Fort IV - Fort Niederhausbergen - Fort Veste Kronprinz - Fort Foch
Dernière mise à jour : 11 janvier 2020
Situation géographique et stratégique
Situation stratégique en 1872 – 1918 : ceinture des forts détachés – Secteur Ouest de la place forte. Le fort IV a été construit sur les hauteurs de Hausbergen.
Situation géographique actuelle : ban de la commune de Niederhausbergen, lieu-dit Langenberg, à la limite Ouest du ban communal.
Adresse : Chemin du Fort Foch, 67207 Niederhausbergen.
Coordonnées géographiques : 48°37’37.3’’ N – 7°44’43.5’’ E.
Borne d’information du fort Foch au bord de la piste cyclable des forts devant le fort Foch. Panneau réalisée par le CESFS au profit de l’Eurométropole de Strasbourg. Photographie © MJR Janvier 2012.
Distances avec les autres ouvrages / Abstand zu den Nachbarwerke
Au Nord-Est : Fort III – Fort Mundolsheim - Fort Roon – Fort Desaix : 2,625 km (1,631 miles)
Au Nord : Fort IIIa – Fort Mundolsheimerkopf - Fort Podbielski – Fort Ducrot : 1,687 km (1,048 miles).
Au Sud : Kirchsbaumbatterie – Batterie des Cerisiers : 734 m (2 408 ft).
Au sud : Fort V – Fort Oberhausbergen - Fort Großherzog von Baden – Fort Frère : 1,618 km (1,005 miles).
Au Sud-Est : Stadtbefestigung - Enceinte urbaine : 5,4 km.
Vues vers l’Ouest à partir du front de tête du fort Foch © MJR Janvier 2012.
Caractéristiques
Grand fort détaché de ceinture à fossé sec de type Biehler, au tracé pentagonal de lunette aplatie, avec casernement de gorge brisé vers l’intérieur.
Construction (gros œuvre)
Date officielle de construction : 1872 – 1875.
Date de construction du gros œuvre d’après les informations trouvées : Juillet 1872 – août 1874.
Société : construit par la société Pathe - Jerschke - Schneider.
Installations complémentaires et modernisations :
Juin - juillet 1877 : installation de râteliers à fusils.
Juin 1878 : installation de deux cuisines comportant chacune un ensemble de 4 cuves chauffées au feu de bois et une petite cuisinière, montées et installées sur place.
1881 : une boulangerie comprenant un four à pain.
Dénominations successives
1872 : Fort IV ou Fort Niederhausbergen.
1er septembre 1873 – novembre 1918 : 1873 : Fort Kronprinz (Traduction : Prince Royal, fils de Guillaume Ier roi de Prusse et Empereur d’Allemagne, qui est à l’époque Frédéric Guillaume Nicolas Charles de Hohenzollern).
23 novembre 1918 – 2 avril 1919 : Fort Prince Royal (dénomination française de l’époque qui est une traduction de la dénomination allemande).
3 avril 1919 – juin 1940 : Fort Maréchal Foch.
Juillet 1940 – 1944 : Fort Kronprinz (les forts reprennent tous leur dénomination allemande d’origine).
1945 – à nos jours : Fort Foch.
Biographie du Kronprinz
Portait du Kronprinz Frédéric Guillaume de Prusse vers 1870, futur empereur d’Allemagne.
Mission
1875-1918 : le Fort IV, Fort Kronprinz (Prince Royal) commande le front ouest de la place forte et couvre les diverses routes à l’Ouest, entre Pfettisheim, Pfulgriesheim et Strasbourg.
Accès et visites
Propriétaire: Université de Strasbourg (UNISTRA).
Utilisation: Centre de Primatologie (CdP).
Accès et visites : accès et visites interdites pour préserver la tranquillité des primates.
Chapelle orthodoxe Saint Sava (dans le fort) : inscrite aux monuments historiques en 1990.
Vue de la chapelle Saint Sava. Photographie © Philippe Burtscher Juillet 2002 (Tous droits réservés).
Chroniques succinctes / Kurze Zeittafel
L’histoire des forts de Strasbourg et plus particulièrement du Fort Foch vous est présentée sous la forme de chronique. En effet, l’état du fort en 1875 est tout à fait différent de celui de 1914. Son histoire évolue constamment. L'ouvrage est profondément modifié environ tous les dix ans. Par ailleurs, au fil des recherches, des données nouvelles pouvant s’ajouter, il s’avère que c’était le moyen le plus simple de vous présenter les faits historiques ayant un rapport avec ce fort. Attention toutefois aux informations générales données par la presse qui comportent souvent des erreurs et des approximations. Seuls les communiqués officiels contiennent les informations les plus fiables. Par ailleurs, il ne faut pas oublier de gratter la couche de nationalisme allemand et français de l’époque. Mais je publie volontairement ces textes qui nous mettent dans l’ambiance de l’époque.
Jeudi 21 décembre 1871
Allemagne, fortifications : loi concernant la restriction des droits de propriétaires aux alentours des forteresses.
Pour garantir l’absence d’obstacles au niveau des champs de tir autour des ouvrages de fortification, on a voté en Allemagne la loi du 21 décembre 1871 concernant la restriction des droits de propriétaires aux alentours des forteresses. Cette loi connue sous la dénomination de « Rayongesetz » (loi du rayon de fortification), fixe 3 rayons de fortification aux alentours des ouvrages, à 600, 975 et 2250 mètres, à l’intérieur desquels la construction était sévèrement réglementée voir même interdite. Les litiges concernant ces rayons, ainsi que le passage des routes et des voies ferrées ou l’aménagement de digues étaient soumis à l’examen de la commission impériale de rayon, à laquelle participait deux officiers, un prussien et un bavarois du corps du génie.
Lundi 26 février 1872
Allemagne, Strasbourg et Metz, fortifications : application de la loi du « rayon de fortification » aux places fortes de Metz et de Strasbourg.
Un journal de Strasbourg a publié cette ordonnance : « Sur la base de l’article 35 de la loi impériale concernant les restrictions apportées aux propriétés aux alentours des fortifications, du 21 décembre 1871 (Bulletin des lois impériales, 1871, n°51, paragraphe 459, bulletin de loi d’Alsace-Lorraine 1872, n°8, paragraphe 133), nous portons à la connaissance du public que l’agrandissement des places fortes de Metz et de Strasbourg et la mise en application des servitudes est prévue. Berlin, le 26 février 1872. Le Chancelier d’empire Fürst von Bismarck ».
Vendredi 12 avril 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : Construction des nouvelles fortifications.
Un journal de Strasbourg qui a repris un article publié par un journal allemand a publié cet article : « Strasbourg le 12 avril 1872. De Strasbourg, d’après la « Spener’schen Ztg. » à propos de la construction des ouvrages de fortifications” : « La ville doit être munie d’une ceinture de 18 forts distants en moyenne d’environ d’une lieue « Meile » de l’enceinte de la ville. Dans un premier temps, la construction de 5 forts au nord-ouest va être commencée, et l’exécution de ces travaux a été adjugée à plusieurs consortiums de maître maçons. La construction de ces 5 premiers forts doit être complètement achevée au 1er avril 1875. Les plans délivrés aux entrepreneurs sont assez succins, la réalisation des dessins de détail reste à leur charge, bien que les plans délivrés soient déjà de grande qualité. Ces consortiums commencent à présent à ériger sur les emplacements des futurs chantiers un certain nombre de logements et même des cantines pour les colonies de travailleurs d’une capacité d’environ 800 à 1 000 personnes. Ces derniers viendront essentiellement de l’ancienne Allemagne « Alt-Deutschland », puisque les Alsaciens ne veulent pas s’adonner librement à ces travaux. Seulement après l’achèvement de ces 5 forts que l’on commencera la construction des 13 autres, et là seulement, lorsqu’ils seront tous terminés, alors que le coût global est estimé entre 30 et 40 millions de Thaler, commencera la démolition des anciennes fortifications ». Remarque : on ne construira que 14 forts détachés autour de Strasbourg.
Mai 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : Corrections apportées à l’emplacement des forts détachés.
En mai 1872 le général von Biehler aurait apporté des corrections au piquetage sur le terrain de l’implantation des forts n°II à VII.
Jeudi 13 juin 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : avancement des travaux du chemin de fer de ceinture et préparation du chantier du Fort Niederhausbergen.
Un journal local a publié l’article suivant repris à partir d’un journal allemand : « Strasbourg le 13 juin 1872. On vient de publier dans le journal Niederrheinische Courrier, sur Hausbergen : Depuis plusieurs jours les travaux du chemin de fer de ceinture ont commencé ; sur la colline on a commencé à creuser un puits pour le fort et à ériger des baraquements pour les ouvriers. Les terrains destinés au fort sont débarrassés de leurs récoltes. Les propriétaires espèrent être indemnisés bientôt, puisque à la suite de l’expropriation le nouveau propriétaire vient d’en prendre possession ».
Jeudi 27 juin 1872
Allemagne, Strasbourg, place forte : Travaux des nouvelles fortifications.
Strasbourg le 27 juin 1872. Le journal de Vienne Neue Freihe Presse écrit d’ici : « Des forts qui doivent transformer notre ville en place forte de 1er rang, depuis quelques temps les travaux de certains d’entre eux ont été pris à bras le corps, et plus précisément les deux, qui couronnent les Hausbergen, une croupe de terrain allongée fort imposante, situé environ sur la ligne entre Strasbourg et Saverne. C’est seulement après l’achèvement des forts que l’on commencera l’extension de la ville qui est d’ailleurs fort attendue, une date surveillée par l’association de promotion de la construction « Bauverein » qui vient d’être créé. Cette association d’entre aide doit aider les familles dans l’acquisition des logements, en leur permettant de payer par fractions ces investissements. D’ailleurs, le manque de logements actuel sera bientôt résorbé, puisque dès cet automne on aura reconstruit la plupart des immeubles détruits lors du siège ».
Lundi 1er juillet 1872
Allemagne, Strasbourg, place forte : Travaux des nouvelles fortifications.
De l’Alsace le journal « Deutsche Presse » publié à Francfort a écrit sur les fortifications de Strasbourg : « Au Strasbourg, 1er juillet (1872). Au nord entre l’Ill et le Rhin l’enceinte de la ville, qui reliera à 3 kilomètres l’actuel front jusqu’au canal, sera avancée de telle façon, que les belles promenades entre la Robertsau et la place de la Robertsau seront incluses dans l’enceinte. C’est à cet endroit que l’on construira un port et canal, qui vient du Rhin et passe par Kehl, et permette un meilleur approvisionnement. A l’ouest, au-delà du front qui regarde vers la France, le côté qui nécessite naturellement une meilleure défense, la Prusse érige un vaste camp retranché « verschanztes Lager » qui peut accueillir une armée de 200 000 hommes, qui avec Strasbourg et cinq grands forts en forme d’étoile « sternformige Forts » qui seront érigés sur les points suivants, en commençant par le nord : le Fort Reichstett, à environ 8 kilomètres au nord-est de la nouvelle enceinte, qui contrôle face à l’ouest la route vers Lauterbourg et vers l’est le chemin de fer vers Paris et ultérieurement deux lignes de chemin de fer projetées dont l’une relie la ville et les forts et l’autre qui relie les forts entre eux. Plus au sud à environ 3 kilomètres de ce premier Fort Reichstett où se trouve d’une part la route vers Wissembourg, et d’autre la grande ligne de voies ferrées vers Paris, le Fort Souffelweyersheim, à un kilomètre au sud-ouest le Fort Niederhausbergen près de la grande route de Strasbourg à Bouxwiller et enfin, les ouvrages d’Oberhausbergen et de Wolfisheim qui commandent la route allant à Saverne, Paris et le canal de la Bruche. Les emplacements de ces cinq forts ont été astucieusement choisis. Tous dominent le terrain dans la plaine de Strasbourg, qui est située à une hauteur de 150 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le Fort Reichstett est à une hauteur de 150 mètres, celui de Souffelweyersheim a une hauteur identique, ceux de Niederhausbergen et d’Oberhausbergen respectivement à 191 et 173 mètres, et enfin celui de Wolfisheim à 160 m au-dessus du niveau de la mer. Le premier, situé au nord du camp retranché, s’appuie sur les marais de la Souffel, et le cinquième au sud, sur les bras confluents de l’Ill. Sur le Rhin, en passant par Kehl, il est toujours possible d’amener de l’aide de toute sorte en provenance d’Allemagne ».
Juillet 1872
Début de construction du Fort IV, Fort Niederhausbergen, par le consortium d’entreprises Pathe - Jerschke – Schneider.
Mercredi 3 juillet 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : Construction des nouvelles fortifications de Strasbourg.
Un correspondant strasbourgeois de la Presse allemande de Francfort donne à ce journal des détails sur les nouvelles fortifications de Strasbourg ; ces renseignements sont reproduits par la Gazette de Strasbourg. Du côté de la France on construira un vaste camp retranché pouvant contenir 200 000 hommes et relié la ville par cinq forts ; le fort de Reichstett, à 8 kilomètres au nord de la nouvelle enceinte ; le fort de Souffelweyersheim ; le fort de Niederhausbergen ; celui de Oberhausbergen et celui de Wolfisheim. Le fort de Reichstett dominera la route de Lauterbourg et le chemin de fer de Paris ; celui de Souffelweyersheim dominera également cette dernière ligne ; celui de Niederhausbergen, la route de Bouxwiller ; les deux autres forts, la route de Saverne et le canal de la Bruche.
Vendredi 5 juillet 1872
Allemagne, Phalsbourg, fortifications : Travaux de démolition des anciennes fortifications.
Un journal de Strasbourg a publié l’article suivant : « Metz, le 5 juillet 1872. Nous avons lu dans le journal Deutsche Allgemeine Zeitung : Lors d’une de mes récentes excursion à Phalsbourg j’ai pu constater l’avancement des travaux d’arasement de la place forte. Les murs hauts de 40 pieds sont pratiquement entièrement démolis et les gravats de ces derniers comblent les fossés sur une hauteur de 3 à 4 pieds. Le transport des pierres nécessaires aux autres travaux de fortification entraînera encore plus d’efforts et de frais que les travaux de démolition. Etant donné que l’installation d’une voie de chemin de fer est projetée entre Phalsbourg et Lutzelbourg et que le transport des pierres en voiture par-dessus la montagne est impossible, elles resteront sur place en attendant la construction de cette ligne. Les 41 maisons situées à l’intérieur de la ville qui ont été détruites par les bombardements ou par le feu, ont été, à part deux d’entre elles, toutes reconstruites et sont plus belles qu’avant ; en réalité la ville ne perd rien à l’arasement de ces ouvrages de fortification et à l’avenir elle n’est plus menacée par un bombardement. Phalsbourg doit recevoir une forte garnison, qui pourra être largement hébergée dans ces belles et grandes casernes ».
Samedi 6 juillet 1872
Allemagne, Reichsland Alsace-Lorraine : Nouvelles diverses concernant les places fortes d’Alsace-Lorraine.
On lit dans la « Metzer-Zeitung », un des deux journaux allemands crées à Metz pour la garnison et la colonie : « Les fonctions de commandant et de major de place à Bitche viennent d’être supprimées. L’ensemble du réseau des places fortes de la nouvelle province allemande se réduit donc à Metz, Thionville, Strasbourg et Brisach. La direction générale des travaux de Strasbourg, comprenant l’achèvement de ceux qui sont commencés, les projets nouveaux à proposer, l’extension à donner, vient d’être confiée au colonel de génie Klotz. On assure que la construction des forts s’exécutera d’après des principes nouveaux. Il sera donné la plus grande attention aux travaux de communication, par télégraphe et chemins de fer, des forts avancés, soit entre eux, soit avec la ville ou les dépôts, magasins, quartier-général, etc., qu’elle renferme. Des systèmes nouveaux sont également appliqués à l’organisation des hôpitaux, et à l’établissement des abris pour les garnisons destinées à la défense de ces grandes places d’armes. La plus grande partie de l’armement de l’artillerie de ces forteresses consistera en pièces des plus gros calibre ».
Mardi 14 novembre 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : Construction de la ceinture des forts détachés.
La presse locale nous livre les renseignements suivants au sujet de la construction des nouveaux forts détachés de Strasbourg : « Le 14 novembre 1872. Ces derniers temps, les travaux de terrassement et de maçonnerie des forts de Strasbourg ont bien avancé. Plus de 1 800 travailleurs et charretiers œuvrent actuellement sur les forts de Niederhausbergen, Mundolsheim et Reichstett. Ce chiffre augmente tous les jours par la venue de journaliers et de valets de ferme, qui quittent les paysans pour percevoir un salaire plus conséquent. Ce rassemblement de force de travail permet d’espérer que les travaux de construction des forts seront achevés dans 6 mois, c’est-à-dire avant l’échéance qui a été fixée. Pour stimuler le rendement des travailleurs, ils ne sont pas payés au tarif journalier mais à la tâche. De cette façon, un bon tailleur de pierre gagne jusqu’à 84 francs par semaine et récemment un charretier équipé de deux chevaux solides a gagné 235 F en deux semaines. Les mineurs quant à eux gagnent bien 7 à 8 F par jour. Pour ce travail ce sont plus particulièrement les Italiens qui démontrent leur assiduité au travail. Lors d’un tel rassemblement d’ouvriers en provenance de toutes les régions d’Europe, on trouve également certains individus qui ont une attirance particulière pour les vêtements d’hiver qu’ils échangent contre leurs effets déchirés, et ces vols exécutés dans les cantines, sont fréquents. D’autres ont la même attirance pour les légumes plantés par les paysans. Espérons que l’hiver qui approche veuille nous épargner de ces rigueurs, sinon en cas d’un arrêt des travaux de nombreuses mains seraient sans emploi, ce qui aurait des conséquences fâcheuses pour les villages environnant ».
Lundi 16 décembre 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : Les forts de Strasbourg sur les deux rives du Rhin.
Les renseignements suivants sont empruntés aux Gazettes de Cologne et de Strasbourg : « On doit commencer, dans un bref délai, la construction des forts de la rive droite du Rhin ; les travaux de terrassements seront entrepris dans les premiers mois de l’année prochaine, sitôt que le temps le permettra.
Le fort du sud (Marlen) est situé au sud de la Kinzig, à environ une demi-lieue du Rhin, commandant la route du Rhin Altenheim-Laar. Le fort de l’Est (Neumühl) commande la route Kehl – Willstett –Appenweier – Oberkirch - Freudenstadt et, par conséquent, les communications avec le Wurtemberg, par la vallée de la Renchen. En outre, les forts de Marlen et de Neumühl rendent maîtres des communications principales de la vallée de la Kinzig. Le premier fort couvre la route Goldscheuer-Offenburg ; le second, les nœuds de communications entre les vallées de la Renchen et celles de la Kinzig (Villstett-sand-Hausach-Ulm). On défend ainsi deux des plus importants passages de la forêt Noire. Le fort du Nord est situé tout près du village d’Auenheim, commandant la route Kehl-Rastadt et correspondant au fort de Reichstett, construit sur la rive gauche. Le fort de Marlen est, en ligne droite, à 8 kilomètres de l’enceinte sud de la ville de Strasbourg, à 8 kilomètres du nœud de communications de Sand, à 10 kilomètres d’Appenweier (embranchement du chemin de fer) et à 3 kilomètres 5 du fort d’Auenheim. Le fort d’Auenheim, situé au nord-est du village de ce nom, est à une distance de 5 kilomètres 5 de la citadelle de Strasbourg, à 2 kilomètres 5 de Bodersweier (route du Rhin) et à 8 kilomètres du fort de Reichstett. Depuis quelques temps, la construction des forts de la rive gauche paraît très avancée. On aperçoit actuellement des échafaudages en bois, hauts de 55 à 65 pieds, servant à profiler les remblais. 2 000 travailleurs sont occupés aux trois forts de Niederhausbergen, Reichstett et Mundolsheim. Cet effectif augmente chaque jour. L’établissement des forts exige le défrichement d’une partie de la forêt communale de Strasbourg, dans la Wantzenau. On espère que la construction des forts sera terminée avant six mois, c’est-à-dire avant le délai fixé. Les murs d’enceinte tomberont dès que ces travaux seront achevés ».
Mercredi 18 décembre 1872
Allemagne, Strasbourg place forte ; Réalisation d’une carte des forts détachés n°1 à 9.
Réalisation de la carte de relevé de terrains sur la ligne des forts n°1 à 9 de la rive gauche du Rhin, à l’échelle 1/125 000e, dimension 152,5 cm x 123 cm, attachée au rapport du 18 décembre 1872.
Samedi 18 janvier 1873
Allemagne, Strasbourg : méthode de conversion des monnaies en cours.
Un journal local nous livre l’article suivant : « Strasbourg, 17 janvier 1873. Dans le « Zaberner Wochenblatt » nous trouvons une formule simple, que finalement beaucoup de monde utilisera. Il s’agit de la conversion des francs en Thalers. Voici la procédure.
Divisez les francs par 2. Le résultat devient des Groschen. Redivisez ces Groschen par 2. Le résultat devient des Thalers. Exemple : pour 20 francs, combien de thalers ?
Résultat : La moitié de 20 est 10. Donc 10 Groschen.
Divisez 10 par 2. Le résultat est de 5, c’est à dire 5 Thalers.
Donc, 20 francs nous donnes 5 Th. 10 Groschen ».
Mardi 11 février 1873
Allemagne, Strasbourg place forte : rumeurs concernant le départ des ouvriers italiens des chantiers de construction des forts détachés.
La presse locale nous informe : « Strasbourg, 9 février 1873. La rumeur rapportée par plusieurs journaux concernant le départ des italiens employés à la construction des forts de Strasbourg, pour aller en Espagne et combattre pour le roi Amadeus, est totalement fausse. Il est vrai qu’une partie des Italiens a quitté l’Alsace, mais pas pour récupérer les lauriers de la gloire au pays des châtaignes, mais pour travailler au percement du tunnel du Saint-Gothard contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Cette nouvelle est certainement plus crédible que la première rumeur, et en plus, tous les travailleurs italiens que l’on a interrogés ont répondus dans ce sens ».
Lundi 1er septembre 1873
Allemagne, Strasbourg place forte : Baptême des 12 premiers forts détachés.
Les 12 premiers forts détachés de Strasbourg seront baptisés par l’ordonnance impériale du 1er septembre 1873. Les noms des plus illustres personnages qui ont eu un rôle ou un commandement important pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871 seront utilisés à cet effet. Les personnages les plus importants pour les grands forts, et les autres pour les forts de taille moyenne. Ces noms seront en vigueur jusqu’en avril 1918 et pendant l’occupation de fait allemande de mi-juin 1940 au 23 novembre 1944. Initialement, le nom était inscrit au-dessus de l’entrée de la poterne principale, sur la façade de gorge, à l’aide de lettres métalliques, en étain doré à la flamme. Dans chaque fort, au niveau de la pièce du commandant du fort, on trouvait en règle générale le portrait offert par l’illustre personnage du nom qu’il portait.
Le Fort IV ou Fort Niederhausbergen est baptisé Fort Veste Kronprinz par un ordre du Cabinet impérial datant du 1er septembre 1873. Les militaires français le dénomment Fort Prince Royal, jusqu’au début de l’année 1919. A quelques mètres près, le Fort IV est en effet le plus grand fort détaché de Strasbourg, et c’est le personnage le plus important de l’empire après Guillaume Ier, qui est attribué à cet ouvrage. Par ailleurs on ajoute le terme de Veste (Feste), c’est-à-dire forteresse, pour le plus imposant des forts.
Vendredi 19 mars 1874
Empire allemand, Strasbourg : vente aux enchères de traverses du chemin de fer de ceinture.
La presse locale du jeudi 19 mars 1874 a publié le communiqué suivant : « Communiqué. Vendredi, le 19 mars (1874) matin à 9 heures, à Oberhausbergen, et le matin à 11 heures à Wolfisheim, sur le chemin de fer de ceinture « Ringbahn », seront vendu aux enchères publiques au plus offrant, 580 vieilles traverses de chemin de fer, contre payement immédiat en liquide. Strasbourg, le 18 mars 1874. Le service impérial des fortifications « Kaiserliche Fortifikation ».
1946
France, Strasbourg : Création du dépôt de munitions à détruire au fort Foch.
Un dépôt de munitions est installé au fort Foch après 1945 environ. Parmi ceci on trouve des munitions qui proviennent des services de déminage qui récolte les nombreux projectiles et munitions jonchant la région après la seconde guerre mondiale. Ces munitions étaient détruites en partie à la batterie des Cerisiers située à environ 750 m du fort Foch où récupérée par des entreprises chargées de leur destruction. L’entreposage de munitions cesse à priori après le terrible accident du 17 novembre 1953.
Mardi 17 novembre 1953
France, Strasbourg garnison : explosions au fort Foch à Niederhausbergen.
Le mardi 17 novembre 1953, vers 11h30-11h40 une gigantesque explosion a retentie à l’ouest de Strasbourg, ce qui a provoqué un moment de panique au sein de la population. En effet, un énorme champignon de fumée s’élève au-dessus du fort Foch, et de terribles explosions se succèdent au fort Foch à Niederhausbergen pendant plus de huit heures et entraînent malheureusement le décès de six personnes.
A cette époque, le fort Foch est utilisé comme dépôt de munitions par une unité de l’arme du matériel, basée à l’Esplanade à Strasbourg. Ce sont près de 200 tonnes de munitions qui sont entreposés dans les travées casematées du fort. On y entrepose également des munitions allemandes destinées à être détruite au fur et à mesure. Le fort étant situé à 750 m de la batterie des Cerisiers, qui sert également à cette époque de polygone de destruction. Une partie des munitions est également remise à des sociétés chargées de leur destruction. Nous essayons de reconstituer le déroulement des faits d’après les témoignages parus dans la presse locale et nationale.
Extrait du magazine « Détective » du 17 novembre 1953 (Collection MJR)
Le mardi 17 novembre 1953 matin, sous la surveillance de l’adjudant Weber, une équipe d’ouvriers dirigé par Aloyse Martin, avec le gardien de l’ouvrage dénommé Emile Claus ainsi que les ouvriers Eugène Carlen, Charles Muller, Auguste Grunder et Paul Broesbstel et Raymond Litt, est chargée de déplacer à l’aide de wagonnets des caisses contenant des grenades allemandes non désamorcées, entre les alvéoles casematées et l’entrée du fort. En effet ces grenades devaient être remises à une entreprise de Verdun chargée de leur destruction. A l’époque on suppose que l’une de ses grenades serait tombée et aurait provoqué une réaction d’explosions en chaîne. Compte tenu que les témoins directs ont péris dans cet accident, il est difficile d’en savoir plus. Ce matin vers 11 heures, l’adjudant Weber s’est absenté du fort pour aller prendre son déjeuner au fort Frère. De même le benjamin de l’équipe, Raymond Litt, a été envoyé à la même heure à Niederhausbergen pour acheter des cigarettes pour l’un des ouvriers et de quoi faire des casse-croutes pour d’autres. Ce seront les seuls rescapés du fort Foch.
Vers 11h30 ou 11h40 selon les témoignages, retenti une terrible explosion et qui déclenche également une série d’incendies. Ramond Litt qui était de corvée de casse-croûte et c’était notamment rendu au café du Cheval Noir, à ce moment-là témoigne : « Au moment où il allait regagner le fort, un souffle d’une extrême violence me plaque au sol. J’ai entendu un fracas infernal. La porte d’entrée du fort a été projetée au loin comme un fétu de paille ». « Sur la colline qui domine le village de Niederhausbergen, des flammes rougeâtres, trouant l’épaisse corolle de fumée noire, fouillaient le brouillard comme pour brûler le ciel ». Une section de soldats qui était en manœuvre dans les parages du fort est accourut immédiatement. Malheureusement ces soldats ne pouvaient pas pénétrer à l’intérieur de l’ouvrage pour porter secours aux ouvriers. Les explosions se succèdent toute la journée. Une importante pluie de projectiles s’abat sur les environs. Les explosions les plus violentes causent de nombreux dégâts matériels sur les bâtiments des villages des environs, et surtout à Niederhausbergen. Le feu, la fumée et de sèches explosions interdisent longtemps aux plus vaillants de fouiller les ruines du fort. Les secours civils et militaires se sont rapidement déplacés à Niederhausbergen. Un poste de commandement a été installé au restaurant du Cheval Noir où se retrouvaient les militaires, les pompiers et les journalistes.
Extrait du magazine « Détective » du 17 novembre 1953 : l’adjudant-chef Weber et M. Raymond Litt, les seuls survivants, devant le fort Foch (Collection MJR)
Vers 15 heures, on entend l’explosion des obus de 155 mm, grâce à leur bruit d’explosion très caractéristique. Le rythme de ces déflagrations est hallucinant. Pendant toute la durée de l’incendie et des explosions aucun secours ne peut pénétrer à l’intérieur de l’ouvrage.
A Niederhausbergen, la population a été consignée chez elle. Dans la rue principale on croise des camions-pompes des pompiers et des ambulances de l’armée. On avait interdit aux enfants de se rendre à l’école. Un habitant de Niederhausbergen avait témoigné : « Je travaillais à Strasbourg. Quand je suis rentré chez moi, le soir de l’explosion, j’ai découvert ma maison en piteux état, avec des volets arrachés, des vitres cassées, un plafond fendu. Nous avons été très vite remboursés des réparations pour la préfecture ». Après une accalmie, les explosions ont repris vers 17 heures.
Extrait du magazine « Détective » du 17 novembre 1953 : l’aile gauche du fort Foch en ruine (Collection MJR)
Vers 20 heures, à la demande de l’autorité militaire, les habitants des maisons les plus proche du fort ont même dû quitter leurs maisons, par mesure de prudence. Enfin, à 20h10, une dernière explosion se fait entendre et peu à peu le calme se rétablit au fort Foch, et la brume couvre la plaine. Malheureusement six personnes sont déclarées disparues. D’après le journal Détective, l’auberge du Cheval Noir n’a pas fermé ses portes. Dans l’arrière-salle, le général Pique-Aubrun, gouverneur militaire de Strasbourg, arpente inlassablement la pièce. Quelles sont les causes de l’accident : le général Pique-Aubrun n’en voit que deux : une grenade amorcée a fait explosion, ou bien une caisse de munitions ayant heurté un objet quelconque, ou étant tombé, a provoqué la catastrophe.