Chroniques 1885
Dernière mise à jour : 01 / 08 / 2022
Fortifications, ouvrages en cours de construction ou de modernisation
Allemagne
(Sous le terme générique Allemagne, il s’agit de tous les 24 Etats allemands de l’empire).
Cette rubrique concerne les fortifications allemandes en cours de construction ou de modernisation, en tenant compte des frontières de l’année en cours.
Allemagne Front Nord & fortifications côtières.
Place forte de Swinemünde
Ouvrage en cours de construction ou de modernisation :
Westbatterie (18 ?-1861). 1878-1887 : Réaménagement de la Westbatterie. 1905 : Renforcement du rempart de la Westbatterie. 1908-1910 : À la suite du progrès de l’artillerie une partie des pièces d’artillerie a été transférée. Construction d’une batterie sur les rives Est et Ouest.
Allemagne Front Est
Place forte de Spandau
Ouvrage en cours de construction :
Fort II Fort Hahneberg (1 juillet 1882 – mai 1888). Fort détaché de ceinture de type Biehler, version modernisée à remparts bas pour l’infanterie, au tracé pentagonal de lunette aplatie, de taille moyenne à fossé sec, conçu pour un effectif de 356 hommes. Il comprend : 3 traverses-abris et 4 plates-formes double d’artillerie par face, 4 traverses et 4 plate-formes d’artillerie par flanc, une caserne de gorge brisée vers l’intérieur à deux niveaux, comprenant de gauche à droite 6 + 2 + 2 + 6 casemates et des latrines à l’extrémité de chaque aile ; flanquement des fossés par les remparts, par la caponnière double de saillant, les deux caponières d’épaule et la caponnière de gorgede la caserne de gorge ; entrée couverte par un tambour comprenant une place d’armes de gorge, un blockhaus de garde ; système de contres mines. Construction par la Société Heydt Schöttle et Schuster de Strasbourg. Compte tenu de sa construction tradive ce fort n’a été que très peu renforcé avec du béton après 1887, installation de grilles défensives et installations de batteries annexes : trois batteries annexes, deux sur l’angle de gorge, avec 8 obusiers de 15 cm et une sur le glacis du flanc droit avec 2 pièces de 15 cm ainsi qu’une batterie annexe sur l’angle de gorge gauche un abri à munitions avec 4 canons courts de 15 cm (plusieurs autres options de dotation sont préconisées). En 1895 abaissement du profil des traverses. 1927-1934 occupation de l’ouvrage par une association technique d’aéronautique. 1934 : centre d’instruction de la Wehrmacht. 1945 à la fin de la guerre des archives sont incendiés dans l’aile droite de la caserne. 1949 début de destruction partielle, à l’explosif des murs de contrescarpe, puis abandon au milieu de la zone frontière du mur de Berlin. En octobre 1993 création d’une association qui restaure le fort.
Allemagne Front Sud
Place forte d’Ulm
Ouvrages en cours de construction :
Werk XXXV – Fort Oberer Eselsberg Nebenwerk (1883-1887), petit fort détaché, modernisé et renforcé en 1901, 1903-1904, caserne de gorge avec caponnière, tracé modernisé d’un fort détaché de type Biehler.
Werk XXXVI – Fort Oberer Eselsberg Hauptwerk (1881-1887), fort détaché de type Biehler à fossé sec de taille moyenne, 3 traverses-abris par front, à tracé modernisé avec rempart bas pour l’infanterie, lunette applatie, gorge rentrante bastionnée, caserne de gorge sur l’aile gauche. Modernisé et transformé en fort d’infanterie à partir de 1903. Renforcé avec du béton lors des travaux de mise en état de défense de 1914. Caserne très détérioriée à la suite de la destruction d’explosifs en 1944. Démoli en 1971 malgré les nombreuses protestations pour l’installation d’un centre logistique de l’université, il ne reste que les fossés et une partie des fronts.
Place forte d’Ingolstadt
Ouvrages en cours de construction :
Rive gauche du Danube
Fort II – Werk 145 (19 juillet 1877 – 27 juillet 1888) Fort Hartmann, érigé au nord-ouest de Hummelberg. La fin des travaux a été retardée par l’effondrement de la contrescarpe. Fort détaché de ceinture à fossé sec de type Biehler, au tracé pentagonal de lunette aplatie, de taille moyenne. Comprend 3 traverses-abris par face ; caserne de gorge à deux niveaux, brisée vers l’intérieur, comprenant de gauche à droite environ 3 + 6 + 6 + 5 casemates et 2 coffres de flanquement de part et d’autre de l’entrée ; un grand magasin à pourdre sous chaque flanc ; une caponnière double à feux de revers sur le saillant et une caponnière simple sur chaque angle d’épaule. Alors que les forts de la rive gauche du Danube ont des fossés pleins d’eau, le Fort II est l’exception avec son fossé sec. 17 septembre 1888 – 18 avril 1891 : renforcement partiel de l’ouvrage. 1888-1897 : aménagement des batteries annexes. Le fort à été détruit et le site avait été utilisé comme décharge. Quelques restes sont encore présents sous un monticule en herbe comme une partie de la batterie annexe gauche.
Fort III – Werk 146 (4 avril 1877 – 1er août 1887) Fort Von der Tann érigé sur le Kraiberg au sud-est de Gaimersheim. La construction a durée plus longtemps que prévu à cause des difficultés liées au terrain qui ont entraîné des éboulements. Grand fort détaché de ceinture à fossé sec de type Biehler, au tracé pentagonal de lunette aplatie. Comprend 4 traverses-abris par face ; caserne de gorge à deux niveaux, brisée vers l’intérieur, comprenant de gauche à droite environ 6 + 6 + 6 + 8 casemates et 2 coffres de flanquement de part et d’autre de l’entrée ; un grand magasin à pourdre sous chaque flanc ; une caponnière double à feux de revers sur le saillant et une caponnière simple sur chaque angle d’épaule. C’était le plus grand fort de la gauche du Danube. 18 septembre 1888 – 18 juin 1891 : renforcement partiel de l’ouvrage. 1888-1892 construction des batteries annexes droite et gauche. 1940-1945 : utilisé comme dépôt de munitions. Le glacis et les batteries annexes avaient servis parès la guerer à l’installation des réfugiers. 1946 : le fort a été détruit à l’explosif. Etat actuel : le site est un parc public et quelques débris sont visibles.
Belgique
Cette rubrique concerne les fortifications en cours de construction ou de modernisation du royaume de France, conformément aux frontières de l’année en cours.
Il est extrêmement difficile de dater précisément la construction des ouvrages de fortification belges. Souvent les dates de construction correspondent à l’année de la loi du programme de fortification, et d’autres indications nous donne des dates diverses. A défaut de disposer de documents ou de dates de construction plus précise, j’utilise les différentes options.
Place forte d’Anvers
Ouvrages en cours de construction :
Fort de Lier (1876-1893), également dénommé Fort de Lierre.
Fort de Steendorp (1877-1892) ou fort de Ruppelmonde : 1 coupole 2 x 15 cm.
Fort de Schoten (1885-1892), également dénommé fort de Schooten.
Fort de Walem (1878-1893 ou 1876-1893 ?), également dénommé fort de Waelhem.
France
Cette rubrique concerne les fortifications françaises en cours de construction ou de modernisation, conformément aux frontières de l’année en cours.
France Front Ourest – Côtes de la Mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique
Place forte de Brest
Ouvrage en cours de construction :
Fort de Crozon (1883-1886), presqu’île de Crozon, fort au tracé pentagonal.
Réduit de Landouec (1885-1887).
Place forte de Lorient
Ouvrage en cours de construction :
Poste optique de Beg en Aud (1884-1905).
France Front Nord-Est
Place forte du Quesnoy
Ouvrage en cours de modernisation :
Place forte du Quesnoy (1533) construction des premiers bastions. 1654 : place prise par les Français. 1668-1672 : importants travaux de modernisation sous la direction de Vauban. 1867 : déclassée. 1878 : reclassée. 1882-1886 : la place est réorganisée. 1901 : la place est déclassée. Octobre 1918 : les Néozélandais prennent la place occupée par les Allemands à l’aide d’échelles d’assaut.
Place forte de Maubeuge
Ouvrage en cours de construction :
Fort du Bourdiaux (1885-1888) fort Jourdan.
Position de La Fère – Laon – Soissons
Ouvrage en cours de construction :
Batterie de Condé-sur-l’Aisne (1877-1888). 16 février 1932 : déclassée.
Place forte de Verdun
Ouvrages en cours de construction :
Batterie de Moulainville (1883-1885) batterie Dornier.
Fort de Bois-Bourru (1881-1887) fortin de Caurra, fort ; modernisé 1891-1894, 1904-1907, 1913-1914, 3 tourelles de mitrailleuses, 1 observatoire, 2 casemates de Bourges.
Fort de Choisel (1883-1885 ou 1883-1886) fort Manèque, poste puis fort pentagonal, modernisé 1894-1897, 1901-1903, 1906-191909, 1911-1913 : caserne bétonnée, 2 casemates de Bourges, 2 tourelles de mitrailleuses, 1 tourelle de canon de 155R, 1 tourelle de canons de 75 Mle 05, 5 observatoires cuirassés ; 1916-1917 : transformé en centre de résistance avec réseau souterrain de galeries.
Fort de Douaumont (1885-1891) fort Gérard, grand fort en forme de pentagone à gorge rentrante, modernisé 1887-1889, 1901-1903, 1907-1909, 1911-1913, 1 tourelle de 75, 1 tourelle de 155, 2 tourelles de mitrailleuses, 5 observatoires, 1 casemate de Bourges.
Fort de Landrecourt (1883-1886) fort Jamin. 1890-1892 : installation d’une caserne de guerre. 1907-1910 : installation : 1 tourelle de 75 Mle 05, 2 tourelles de mitrailleuses, 3 observatoires cuirassés, 1 casemate de Bourges. 1914-1918 : installation d’un réseau de galeries souterraines.
Fort de Moulainville (1883-1885) fort Feuquières, fort, modernisé 1889-1891, 1905-1909, 1 tourelle de 75, 1 tourelle de 155, 2 tourelles de mitrailleuses, 4 observatoires, 1 casemate de Bourges.
Poste de Belle-Epine (1883-1886) non renforcé.
Poste puis ouvrage de Le Chana (1883-1884), poste Pierquin, ouvrage d’infanterie. 1906-1911 : Modernisation de l’ouvrge : 1 tourelle de 75 Mle 05, 1 observatoire. 1944 : Cuirassements endommagés par des essais américains.
Rideaux des Hauts de Meuse
Ouvrages en cours de construction :
Fort Les Paroches (1883-1885) fort Colaud, ouvrage peu modernisé. 1890 : installation d’un magasin sous roc. 1900-1910 : installation d’un réseau de fils et grilles.
Ouvrage Jouy-sous-les-Côtes (1883-1885) fort Raoult, peu modernisé. 1890 : abri sous roche. 1910 : installation de réseaux de fils et de grilles. 1917-1918 : installation d’un réseau de galeries profondes.
Place forte de Toul
Ouvrage en cours de construction :
Fort de Bruley, poste puis fort, (1885-1887) fort Pully, modernisé 1904-1907 ; 1 tourelle de 75, 1 tourelle de mitrailleuses, 2 observatoires et 1 casemate de Bourges.
Fort de Gondreville, ouvrage puis fort, (1884-1887) fort Dahlmann, modernisé 1906-1909, 1 tourelle de 75 modèle 05, 1 tourelle de mitrailleuses, 2 observatoires cuirassés, 1 casemate de Bourges.
Place forte de Langres
Ouvrage en cours de construction :
Redoute puis fort de Montlandon (1883-1885) fort Mortier.
Place forte d’Epinal
La place d’Epinal décrite par un cours de fortification permanente de 1885, organisation des Etats : « On a longtemps hésité sur la manière dont il convenait de constituer ou plutôt de terminer au Nord le rideau défensif de la haute Moselle. Pouvait-on se contenter d’une simple ligne d’ouvrages que de bonnes communications eussent reliés entre eux pour favoriser les mouvements de la défense, ou devait-on comme pour la position centrale appuyer les extrémités de cette ligne à une grande place ? « Si les défenses d’Epinal étaient assez développées pour recevoir un corps de 15 à 20 000 hommes », écrivait le général de Rivières, « on serait toujours en mesure d’opposer aux partis venant de l’Alsace par les cols de la grande chaîne des forces supérieures à leurs têtes de colonnes ».
Comme appui de la défense de la haute Moselle, Epinal devrait donc être une place d’une certaine importance, mais son rôle grandit encore si l’on considère que l’action peut être exercée contre les flancs d’une armée d’invasion dirigée au sud de Toul par Bayon et Charmes, et tandis que dans le premier cas on doit supposer des forces agissant offensivement sur la rive droite de la Moselle, on doit au contraire dans le second préparer à ces forces des débouchés et un point d’appui sur la rive gauche.
C’est par suite de ces considérations qu’après avoir établi d’abord 4 forts de Dogneville, de Longchamp, de Razimont, de la Mouche sur la rive droite, on a été conduit à occuper sur la rive gauche les positions de Bambois (Le Bambois situé à 6 500 m de la ville, bat la vallée du Courcy et chemin de fer de Vesoul jusqu’au viaduc de Xertigny), du Roulon (Entre Bambois et le Roulon on a construit la batterie des Friches), de Girancourt (Les 2 batteries de Sanchey au Nord-Est et de Tieha au sud-est complètent l’action du fort de Girancourt) et d’Uxegney (Deux batteries à Bois l’Abbé et à la grande Haye complèteraient l’organisation du front Nord), occupation très étendue qui maîtrise sur une grande longueur les voies ferrées de la région. L’organisation de la rive gauche est à peu près terminée aujourd’hui, et l’on s’occupe de renforcer l’espace considérable qui existe entre le saillant de Longchamp et de fort de Razimont par la création de deux batteries de Woëvre et des Adelphes.
Motifs qui ont engagé à ne pas fortifier le noyau central.
Quelque éventualité que l’on envisage, on est porté à attribuer à la place d’Epinal un rôle surtout offensif ; on ne voit pas en effet, que l’ennemi puisse, par les seules communications des Vosges, jeter des forces assez considérables pour entreprendre un siège important ; et l’on ne peut guère supposer que de prime abord il détache des armées qui pénétreraient au sud de Toul des corps capables d’exécuter une opération de cette nature ; il aurait intérêt à masquer Epinal pour protéger ses communications, mais non à en faire le siège, aussi cette place présente-t-elle cette particularité qu’elle n’a pas de noyau fortifié, et que probablement, on se contentera au lieu de lui constituer une enceinte, de créer sur les hauteurs les plus rapprochées de la ville, celles de Laufremont et de la Justice, par exemple, sur la rive droite, celles de Chantraine, de St-Antoine et de Benavaux sur la rive gauche ; des ouvrages secondaires entre lesquels on organiserait, le cas échéant, une enceinte avec les ressources de la fortification passagère.
C’est encore par suite de la même considération que l’on a admis comme points d’appui sur la rive droite ces forts de la Mouche et de Razimont qui occupent il est vrai les points culminants de la forêt d’Epinal et tiennent les chemins secondaires conduisant dans la vallée de la Vologne, mais qui sont en plein bois et semblait par conséquent dans d’assez mauvaises conditions au point de vue de la défensive.
Cette organisation est très rationnelle et très forte et une troupe mobile, de la force d’une brigade, à peu près, doit utiliser ces points d’appui pour surveiller exactement toute la région qu’ils couvrent, pour prendre l’offensive contre les partis qui auraient franchi les Vosges par quelqu’un des 14 passages qui existent entre le ballon d’Alsace et le Donon ».
Ouvrages en cours de construction :
Fort des Adelphes (1883-1885) fort Richepance, modernisé en 1892, 1908-1914. Tourelle de 75 mm, 1 tourelle de mitrailleuses, 3 observatoires, 1 casemate de Bourges.
Fort de Bois l’Abbé (1884-1885) fort Poniatowski, non modernisé.
Magasin de la Cense Billot (1885-1886), magasin à poudre modèle 1874.
Magasin de Golbey (1885) magasin à poudre sous roc.
Place forte de Belfort
La place de Belfort décrite par un cours de fortification permanente de 1885, organisation des Etats : « Quant à la place de Belfort, point d’appui naturel de tout le système que nous venons d’indiquer, le plus grand accroissement de force qu’elle ait reçu lui vient précisément de la présence de ce rideau défensif auquel elle s’appuie, et dont les forts apporteraient les plus grandes difficultés à une opération d’investissement. Quelques batteries, celles de la Côte et de la Charme, placées entre le Salbert et le mont Vaudois suffisent à assurer complètement la défense à l’ouest, car elles battent parfaitement toute la hauteur Chanvillars où prennent naissance les principaux affluents de la Savoureuse et de la Lisaine.
Au Nord, la place est couverte par la grande forêt d’Arso et l’on a construit à son extrémité, un grand fort, le fort de Roppe qui formerait le réduit et le point d’appui de la défense mobile, très-puissante lorsqu’elle peut agir dans un terrain difficile, dont les voies d’accès sont battues par des batteries aussi dominantes, aussi puissamment armées que celles du Salbert et de Roppe. Ce fort appuie également la défense de l’Est par les vues qu’il prend sur tout le terrain et particulièrement sur les vallées de la Madeleine et de l’Autruche. Pour compléter la défense de l’Est on remplace en ce moment par des ouvrages permanents les ouvrages de campagne construits antérieurement en fortification demi-permanente à Bessoncourt, à Vezelois, à Méroux et ses forts doivent être complétés par la réorganisation de Sévenans, de Méroux et de Chèvremont. En arrière, mais organisées en ouvrage de campagne existent d’autres batteries en seconde ligne, les épaulements du Bosmont, les batteries du Haut-Taillis et de Pérouse.
Enfin au Sud, considérant que le massif qui se termine au fort de la Chaux est d’accès difficile, on avait conservé jusqu’ici de simples batteries, mais il est admis en principe que deux ouvrages permanents seront établis l’un au bois d’Oye, l’autre sur le Mont Daumin.
Ainsi jusqu’à présent la place ne comprenait comme ouvrages permanents que les mêmes ouvrages qui existaient déjà à l’état embryonnaire en 1870 et grâce auquel on a pu faire cette défense énergique et prolongée qui nous a valu de conserver cette importante position ; seulement les ouvrages alors provisoires de Bellevue, des hautes et basses Perches ont été construits avec soin, pourvus d’abris, dotés d’un puissant armement. En arrière enfin se trouve l’ancienne enceinte avec le camp retranché que terminent les forts de la Miotte et de la Justice.
Projets pour l’agrandissement de Belfort.
De nombreux projets ont été faits pour substituer à l’organisation actuelle un système d’occupation plus étendue et l’on a proposé de se porter au-delà des grands bois jusqu’à la vallée de Saint Nicolas et le canal du Rhône au Rhin, et d’y établir des ouvrages permanents à Novillars, à Eschêne, à Bourogne, à Allenjoie pour se relier par ce dernier à l’ouvrage de la Chaux. Rien n’est plus naturel que la tendance que l’on éprouve à accroitre ainsi la puissance défensive et le rayon d’action d’une place dont l’importance est pour nous si indispensable, mais d’une part, certains ouvrages comme celui de Novillars eussent été placés pour ainsi dire à la frontière même, et d’autre part, on a reculé devant une extension aussi considérable par suite non seulement des dépenses qu’elle entraîne, mais du caractère même de l’occupation que l’on conçoit pour Belfort. Ce n’est pas une garnison ordinaire qui doit occuper cette place, c’est un corps d’armée et il est naturel que l’organisation défensive soit en quelque sorte en raison des moyens d’action qu’on suppose au défenseur.
Sans doute l’impression qu’on éprouve lorsque l’on considère Belfort comme place isolée est que le rayon de protection à l’Est est bien limité, et cette ligne d’ouvrages dont la vue est bornée à un kilomètre environ par de grands bois ne paraît pas remplir complètement les conditions imposées à des ouvrages de protection, mais d’une part, le noyau central ne joue ici comme à Toul qu’un rôle secondaire, et les facilités d’évacuations qu’assure l’organisation des ouvrages à l’Ouest rend bien moins redoutable encore aujourd’hui l’effet d’un bombardement, et d’autre part, la présence des forts du rideau défensif a en réalité communiqué à la position de Belfort des propriétés toutes nouvelles que n’accroîtraient pas les nouveaux ouvrages proposés de façon à en justifier la dépense. Entre les ouvrages de Roppe, du Salbert et de Giromagny existent des espaces considérables dont l’accès est interdit à l’ennemi et qui par la proximité même du ballon de Servance rendent fort difficile un investissement de ce côté, et si l’ennemi porte ses principaux efforts vers l’Est et le sud, tous les établissements qu’il peut former sont tenus sous la menace constante des actions que permet d’exercer l’occupation du Lomont, base naturelle et point d’appui des forces réunies et organisées sur la rive gauche du Doubs. C’est par suite de ces considérations qu’on s’est borné à l’amélioration des ouvrages du Vézelois, de Meroux ; de Chèvremont auxquels on a substitué des forts permanents et à la création d’un ouvrage à Bessancourt ; ces forts serviront de point d’appui aux forces actives qui occuperont et disputeront la lisière des bois organisés défensivement ».
Ouvrages en cours de construction :
Fort de Bessoncourt – fort Sénarmont (1883-1886).
Fort du Bois d’Oye (1883-1886) fort Eblé, grand fort pentagonal à gorge rentrante.
Place forte de Pontarliers
Ouvrage en cours de construction :
Fort de Joux (1879-1887) comprend 2 casemates cuirassées Mle 1878 en fonte dure.
France Front Sud-Est
Place forte de Lyon
Ouvrage en cours de construction :
Rive droite de la Saône :
Deuxième ceinture de forts détachés :
Fort du Paillet (1883-1886) au nord-ouest de Lyon, sur la rive droite de la Saône. Tracé pentagonal. Etat actuel : appartient à la commune de Dardilly, très bon état de l’ouvrage, majorité des équipements en place. Occupé par plusieurs associations dont l’une qui fait visiter l’ouvrage.
Place forte de Modane
Ouvrage en cours de construction :
Fort du Replaton (1885-1891 ou diverses dates proposées entre 1884 à 1893) SO de Modane, altitude 1208 m. Fort d’interdiction situé sur un promontoire qui domine la gare de Modane-Fournaux, vis-à-vis du tunnel ferroviaire de Frejus reliant l’Italie, construit en 1857-1871, anciennement dénommé « tunel du Mont-Cenis » ou tunnel des Alpes. Fort comprenant 6 bastions. Il comprenait deux batteries annexes désignée A & B, alignée à 150 m au NE. 1888-1891 : renforcement complet du fort avec du béton spécial. 1913-1914 : construction d’une casemate de montagne dotée 4 canons de 95 mm sur affût de côte. 1919-1939 : ces casemates sont transformées pour recevoir des canons de 75 mm sur plateforme Arbel. Un observatoire bétonné est installé sur la bastion III. Juin 1940 : baptême du feu. 7 pièces de 75 du 164e RAP interviennent au profit des avant-postes. 1941-1944 : les troupes d’occupation allemandes percent le bastion du saillant, avec une entrée donnant sur le casernement extérieur, fermé par une porte blindée. 13_14/09/1944 : l’occupant évacue discrètement le fort devant l’Armée d’Afrique installée au fort du Sappey qui disposait de l’artillerie du fort du Télégraphe. 14/05/1991 : décret portant déclassement du domaine public militaire et en tant que place de guerre du fort, de la redoute et du baraquement du Replaton à Modane. Etat : malgré les divers bombardements qui ont à peine égratigné le béton, ouvrage dans un état satisfaisant. L’ouvrage est la propriété de l’association de la traversée des Alpes. Il est ouvert aux visites mais doit encore être restauré.
Redoute du Replaton (1884-1892) SO de Modane, altitude 1203 m. Petit ouvrage d’artillerie qui occupe l’extrémité orientale du plateau du Replaton. Tracé en forme de fer à cheval. Elle comprend 3 plateformes en échelons refusés conçues pour recevoir chacune 1 canon de 95 mm. Dispose d’un magasin à poudre sous roc. 14/05/1991 : décret portant déclassement du domaine public militaire et en tant que place de guerre du fort, de la redoute et du baraquement du Replaton à Modane. Etat : l’ouvrage n’a pas été bombardé et est en un bon état de conservation.
Place forte de Grenoble
Ouvrage en cours de construction :
Fort de Comboire (1882-1885) fort Monteynard, fort à cavalier, tracé en forme de pentagone très étiré.
Place forte de Briançon
Ouvrages en cours de construction :
Baraquement du Granon (1885-1895), près du Col du Granon (2 404 m).
Batteries de la Lauzette (1885) dès fois orthographié Lausette, comprend 4 batteries étagées. Juin 1914 : ces batteries contribuent à mettre en échec une attaque italienne.
Position de la Lauzette (1885-1888) comprend 4 batteries de la Lauzette et le blockhaus de la Lauzette ainsi que quelques aménagements.
Place forte de Tournoux
Ouvrages en cours de construction :
Batterie du Cuguret (1885-1888).
Place forte de Tournoux
Ouvrage en cours de construction :
Redoute de Roche la Croix (1884-1889) parfois dénommé fort Inférieur ou parfois orthographié Roche-Lacroix, place forte de Tournoux, commune de Val-d’Oronaye, altitude 1 908 m. Armement : 6 pièces de 138 mm sous casemates. 1890 : installation d’un magasin sous roc. 1935-1940 : construction d’un gros ouvrage de la ligne Maginot qui a nécessité l’arasement d’une partie de l’ouvrage.
Place forte de Saint-Vincent
Ouvrage en cours de construction :
Batterie du Chatelard (1883-1885) ou batterie Châtelard, située au-dessus du fort de Saint-Vincent.
Batterie de Dormillouse (1884-1886) ouvrage de montagne.
France Sud-Est – Front sud Côtes de la Méditérannée
Place forte de Nice
Ouvrage en cours de construction :
Batterie des Granges (1883-1890) parfois dénommée batterie Basse.
Batterie du Noyer (1883-1890), NE de Nice.
Casernement de Peïra Cava (1876-1887) caserne Crénan, avancée NE de Nice. Important casernement de montagne. 1939-1940 : Occupée jusqu’en 1940 par les troupes alpines. Après 1945 : Colonie de vacances.
Chiuse de Bauma Negra (1884-1887). Dispositif de coupure de route près de Nice avec 2 canons de 12 culasse.
Fort du Pic Charvet (1883-1890) sur l’avancée NO de Nice, comprend 3 batteries annexes (batterie du Noyer et batterie des Granges, et batterie annexe du Piton Est, 2 magasins à poudre sous roc.
Fort du Mont Bardonnet, (1883-1886) fort Suchet. 2 tourelles Mougin Mle 1876, près de Nice.
Fort du Mont Chauve d’Aspremont (1885-1888) fort La Palice.
Fort de la Revère (1882-1885) fort Anselme, E-NE de Nice, altitude 696 M. Ouvrage au tracé de trapèze, cerné par un fossé sec, avec une légère brisure.
Ouvrage du Piton Est (1883-1890) anvancée NO de Nice, petit ouvrage.
Place forte de Port Vendres
Ouvrages en cours de construction :
Batterie de Cinq Cents (1885-1886), armement 2 pièces de 7 et une de 12.
Batterie de la Galline (1885-1886).
Batterie des Gascons (1885-1886).
Batterie du Pré (1885-1886) parfois dénommée batterie Nord des Gascon, S-SO de Port Vendres.
Tour Madeloc (1885-1886) batterie secondaire.
Italie
Cette rubrique concerne les fortifications italiennes en cours de construction ou de modernisation, conformément aux frontières de l’année en cours.
Italie Centre
Place forte de Rome
Ouvrages en cours de construction :
Forte Trionfale (1882-1891), fort détaché de ceinture.
Forte Antenne (1882-1891), fort détaché de ceinture.
Forte Pietralata (1881-1885), fort détaché de ceinture.
Pays-Bas
Cette rubrique concerne les fortifications néerlandaises en cours de construction ou de modernisation conformément aux frontières de l’année en cours.
Ligne d’Utrecht ou Nouvelle Ligne d’eau « Waterlinie »
Place forte d’Utrecht
Ouvrage en cours de modernisation :
Fort bij Rijnauwen (1868-1871). Grand fort à fossé plein d’eau, plus grand fort de la Waterline (31 ha). En 1877-1885 il est modernisé, construction d’une grande caserne à l’épreuve des bombes et des batteries de flanquement n°3 et 4. En 1885 son équipage était de 675 hommes et 105 pièces d’artillerie. 1918 installations d’abris de groupe en béton type 1918. En 1939 installation d’une casemate de mitrailleur « Koepelkazemat type G » et d’abris de groupe « Groepschuilplaats Type P ». 1942-1943 : lieu de détention et d’exécution. Classé aux monuments historiques « Rijksmonument » et est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Secteur de Ouderkerk
Ouvrage en cours de construction :
Fort bij Abcoude (1884-1887). Commune de Ronde Venen. Classé aux munuments historiques du royaume « Rijksmonument » et au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Roumanie
Cette rubrique concerne les fortifications roumaines en cours de construction ou de modernisation conformément aux frontières de l’année en cours.
Place forte de Bucarest
Construction des fortifications de Bucarest dont le plan adopté pour le camp retranché comprenait 18 forts situés à une distance de 12 à 13 km du centre de la place et laissant entre eux des intervalles de 3 à 4 kilomètres ; une batterie intermédiaire dans chacun des intervalles.
Progrès techniques de l’artillerie de siège et de forteresse, et du génie
Dans cette rubrique nous vous présentons les différents événements relatifs aux techniques de l’artillerie de siège et de forteresse, et du génie militaire, classés par pays et par date.
Allemagne
1885 : réalisation d’une tourelle cuirassée à éclipse « Versenckbar » avec affût cuirassé pour pièces de petit calibre, qui trouvera ultérieurement de nombreuses applications dans le cadre de la défense rapprochée.
1885 : réalisation d’un mortier à sphère appelé « Kugelmörser », dont le tube était fixé dans une boule de fonte durcie, qui tournait dans un couvercle cuirassé.
1885: expériences de tir contre les ballons captifs aux polygones de Tegel et Kummersdorf. L’augmentation de la portée des armes, qui oblige souvent à entamer la lutte à des distances considérables, et l’adoption du principe de tir indirect ont conduit à la création d’observatoires élevés, transportables, d’où l’on peut découvrir les troupes, les batteries et les travaux de l’adversaire. De là l’introduction du ballon captif dans le matériel des armées de toutes les grandes puissances européennes.
En 1885 et en 1887, des expérimentations de tir contre un ballon placé à 1 400 m des pièces et à 400 m d’altitude ont été menées aux polygones de Tegel et de Kummersdorf. Il fut percé en quelques coups et descendit rapidement. 2 autres aérostats, planant à une hauteur de 100 à 250 m, et à 5 000 m de distance de la batterie, tombèrent, l’un après 10 coups et l’autre après 26, percés tous les 2 d’une vingtaine de trous.
1885 : mise en service du canon révolver système Hotchkiss de 3,7 cm « 3,7 cm-Revolver-Kanone System Hotchkiss ».
1884 : Au cours de cette année, on réalise des essais de tirs comparatifs contre des batetries entre le canon lourd de 12 cm « s. 12-cm-Kanone » et les mortiers rayés de 15 cm « 15-cm Mörser C/82 ». Les canons de 12 cm qui effectuent des tirs tendus à une distance de 1 800 m contre les pièces d’une batterie n’ont que très peu d’efficacité, alors que les mortiers de 15 cm rayés qui effectuent un tir courbe « Bogenschuss » sont efficaces même à une distance entre 2 200 m à 2 600 m, non seulement contre les pièces d’artillerie adverses, mais également contre les emplacements de pièces et les abris et annilait la batterie avec seulement la moitié des munitions (soit 50 coups par pièce) de la dotation utilisée par les canons de lourds de 12 cm (80 à 100 coups par pièce). Depuis la guerre de 1870-1871, on avait mis en doute les capacités de canons à tir tendus d’effectuer des tirs à démonter. Pour les anciens artilleurs qui avait fait la campagne d e1870-1871, il était difficile d’admettre que le tir courbe était plus efficace que le tir tendu des canons. En plus, la mise en service de l’obus de 15 cm C/83 à poudre brisate (coton-poudre), permet d’augmenter la distance de tir du mortier rayé de 15 cm. En 1885 on atteignait, en employant 0,9 kg de poudre à canon, une portée de 2 750 m. Puis avec l’introduction de la poudre à faible émission de fumée, l’obus de 15 cm C/80 atteint une portée de 3 900 m. Mais à la suite de la mise en service des obus plus lourds et plus efficace de type C/88 et C/83 on atteint plus la portée voulue. C’est pour cette raison que l’on remplace le mortier de 15 cm rayé C/82 par le mortier rayé de 15 cm long, une version améliorée de cette pièce. Ce mortier construit jusqu’en 1885 à 700 exemplaires, a été retiré du service en 1892.
1884 : Au cours de cette année, on réalise des essais de tirs comparatifs contre des batetries entre le canon lourd de 12 cm « s. 12-cm-Kanone » et les mortiers rayés de 15 cm « 15-cm Mörser C/82 ». Les canons de 12 cm qui effectuent des tirs tendus à une distance de 1 800 m contre les pièces d’une batterie n’ont que très peu d’efficacité, alors que les mortiers de 15 cm rayés qui effectuent un tir courbe « Bogenschuss » sont efficaces même à une distance entre 2 200 m à 2 600 m, non seulement contre les pièces d’artillerie adverses, mais également contre les emplacements de pièces et les abris et annilait la batterie avec seulement la moitié des munitions (soit 50 coups par pièce) de la dotation utilisée par les canons de lourds de 12 cm (80 à 100 coups par pièce). Depuis la guerre de 1870-1871, on avait mis en doute les capacités de canons à tir tendus d’effectuer des tirs à démonter. Pour les anciens artilleurs qui avait fait la campagne d e1870-1871, il était difficile d’admettre que le tir courbe était plus efficace que le tir tendu des canons. En plus, la mise en service de l’obus de 15 cm C/83 à poudre brisate (coton-poudre), permet d’augmenter la distance de tir du mortier rayé de 15 cm. En 1885 on atteignait, en employant 0,9 kg de poudre à canon, une portée de 2 750 m. Puis avec l’introduction de la poudre à faible émission de fumée, l’obus de 15 cm C/80 atteint une portée de 3 900 m. Mais à la suite de la mise en service des obus plus lourds et plus efficace de type C/88 et C/83 on atteint plus la portée voulue. C’est pour cette raison que l’on remplace le mortier de 15 cm rayé C/82 par le mortier rayé de 15 cm long, une version améliorée de cette pièce. Ce mortier construit jusqu’en 1885 à 700 exemplaires, a été retiré du service en 1892.
Mortier à tube rayé de 15 cm « 15-cm-Mörser » C/82 exposé à la citadelle de Spandau près de Berlin. Ce mortier remplace notamment le mortier à tube lisse de 50 livres modèle 1822 situé à a gauche.
Source : © photographie MJR juin 2008.
Remarque : les anciens affûts de l’artillerie allemande étaient munis d’une peinture bleue alors que la nouvelle génération qui apparaît à partir des année 1880 est munie d’une teinte gris-vert.
France
1885 : explosifs Turpin. D’après le brevet anglais de 1885, la poudre picrique de M. Turpin est composée d’acide picrique fondu en grains que l’on recouvre ensuite d’une sorte de vernis formé par l’évaporation d’une nitro-cellulose dissoute dans l’éther. Le même inventeur revendique de manière générale l’emploi de l’acide picrique mélangé à toutes autres substances pour la fabrication d’explosifs d’une grande puissance. M. Turpin a vendu son brevet anglais à M.M. Amstrong qui, depuis 1888, fabriquent à Lydd (angleterre), sous le nom de Lyddite un explosif de guerre plus ou moins analogue à la mélinite.
1885 : mélinite ; cette substance explosive, employée par le gouvernement français pour le chargement des obus, a été expérimentée pour la première fois, en 1886, au fort de la Malmaison. Elle dérive des explosifs Turpin ; c’est un mélange d’acide picrique et de nitrocellulose soluble. Les perfectionnements apportés à sa fabrication par MM. Berthelot et Sarrau, permettent de la fabriquer actuellement dans des conditions particulières de stabilité et d’innocuité, comme aussi de la manipuler sans danger. Elle est insensible aux frottements et aux chocs, et on peut la charger dans les obus sans aucun risque. Elle fait explosion sous l’influence d’un détonateur muni lui-même d’un allumeur.
Roumanie
1885 : A l’occasion du concours organisé pour la planification des fortifications de la capitale roumaine Bucarest, une coupole Schumann réussi à se qualifier face à une construction du belge Henri Alexis Brialmont, qui s’était avérée trop faible. Néanmoins, on a encore souligné la lourdeur de mise en œuvre de la coupole allemande.
Chroniques 1885
Janvier 1885
Allemagne, Buckau : technique cuirassements.
En janvier 1885, expérience de tir à Buckau contre une partie de coupole destinée à l’armement d’un fort autrichien.
Jeudi 8 janvier 1885
Allemagne, fortifications : présentation du projet de fort d’arrêt du Major Schumann.
Le Major (commandant) Schumann présente le projet d’un grand fort d’arrêt doté d’un grand nombre de tourelles pour l’artillerie et la défense rapprochée.
Mardi 24 février 1885
Allemagne : techniques de fortification.
Le 24 février 1885, le directeur du département général de la guerre, le général Karl von Hänisch a demandé à la Commission de la défense du territoire de présenter un catalogue de questions concernant l’organisation du futur système fortifié. Hänisch a rappelé que les forts aménagés en position d’artillerie n’étaient guère aptes à une défense de l’infanterie et que pour cette raison il était favorable à leur réaménagement au profit de l’infanterie. Dans les intervalles, considérés comme le vrai champ de bataille, il était nécessaire de réaliser des abris, des merlons (ou remparts de protection), des liaisons et des dépôts de façon permanente, cependant au niveau de l’enceinte urbaine, il fallait réaliser de sérieuses économies.
Jeudi 23 avril 1885
Allemagne, fortifications : questions posées à la Commission de défense du territoire par l’ordonnance impériale du 23 avril 1885.
Les questions posées par Hänisch, confiées par l’ordre du cabinet impérial (A.K.O.) du 23 avril 1885 donné à la Commission de défense du territoire pour y être étudié, devaient clarifier : s’il était opportun de réduire l’artillerie de la première dotation « 1. Geschützaufstellung » des forts pour que l’on puisse aménager des points d’appui pour une défense énergique de l’infanterie « energische Infanterie-Verteidigung » et de transformer ces ouvrages pour une défense énergique par l’infanterie ; si utltérieurement l’on pouvait transférer la défense de l’artillerie des forts vers les intervalles des ouvrages, s’il faut mettre les pièces restantes des forts sous cuirassement, ou s’il ne vaut pas mieux assurer un déséquilibre positif de la masse de l’artillerie défensive, par une meilleure disponibilité et en assurant le ravitaillement en munitions, et s’il fallait garder les batteries annexes dans leur volume actuel. Par ailleurs, la commission de défense du territoire devait continuer d’étudier, si l’on peut réduire la résistance des abris à l’épreuve des fortifications urbaines et quelles sont les travaux qui peuvent être transférés au début des travaux de mise en état de défense. Finalement il fallait vérifier, quelles sont les fortifications qui doivent être renforcée en premier, quelles sont celles qui sont indispensables ou celles qui peuvent être simplifiées, et quelles sont celles qui peuvent être laissées dans l’état actuel.
La Commission de défense du territoire a transmis ces questions à une sous-commission composée d’ingénieurs et d’officiers de l’artillerie et elle a cependant répondue à la question concernant l’équipement des enceintes urbaines, en préconisant qu’il fallait également maintenir une capacité à contenir une attaque pour celle-ci.
Mai 1885
Allemagne, fortification : premières réponses aux trois questions posées à la Commission de défense du territoire.
En mai 1885, la sous-commission chargée des trois premières questions a décidé, que l’armement en artillerie des forts ne devait être réduit qu’avec parcimonie. La seule grande modification que l’on a accordé est la suppression des pièces légères abrités dans les traverses - abris et destinées à contrer un assaut, il fallait en effet en cas de besoin, les sortir des abris pour les faire entrer en action sur les remparts à ciel ouvert. On estimait que ce procédé n’était plus réalisable.
La grande masse de l’artillerie devait être maintenue sur ces positions à ciel ouvert, toutefois, on estimait que la mise en place de quelques exemplaires de pièces sous cuirassement pouvait entraîner une action décisive dans le déroulement d’un siège. On a accordé un poids certain à l’équipement des places fortes avec des ballons d’observation et à la réalisation de poste d’observation cuirassés dans les forts. Dans l’ensemble, on n’a pas réussi à trouver une solution suffisante concernant la forme des futures fortifications.
Jeudi 3 septembre 1885
Allemagne, fortifications : la question des enceintes urbaines.
L’enceinte de Strasbourg est à peine achevée que l’on se pose déjà la question en Allemagne de l’utilité des enceintes urbaines. En ce temps où les ceintures fortifiées des grandes places allemandes ont commencé de plus en plus à avoir une nouvelle physionomie, les ceintures de remparts urbains, un autre élément classique de la fortification, est passé de plus en plus en arrière plan. Bien que l’ordre du cabinet impérial « A.K.O. » du 3 septembre 1885 avait déterminé que « les enceintes de nos grandes places forment dès le temps de paix une ligne de fortification continue, qui protège contre les assauts par surprise et qui sur les points les plus importants sont aménagés pour la mise en batterie de pièces d’artillerie lourdes ». Mais au fil des ans la situation va évoluer et l’on s’oriente petit à petit vers la suppression des enceintes urbaines. Ainsi déjà cinq années plus tard, parvenait au ministère de la guerre prussien, conditionné par la croissance rapide des villes, diverses demandes pour repousser ces enceintes vers l’extérieur. Repousser ces enceintes vers l’extérieur, les auraient rapprochées de trop de la ceinture fortifiée, et aurait agrandi leur circonférence dans une mesure impossible à gérer. En conséquence, il aurait fallu abandonner complètement l’enceinte urbaine. On n’a pas trouvé immédiatement de règle générale au sujet de cette question, bien que l’enceinte urbaine de Coblence ai été abandonnée à la suite de l’ordre du cabinet impérial « A.K.O. » du 13 mars 1890. L’abandon de cette enceinte ne peut pas être considéré comme l’exemple type, puisque la mission très restreinte de la place de Coblence –barrer l’accès des ponts de la Moselle et du Rhin au niveau de la ville pouvait être pris en compte par les ouvrages situés sur les hauteurs. Ce n’est qu’au début du XXe siècle que la situation évoluera.
Jeudi 3 décembre 1885
Allemagne, Mutzig, fortifications : réponses aux question posées et projet de nouvelles fortifications.
Après avoir réglé les questions techniques par des essais de tirs par une sous-commission formé d’officiers d’artillerie et d’ingénieurs, suivent les décisions à la suite des comptes-rendus établis par la commission de défense du territoire sur les questions citées précédemment par l’A.K.O. du 3.12.1885, du 8.12.1885 et du 27.1887. Les forts resteront les points d’appui principaux « Hauptstützpunkte » de ces positions d’infanterie, dans lesquels quelques pièces d’artillerie lourdes de la 1ère dotation d’artillerie trouveront leur emploi et il faudra les aménager pour la défense d’infanterie vers tous les côtés renforcés par des mitrailleuses et des pièces destinées à contrer des assauts. D’après ceci, il fallait installer, un peu en avant des batteries, à la hauteur des forts une ligne de positions d’infanterie « Infanterie-Stellungen ». Les préparatifs pour la réalisation d’ouvrages intermédiaires à l’abri d’un assaut et d’abri d’infanterie « Infanterie-Untertreteräumen » sur les positions d’infanterie situées entre les forts devront être réalisés dès le temps de paix. En ce qui concerne la question de la réduction du nombre des pièces d’artillerie lourdes, on a conclu ici que cela était interdit. La plupart de ces pièces devaient de toute façon être initialement installées dans les batteries annexes, c’est-à-dire à côté des forts. Nous savons, que plus tard le Graf Schlieffen avait avec raison demandé une réduction du nombre de pièces d’artillerie lourde de la première dotation, et cela au profit de l’artillerie lourde mobile, qui peut trouver un usage dans la réserve principale ou en dehors de la place forte. Cette mesure était réalisable, après que les progrès techniques permettaient d’améliorer la mobilité des pièces d’artillerie lourde. Par ailleurs, les performances de tir de l’artillerie lourde de l’époque étaient largement inférieures à celle de la fin du siècle. L’installation de l’artillerie lourde sous cuirassement dans des ouvrages détachés offrait toujours de grandes difficultés, parce que les techniques de construction des cuirassements étaient encore à leur début. Pour installer l’artillerie dans sa zone de combat on a pris des mesures spécifiques, par le dégagement dès le temps de paix du champ de bataille de l’artillerie derrière la ligne des forts, l’installation de remparts de protection, de masques, des chemins d’accès des pièces, des abris d’artilleurs et d’abris à munitions à l’épreuve des bombes et la mise en disposition de matériel d’obstacles pour la protection des batteries.
Concernant la question de l’armement en pièces d’artillerie, Brandenstein avait dit à la Commission de défense du territoire, qu’il était favorable à l’utilisation de cuirassement, puisque c’était la seule façon de les protéger contre les tirs courbes. « Conformément aux propositions de la commission de défense du territoire... sont classés dans les places fortes à conserver et à renforcer en première ligne : Metz, Strasbourg, Neuf-Brisach, les fortifications projetées près de Sarrebourg – Molsheim, Bitche, Thionville, Cologne, Königsberg, Boyen, Thorn, Posen, Pillau, Weichselmünde, Swinemünde, Friedrichsort, les fortifications de l’Elbe inférieure et de l’embouchure de la Weser ainsi que les fortifications côtières de Wilhelmshaven. Sarrelouis est, comme l’avait déjà indiqué, à abandonner dès les fortifications de Sarrebourg – Molsheim sont pratiquement achevées. Sonderburg doit être abandonné complètement dès que les ouvrages construits sur la baie de Kiel, près de Pries et de Robsdorf sont achevés. Le projet d’une autre extension des fortifications terrestres de Kiel doit être abandonné. Toutes les autres places fortes et ouvrages doivent être maintenus, et les projets agréés doivent être construits, mais pour Stralsund et Colberg, il n’est pas utile d’y garder l’armement et les matériels de mise en état de défense ».
Les enceintes urbaines des diverses places fortes doivent être aménagées en ligne continue, à l’abri d’un assaut « Sturmfreiheit », avec une amélioration ponctuelle des matériels de l’artillerie et une transformation complète du domaine de la fortification, contre une attaque brusquée et l’aménagement de pièces d’artillerie lourdes.
Jeudi 3 décembre 1885
Allemagne : Neuf-Brisach place forte.
Ordonnance du cabinet impérial « A.K.O. » du 3 décembre 1885 relatif au maintien et au renforcement de la place forte de Neuf-Brisach.
Sources
S0060
Lacoste W. : Neubreisach 1871 – 1916, Strassburg Vorfeld 1914-1916 in DAWA Sonderheft 29, 1997.
S0061
Chalon Paul F. (ingénieur des arts et manufactures) : Traité théorique et pratique des explosifs modernes et dictionnaire des poudres et explosifs, deuxième édition revue et augmentée, E. Bernard et Cie, Paris, 1889.
S0083.
Dumsky, Walter : Die deutschen Festungen von 1871 bis 1914 : Strategische Bedeutung und technische Entwicklung. Erlanger Historische Studien herausgegeben von Professor Dr. Karl-Heinz Ruffmann Professor Dr. Hubert Rumpel. Bd. / Vol. 11 ; Peter Lang, Frankfurt am Main, New York, Paris, 1987.
S0111
Grabau, Albert, Dr., Major a.D. : Das Festungsproblem in Deutschland und seine Auswirkung auf die strategische Lage von 1870-1914 ; Junker und Dünnhaupt Verlag Berlin ; 1933.
S0196
Bour, Bernard : Le Fort de Mutzig 1893-1945, Feste Kaiser Wilhelm II 1893-1918, 1992.
S0429
Les fortifications de Savoie, in l’Histoire en Savoie n°77, 2ème édition, 1990.
S0596
Schirmer, Hermann, Generalleutnant a.D. : Das Gerät der Artillerie vor, in und nach dem Weltkrieg, V. Teil : Das Gerät der schweren Artillerie, Verlag Bernard & Graefe, Berlin, 1937.
S0966
Brialmont, A. : La fortification du temps présent, tome premier, Guyot Frères imprimeurs, Bruxelles, 1885.
S2757
Frijns Marco, Malchair Luc, Moulin Jean-Jacques, Puelinckx Jean : Index de la fortification française 1874-1914, autoédition, 2008.
S2938
Gosch, Frank : Festungsbau an Nordsee und Ostsee ; Die Geschichte der Deutschen Küstenbefestigung bis 1918, Mittler & Sohn, Hamburg, Berlin, Bonn, 2003.
S3550
Site Internet Wikipedia. Documents, illustrations et textes divers provenant de ce site.
S3551
Site Internet Wikimapia Strasbourg. Documents, illustrations et textes divers provenant de ce site.
S3552
Site Géoportail, Institut National de Géographie (I.G.N.). Cartes, photographies aériennes et documents divers téléchargé sur ce site.
Archives & Bibliothèques
AVES = Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg.
AD-67 = Archives départementales du Bas-Rhin ; Strasbourg.
BCGS = Bibliothèque du cercle de garnison de Strasbourg (fermée, ouvrages seront transférés).
BNF = Bibliothèque Nationale de France
BNUS = Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg
BMS = Bibliothèques Municipales de Strasbourg.
BA = Bundesarchiv (archives fédérales allemandes)
BA-MA = Bundesarchiv Abteilung Militärarchiv, Freiburg
GSTaPK = Geheimes Staatsarchive Preussischer Kulturbesitz, Berlin.
GLAKa = Generallandessarchiv Karlsruhe
BA-St = Bundesarchiv, Stuttgart.
SHD = Service Historique de la Défense, Vincennes.
Archives personnelles, collections, dessins, photographies, relevés sur le terrain, de sources privées
BA = Brauch André
BP = Burtscher Philippe
MJR = Richard
Sites Internet
BNF – Gallica : accès aux ouvrages en ligne de la Bibliothèque Nationale de France et autres sites associés :
https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/content/accueil-fr?mode=desktop
Bundesarchiv (archives fédérales allemandes)
https://www.bundesarchiv.de/DE/Navigation/Home/home.html
Site très complet recensant les fortifications françaises 1874-1918 environ :
Arme du Génie et fortifications diverses
https://franchissement.forumgratuit.org/
AVES Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg
https://archives.strasbourg.eu/