de forteresse. L’officier ingénieur de la place a les mêmes prérogatives en matière de punition et de commandement des sous-officiers et des hommes du rang qu’un commandant de bataillon indépendant.

 

Poste de construction du télégraphe de forteresse.

 

Dans le détail la direction du télégraphe de forteresse est prise en compte par le poste de construction du télégraphe de forteresse. Ce dernier comprend :

Comme directeur du télégraphe de forteresse « Vorstand des Festungs-Telegraphen » un officier ingénieur du service des fortifications « Ingenieur-Offizier der Fortifikation » dénommé « Oberpostenoffizier ». Ce dernier règle l’ensemble du fonctionnement du service. Il surveille l’entretien et la gestion des matériels et installations, ainsi que l’instruction des télégraphistes de forteresse, la direction du tableau des effectifs « Kommandirrolle » et du registre de tous les télégraphistes de forteresses formés de la garnison.

Le directeur « Vortsand » du télégraphe de forteresse a les compétences d’un commandant de compagnie sur le plan disciplinaire envers tous les sous-officiers et militaires du rang détaché dans ce service.

2. Un fonctionnaire dénommé « Festungs-Bauwart » du service des fortifications en tant qu’officier du poste de construction.

3. Un ou deux gardes du génie « Wallmeister » formés dans le service du télégraphe ou en cas de pénurie un sous-officier ancien du nombre des télégraphistes de forteresse en tant que représentant du garde du génie de télégraphie « Telegraphen-Wallmeister ».

Pour assurer le service sur les stations de télégraphies « Telegraphen-Stationen » des télégraphistes de forteresses sont désignés par un ordre du gouvernement de la place forte « Gouvernementbefehl » pour être détaché auprès du service des fortifications et relevés tous les mois.

Tous les télégraphistes de forteresse qui sont détachés passent sous l’autorité de l’officier-ingénieur de la place « Ingenieur-Offizier vom Platz », du directeur du télégraphe de forteresse et de tous ces personnels.

 

But et couverture du télégraphe de forteresse

 

a) En temps de paix le télégraphe de forteresse transmet en première ligne les messages et ordres pour le service de la garnison.

b) Lors de la mise en état de défense et pendant une éventuelle défense de la place, le télégraphe de forteresse sert à transmettre les ordres, compte rendu et demandes.

c) Le télégraphe de forteresse comporte déjà en tant de paix les lignes et stations suivantes, avec entre parenthèses le nom de code Morse de la station :

 

Ligne 1 par la porte de la Robertsau « Ruprechtsauer Thor » (R) vers le Fort Fransecky (F),

 

Ligne 2 par le cavalier 13 « Kaserne 13 » (cavalier 13 à l’est de la porte de Pierre « Steinthor ») vers le Fort Moltke (M),

 

Ligne 3, par la porte de Pierre « Steinthor » vers le Fort Roon (Ro),

 

Ligne 4, par la porte de Cronenbourg « Kronenburgerthor » vers le Fort Podbielski (P)

 

Ligne 5, par la porte de Pierre « Steinthor » vers le Fort Veste Kronprinz (K),

 

Ligne 6, par la porte de Pierre « Steinthor » vers le Fort Grossherzog von Baden (G),

 

Ligne 7, par la porte de Cronenbourg « Kronenburgerthor » vers l’ouvrage intermédiaire Baden-Bismarck (BB),

 

Ligne 8, par la porte Blanche « Weissthurmthor » vers le Fort Fürst Bismarck (B)

 

Ligne 9, par le cavalier 16 « Kaserne 16 » (au nord de la porte Weissthurmthor) vers le Fort Kronprinz von Sachsen (Sa),

 

Ligne 10, par la porte de Cronenbourg « Kronenburgerthor » vers l’ouvrage intermédiaire Sachsen-Tann (SaT),

 

Ligne 11, par la porte Blanche « Weissthurmthor » vers le Fort Tann (T),

 

Ligne 12, par la porte Blanche « Weissthurmthor » vers le Fort Werder (W),

 

Ligne 13, par la station de pompage « Pumpstation » vers le Fort Schwarzhoff (S),

 

Ligne 14, par la caserne « Esplanadenbaracke » vers la station de Kehl (Kl) ;

 

De cette dernière station trois lignes sont dérivées vers :

 

Ligne 14a, vers le Fort Kirchbach (Ki),

 

Ligne 14b, vers le Fort Bose (Bo),

 

Ligne 14c, vers le Fort Blumenthal (Bl).

 

Ligne 15, jusqu’à la caserne « Esplanadenbaracke » (Eb),

 

Ligne 16, jusqu’au secrétariat du service des fortifications « Fortifikation-Geschäftzimmer » (Fr),

 

Ligne 17, jusqu’au secrétariat du dépôt d’artillerie « Geschäftzimmer des Artilleriedepots » (Ar),

 

Ligne 18, jusqu’au au service impérial du télégraphe « Reichstelegraphenamt » (Str),

 

Ligne 19, jusqu’à l’administration de garnison « Garnison-Verwaltung » (Ga) ;

 

Ligne 20, jusqu’au dépôt du génie « Festungs-Schirrhof » (Fs).

 

Toutes les lignes citées précédemment partent de la station « Gouvernement » et hormis les lignes 19 et 20, ainsi que le tronçon qui passe sur le Rhin à Kehl (Ligne 19, Go-Kl) passent par un câble souterrain.

 

En dehors de ces lignes radiales « Radialleitungen » il existe les lignes circulaires suivantes « Ringleitungen », qui comportent également des câbles souterrains :

 

Ligne 1a, du Fort Fransecky à l’ouvrage intermédiaire « Zwischenwerk Neu-Empert » (NE),

 

Ligne 2a, du Fort Moltke au Fort Roon (Ro),

 

Ligne 2b, du Fort Moltke à l’ouvrage intermédiaire « Zwischenwerk Fransecky-Moltke » (FM),

 

Ligne 3a, du Fort Roon au Fort Podbielski,

 

Ligne 4a, du Fort Podbielski au Fort Veste Kronprinz,

 

Ligne 5a, du Fort Veste Kronprinz au Fort Grossherzog von Baden,

 

Ligne 6a, du Fort Grossherzog von Baden à l’ouvrage intermédiaire Baden-Bismarck,

 

Ligne 7a, de l’ouvrage intermédiaire Baden-Bismarck au fort Fürst Bismarck,

 

Ligne 8a, du fort Fürst Bismarck au Fort Kronprinz von Sachsen,

Carte du réseau télégraphique de la place forte de Strasbourg en 1899. Collection MJR.

 

Ligne 8b, du Fort Bismarck à la Feste Kaiser Wilhelm II (Ostfort (Kw) et Westfort (Bt),

 

Ligne 9a, du Fort Kronprinz von Sachsen à l’ouvrage intermédiaire Sachsen-Tann,

 

Ligne 10a, de l’ouvrage intermédiaire Sachsen-Tann au fort Tann,

 

Ligne 11a, du Fort Tann au Fort Werder,

 

Ligne 12a, du Fort Werder à l’ouvrage Werder-Schwarzhoff (WS),

 

Ligne 13a, de l’ouvrage intermédiaire Werder-Schwarzhoff au Fort Schwarzhoff.

 

Utilisation du télégraphe de forteresse

 

1. Les personnes habilités à utiliser le télégraphe de forteresse en temps de paix sont les suivantes :

a) Les officiers et les fonctionnaires ayant un rang d’officier,

b) les états-majors et les unités militaires jusqu’au niveau compagnie ou assimilé,

c) les autorités et administrations militaires y compris les inspecteurs de caserne et les inspecteurs d’hôpitaux militaires et les personnels du service du casernement « Kasernenwärter »,

d) Les chefs des détachements de garde des forts « Führer der Fort-Wachtkommandos », les personnels de garde, les patrouilles et les chefs de convoi de transport « Transportführer »,

e) dans le cadre du service des fortifications, tous les sous-officiers et fonctionnaires du service des fortifications « Fortifikation » et du dépôt d’artillerie, les sous-officiers du service de santé des forts dans le cadre du service de soin aux malades,

f) les adjudants « Feldwebel, Wachtmeister » ainsi que les militaires du même rang.

 

2. Pour l’acheminement des télégrammes à caractères privés en temps de paix, les directives sont les suivantes :

Les télégrammes privés, munis de la signature ou adressés à un officier ou d’un fonctionnaire ayant rang d’officier, sont accepté à la transmission.

Les télégrammes privés vers ou en provenance de Kehl ne sont autorisés à la diffusion, que s’ils sont envoyés ou destinés à des officiers ou à des fonctionnaires ayant rang d’officier.

Les sous-officiers qui veulent transmettre un télégramme privé, si celui-ci n’est pas adressé à un officier ou à un fonctionnaire ayant rang d’officier, si ce télégramme doit passer par la ligne Gouvernement-Kehl, doivent se chercher la signature d’un officier.

Les garde du génie, les gardes d’artillerie et les artificiers mariés en service, peuvent utiliser le télégraphe de forteresse lorsque les télégrammes sont adressés à leur famille, dans la mesure ou son contenu contient des problèmes domestiques.

 

3. Horaire de service des stations de télégraphie en temps de paix :

a) en semaine :

7h (hiver 8h) jusqu’à 12e, matin,

2h jusqu’à 7h (station Kehl 2h à 4h, 6h à 7h après-midi) ;

 

b) les dimanches et jours fériés :

7h (hiver 8h) à 12h du matin,

1h à 2h après-midi.

 

La durée du service dans les stations « Fortification » et « Artilleriedepot » est réglée en fonction des heures de bureau de ces services.

Sur toutes les stations (hormis les stations « Fortification » et « Artilleriedepot ») les télégrammes sont également acheminés en dehors des heures de service pour les cas urgents. Ces derniers portent la mention « urgent et à transmettre en dehors des heures de service » inscrite par l’émetteur.

Mais cette exception ne concerne pas les télégrammes privés.

Avec le début de la mise en état de défense, le droit d’usage du télégraphe de forteresse dans le cadre du service par les troupes et services nommés en 1b et c, et ultérieurement pour les officiers et fonctionnaires du service des fortifications et du dépôt d’artillerie est restreint, et ce n’est qu’en cas d’urgence que dans le cadre du service les officiers ou chef de poste de garde peuvent utiliser le télégraphe de forteresse.

 

Directives générales pour toutes les stations

 

A) Comportement des télégraphistes sur les stations.

Le changement des personnels des stations de télégraphie s’opère habituellement tous les 1ers du mois. Le télégraphiste qui est relevé, donne en compte au télégraphiste prenant le service, qui fait l’inventaire des appareils, matériels et objets un à un, et des télégrammes, rouleau d’appareil Morse « Morserollen », formulaires etc., ainsi que l’inventaire de l’administration de garnison.

Le montant en vérifie la quantité et l’état de ces matériels.

Les systèmes d’alarme et les armoires à batteries installées dans la pièce du télégraphe doivent également être pris en compte. Les armoires ne doivent pas être utilisées pour stocker d’autres matériels, broc à eau, etc. pour préserver les matériels qui y sont stockés.

Toutes les remarques doivent immédiatement faire l’objet d’un compte rendu au Gouvernement. Tous les comptes rendus des stations, si rien d’autre n’est demandé, ou si leur contenu ne semble pas approprié, doivent être transmis par moyen télégraphique.

Après la relève la responsabilité concernant l’inventaire des matériels et de l’état de propreté et de rangement de ces derniers passe au nouveau télégraphiste. Les deux télégraphistes (là où les stations sont occupées par plusieurs télégraphistes, il s’agit des deux plus anciens de chaque groupe) attestent la transmission des matériels : date…. Donné en compte par nom prénom et pris en compte par nom et prénom, ainsi que les remarques éventuelles de chaque partie, avec signature, sur l’inventaire et sur tous les autres registres. Après cette relève un compte rendu de relève et de présence des tous les matériels est envoyé.

Le télégraphiste de service est responsable du bon fonctionnement de sa station.

En cas d’orage proche ou violent, les appareils et les lignes ne doivent pas être touchées.

Le télégraphiste doit veiller à la propreté du local de télégraphie et de ces appareils et matériels.

Tous les matériels de bureau, les télégrammes, les rouleaux « Morse » et les registres, hormis pour la station « Gouvernement », où règne des prescriptions particulières, dont les lieux de rangement sont précisément prescrits, sont rangés dans le bureau, les outils manuels dans la caisse de l’appareil, la peinture de l’appareil et l’huile sur une étagère de l’armoire à piles.

 

Le matériel du réseau de fils de télégraphie souterrain

 

Appareil de télégraphie de campagne

 

L’appareil de télégraphie de campagne est dénommé « Feld-Telegraphen Apparat ».

Appareil de télégraphie filaire de la place forte de Strasbourg d’après le règlement de 1899. Collection MJR.

 

Manipulateur « Taste »

 

Description :

a) Manipulateur ou corps.

b) Pointe de contact.

c) Pointe de contact du télégraphe.

d) Réglette.

e) Réglette centrale.

f) Réglette de travail

g) Vis du manipulateur.

 

Levier d’écriture

 

Galvanoscope « Galvanoscop »

 

Description :

ki) Vis pour la ligne entrante.

k) Vis pour le câble de l’appareil.

ni) Début des connexions du galvanoscope.

ne) Fin des connexions du galvanoscope.

m) Aiguille magnétique.

n) Pointe de l’aiguille magnétique.

 

Alarme « Wecker »

 

 

Pile « Universal Thor-Element »

 

Description :

a) récipient en verre.

b) électrode en zinc.

c) électrode en charbon.

d) couvercle en bois.

 

Pile Meiniger « Meiniger Element »

 

Description :

a) Verre.

b) Anneau en zingue.

c) Les bras de cet anneau.

d) Câble avec connexion.

e) Plaque de plomb avec bain de plomb.

f) Connexion de câble.

 

Commutateur type n°3, coupe circuit « Ausschalter »

 

 

Commutateur type n°5, commutateur à manivelle « Kurbelumschalter »

 

Commutateur type n°6, commutateur d’appareil « Apparat Umschalter »

 

 

 

Commutateur type n°7

 

 

Relais

 

 

Paratonnerre à plaques « Platten Blitzableiter »

 

 

Répartition des matériels au sein de la place forte

 

L’affectation des matériels de télégraphie est répartie en fonction du type de station. D’après le règlement de 1899, il existe trois types de station avec les matériels suivants :

 

Station intermédiaire « Zwischenstation »

 

Câblage d’une station intermédiaire.

Câblage d’une station intermédiaire comportant 2 appareils et câbles d’alimentation.

 

Les stations intermédiaires de Strasbourg, en 1899, sont les suivantes :

F = Fort Fransecky

S = Fort Schwarzhoff

W-S = Zwischenwerk Werder-Schwarzhoff

WT = Weissthurmthor.

R = Ruprechtsauertor.

Kw = Feste Kaiser Wilhelm II, Ostfort à Mutzig. Cette station est munie de 2 appareils et 2 câbles d’alimentation.

 

Station terminale « Endstation »

 

Un appareil télégraphique de campagne « Feld-Telegraphen-Apparat » ;

Une batterie de type « Universal-Thor-Element » ou « Weidinger-Element » ;

D’un commutateur n°5 « Umschalter Nr. 5 » ;

Une sonnette d’alarme « Wecker » ;

Câblage d’une station terminale.

 

Fonctionnement des stations de télégraphie en 1899

 

En temps de paix, le réseau permet la transmission des messages, des ordres et même de messages à caractères privés (uniquement avec l’accord de l’officier responsable). Chaque pièce de télégraphie « Telegraphenzimmer » est occupée par un télégraphiste et une ordonnance chargée de porter les messages. Toutefois dans les forts, deux personnels supplémentaires instruits au service de télégraphie détachés de la garde du fort peuvent également être affectés à ce service.

Les horaires de service en temps de paix sont les suivants : en semaine de 7h00 (8h00 en hiver) à 12h00 et de 14h00 à 19h00 ; le dimanche et jours fériés de 7h00 (8h00 en hiver) à 12h00 et de 13h00 à 14h00. Le service commence tous les matins à 7h00 ou 8h00 par l’émission par la station centrale d’une série de signaux longs et courts, qui permet aux autres de stations de régler leur montre.

Chaque poste dispose d’une alarme qui permet d’alerter l’opérateur de l’arrivée d’un message à caractère urgent en dehors des horaires de service. En cas d’orage le service est interrompu.

En temps de guerre, dès la mise en état de défense de la place, seuls les télégrammes concernant le service seront diffusés.

Le personnel occupant ses stations télégraphiques est relevé tous les 1ers du mois. Lors de cette relève il transmet tous les matériels et documents à son successeur.

 

Eclairage et chauffage des stations de télégraphie

 

L’administration militaire allemande a fixé la quantité de charbon et de pétrole pour chaque station, en fonction des horaires de service et de la saison. Par exemple, au mois de janvier, la station Fransecky, installée dans une chambre pouvant être occupée par 8 à 12 hommes, a une dotation journalière de 1 ¼ de portions de matériaux de chauffage. Une portion journalière comprend 2,702 kg de charbon, 1,828 morceaux de bois tendre, 1 cm3 de bois tendre est composé de 36 paquets de bois tendre, et chaque paquet de bois tendre à 40 baguettes d’allumage. Pour l’éclairage, la station du fort à une dotation de 510 grammes de pétrole pour le mois de janvier et 60 grammes uniquement pour les mois de juin, juillet et août.

 

Inspections des stations télégraphiques

 

Les installations télégraphiques sont régulièrement soumises aux visites de l’inspecteur de la télégraphie. La presse locale nous livre quelques informations à ce sujet : « Alsace-Lorraine. Strasbourg, le 15 août 1877. L’inspecteur de la télégraphie militaire venant de Berlin, le colonel “Oberst” Fahland est ici pour inspecter les installations de télégraphies militaires de la place forte. La visite concerne les stations télégraphiques des forts, ainsi que celle du gouvernement, et à cette occasion on a examiné l’utilité des câbles souterrains. La colombophilie militaire est également du domaine de cet inspecteur de la télégraphie militaire, et il a donc également visité la station locale de pigeons voyageurs, pour laquelle on vient de construire récemment un nouveau bâtiment sur un terrain dégagé près de la citadelle. L’inspecteur partira d’ici pour inspecter Ulm en passant par Rastatt. (Kölner Zeitung). »

 

Service de télégraphie des avant-postes

 

La défense de la place forte de Strasbourg ne se limite pas seulement à la ligne principale de défense sur la ceinture des forts détachés ou les positions avancées construites la plupart lors de la mise en état de défense. En effet les autorités militaires prévoient de combattre l’assaillant de la frontière jusqu’à la ligne principale de défense de la place forte. Ainsi le plan de mise en état de défense de mai 1914 prévoit de fortifier les agglomérations situées juste devant la ceinture de forts détachés, à l’aide de barricades et de points d’appui, et surtout d’y installer des postes d’observation, notamment dans les clochers des églises. Toutefois les renseignements fournis par ses observateurs doivent être transmis au poste de commandement de chaque secteur fortifié. Cette transmission sera effectuée par des lignes de télégraphies d’avant-poste ou des lignes de téléphonie après 1900, installés lors de la mise en état de défense. Voici quelques informations sur ce sujet.

 

1884. On sait que, dans les grandes places, les forts détachés sont reliés avec la commandanture et les bâtiments militaires importants (casernes, arsenal, poste principal, etc.), à l’aide d’une communication télégraphique souterraine qui s’étend aux postes de police et de pompiers. Mais, indépendamment de ces dispositions, les Allemands ont songé à organiser un service télégraphique spécial aux avant-postes, et susceptible d’être employé aussi bien en rase campagne que dans la guerre de siège ou de position. Nous en résumons la d’après von Fischer-Treuenfeld.

 

Le télégraphe d’avant-poste comprend deux appareils imprimeurs du système Morse, mis directement en communication, l’un avec une pile et l’autre avec un sac de soldat renfermant 500 mètres de câble. Ce câble, enroulé autour d’un tambour métallique qu’il est facile de remplacer, se compose d’une âme isolée par une enveloppe de soie et une couche de gutta-percha. Autour de ce noyau central s’enroulent des fils de cuivre très fins, qui assurent le retour du courant et dispensent, par suite, d’établir la communication avec la terre. Ces fils sont eux-mêmes enveloppés de chanvre et le tout est imbibé d’une composition isolante qui empêche le chanvre de se décomposer. Le diamètre total du câble est de 3 millimètres, son poids de 6,2 kg (pour une longueur de 500 m), et il ne se rompt que sous un effort de traction équivalent à 37 kg.

 

La pile est renfermée dans une boite facile à porter et reste à la station initiale avec l’un des appareils Morse ; le second appareil est transporté en avant avec le sac porte-câble. La pile se compose de 10 éléments du système Daniel, modifié par Siemens et Halske. Elle est organisée de telle sorte que les liquides des éléments ne puissent être répandus à la suite des mouvements inévitables pendant le transport ; le poids total de la pile et de son enveloppe est d’environ 11 kg.

 

Les deux appareils récepteurs sont identiques et pèsent chacun 4,250 kg. La dépêche, en arrivant, met automatiquement l’appareil en mouvement et annonce par le son d’un timbre que l’on peut adapter ou enlever à volonté. Afin de se rendre compte du passage du courant dans le cas où, par mesure de précaution, on aurait retiré le timbre, on a ménagé dans la boîte en bois renfermant l’appareil, une petite fenêtre fermée par une glace, qui permet d’observer, les mouvements de l’aiguille du galvanoscope. L’appareil est monté à courant continu, ainsi que cela est absolument nécessaire pour tous les systèmes de télégraphie militaire. Une interruption quelconque dans le circuit se manifeste immédiatement par l’appel du timbre et le recul de l’aiguille du galvanoscope au zéro de la graduation. On peut ainsi, sans perte de temps, rechercher immédiatement la cause de l’interruption et la faire disparaître s’il est possible.

 

Un sous-officier et deux hommes suffisent pour assurer le service avec ce système. L’un des hommes reste à la station initiale avec l’un des appareils Morse et avec la pile, l’autre est muni du second appareil et du sac porte-câble. Il déroule le câble en marchant et porte un second tambour avec 500 m de câble, que l’on peut ajouter à la suite du câble primitivement déroulé. Les extrémités qui doivent être mises en contact comportent une disposition spéciale permettant d’effectuer facilement et sûrement cette jonction.

 

Le sous-officier accompagne l’homme marchant en avant et porte le deuxième appareil Morse, qui est relié au sac porte-câble et se trouve par suite compris dans le circuit parcouru par le courant.

 

L’organisation de ce matériel permet de dérouler en 10 minutes une longueur de câble de 1 km, dont le relèvement exige de 15 à 20 minutes.

 

L’armée prussienne disposait en 1879, d’un matériel télégraphique permettant de faire fonctionner 60 doubles stations.

 

Un perfectionnement introduit dans le télégraphe d’avant-postes consiste à joindre aux appareils Morse des téléphones Siemens. On peut correspondre à volonté, soit avec les appareils ordinaires, soit avec le téléphone. De nombreuses expériences ont été faites avec ce nouvel instrument, et, bien qu’un certain nombre aient donnés des résultats satisfaisants on paraît aujourd’hui avoir beaucoup perdu de l’ardeur avec laquelle on s’était efforcé d’appliquer tout d’abord le téléphone au service de la télégraphie d’avant-postes. On semble plutôt se préoccuper de l’introduction d’un système de signaux optiques, et l’on a prescrit des expériences à ce sujet. On a cherché à simplifier autant que possible le matériel à employer pour ce système de correspondances, qui, du reste, ne doit être employé qu’à petites distances, 1 kilomètre au plus.

 

D’une des méthodes expérimentées récemment consiste à exécuter avec deux tiges, terminées par des panneaux de forme différentes, une série de signaux dont la combinaison exprime des lettres et par suite des mots. Pendant la nuit, les deux tiges sont remplacées par deux lanternes de couleurs différentes, dont la position relative se trouve définie par une troisième lanterne immobile et fixée au corps de l’homme. Les résultats obtenus paraissent avoir été satisfaisant, mais aucun système ne semble encore avoir été définitivement adopté.

 

Sources

 

S0353

Revue militaire de l’étranger 1876, tome 9 & 10.

 

S0354

Revue militaire de l’étranger 1879.

 

S0357

Revue militaire de l’étranger, 1877.

 

S0359

Revue Militaire de l’Etranger, 1880.

 

S0372

Revue Militaire de l’Etranger, 1881.

 

S0375

Revue Militaire de l’Etranger, 1882.

 

S0386

Revue militaire de l’Etranger, 1884.

 

S0470

Revue militaire de l’étranger, 1875.

 

S0634

Dienst-Anweisung für die Verwaltung des Festungs-Telegraphen von Straßburg i. E., 26/08/1899.

 

S1267

Service historique de la Défense : article 8.

 

S1000

Informations, documents et illustrations provenant de divers sites Internet.

 

S3550

Site Internet Wikipedia. Documents, illustrations et textes divers provenant de ce site.

 

S3551

Site Internet Wikimapia Strasbourg. Documents, illustrations et textes divers provenant de ce site.

 

S3552

Site Géoportail, Institut National de Géographie (I.G.N.). Cartes, photographies aériennes et documents divers téléchargé sur ce site.

 

Archives & Bibliothèques

 

AVES = Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg.

AD-67 = Archives départementales du Bas-Rhin ; Strasbourg.

BCGS = Bibliothèque du cercle de garnison de Strasbourg (fermée, ouvrages seront transférés).

BNF = Bibliothèque Nationale de France

BNUS = Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg

BMS = Bibliothèques Municipales de Strasbourg.

BA = Bundesarchiv (archives fédérales allemandes)

BA-MA = Bundesarchiv Abteilung Militärarchiv, Freiburg

GSTaPK = Geheimes Staatsarchive Preussischer Kulturbesitz, Berlin.

GLAKa = Generallandessarchiv Karlsruhe

BA-St = Bundesarchiv, Stuttgart.

SHD = Service Historique de la Défense, Vincennes.

 

Archives personnelles, collections, dessins, photographies, relevés sur le terrain, de sources privées

 

BA = Brauch André

MJR = Richard

 

Sites Internet

 

BNF – Gallica : accès aux ouvrages en ligne de la Bibliothèque Nationale de France et autres sites associés :

https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/content/accueil-fr?mode=desktop

 

Bundesarchiv (archives fédérales allemandes)

https://www.bundesarchiv.de/DE/Navigation/Home/home.html

 

Site très complet recensant les fortifications françaises 1874-1918 environ :

https://www.fortiffsere.fr/

 

Arme du Génie et fortifications diverses

https://franchissement.forumgratuit.org/

 

AVES Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg

https://archives.strasbourg.eu/