Zwischenwerk Neu-Empert - Ouvrage intermédiaire Neuf-Empert

 

Dernière mise à jour : 23 / 06 / 2022

 

Auteur de la page : Mohr-Joerger Richard.

 

 

Voici l’essentiel des informations disponibles concernant l’ouvrage Neuf-Empert dénommé Zwischenwerk autrefois Neu-Empert. Ces textes sont encore rédigés en langue française. Toutefois, petit à petit nous traduisons les différentes rubriques en langue allemande. Lorsque cela est possible nous utilisons les textes originaux avec l’orthographe de l’époque.

 

Situation géographique

 

L’ouvrage a été construit sur le ban de la commune de La Wantzenau, entre l’Ill et la route de Strasbourg-Robertsau à la Wantzenau à l’ouest et le bras du Rhin dénommé Steingiessen à l’Est.

 

Situation actuelle : lieudit « Durspalt », impasse Fort Neuf-Empert, 67610 La Wantzenau.

Cadastre : Section 78, parcelle n°23 ; superficie : 7 563 m².

 

 

Cartographie

 

 

Avant la construction de l’ouvrage intermédiaire

 

1870 environ : Extrait d’une carte française éditée par Vve Berger-Levrault & Fils, avec les environs de l’emplacement du futur ouvrage Neuf-Empert. Collection BP.

 

Après la construction de l’ouvrage intermédiaire

 

1904 : Carte des environs du Fort Rapp (Fort Moltke), de l’ouvrage intermédiaire Ney-Rapp (Zwischenwerk Fransecky-Moltke) Fort Ney (Fort Fransecky) et de l’ouvrage Neuf-Empert (Zwischenwerk Neu-Empert). L'emplacement des ouvrages a été ajouté à l’encre noire à la plume à cette époque. Collection MJR.

 

22/05/1914 : Vue du secteur de l’ouvrage Neuf-Empert sur la carte de mise en état de défense de l’artillerie. Naturellement, tout ce qui est prévu sur ce plan n’a pas été réalisé et dès fois des ouvrages complémentaires ont été construits durant le début de la Première guerre mondiale. Toutefois il comporte des renseignements assez précis sur l’organisation de l’artillerie, la position des ouvrages et des zones inondables, les tranchées et les réseaux de fils. Ce plan nous indique que l’ouvrage est dans le secteur Nord de la place forte. A l’est de l’ouvrage on distingue une importante zone inondable, qui peut être tendue entre la digue située à la gorge de l’ouvrage et le Rhin et le chemin et la digue qui part sur la droite de l’ouvrage en direction de la Wantzenau. La mise en œuvre des zones inondables ne ce fait que sur ordre en cas d’approche de l’ennemi. Un réseau de fils de fer couvert de barbelé doit être installé le long de la digue située au sud le long de la zone inondable, jusqu’au Rhin et sur sa gauche, c’est uniquement un réseau de fil qui doit couvrir le secteur, certainement que le creusement de tranchées n’était pas possible à cause de la proximité de la nappe phréatique. La couleur bleue indique que ces aménagements doivent être réalisés dès la mise en état de défense, et achevés avant le 20e jour de mise en état de défense. La zone comprise entre l’ouvrage Neuf-Empert et le Rhin est un des rares endroits où l’on n’installe pas de tranchées. Au niveau de l’angle droit et gauche de la gorge, à l’extérieur de l’ouvrage, on programme l’installation de deux batteries de flanquement. Ces batteries de flanquement comportent en règle générale deux emplacements de pièces par batterie et un abri à canons et à munitions, réalisé selon les endroits, soit en fortification provisoire (bois et terre), soit en fortification permanente (béton). Compte tenu de la proximité de l’ouvrage Neuf-Empert il est peu vraisemblable qu’un abri ait été érigé. La batterie de flanquement n°1 est une batterie double qui devait tirer en direction est-sud-est, et dans le prolongement de la digue sud, en direction du Rhin et de l’agglomération de Leutesheim située sur la rive droite du Rhin (Bade) et en direction du nord-nord-est, par-dessus la zone inondable. La batterie n°2 située à gauche de l’entrée de l’ouvrage devait couvrir la lisière de la forêt en direction de l’ouest, c’est-à-dire en direction du Fort Fransecky. Ces deux batteries sont dotées dès la mise en état de défense de deux anciens canons de 9 cm par batterie. Ils sont servis par l’infanterie, et la dotation de munition des batteries de flanquement est intégralement positionnée dans ces batteries. Le poste de commandement du secteur est installé au « Englischerhof » (actuel Château d’Angleterre). A remarquer également que sur la rive droite le village de Leutesheim est une des agglomérations qui doit être mise en état de défense sur le côté nord du village en tant qu’avant-poste et le gros trait rouge situé devant le village indique qu’il s’agit d’une position éventuelle de l’artillerie de campagne. Les routes et chemins surlignés de rouge sont les itinéraires d’approche éventuelles de l’ennemi. Le village est également muni d’un poste d’observation avec liaison téléphonique, en règle générale ils sont installés dans les clochers. Plan numérisé au profit du CESFS, archives GSTPK, Berlin.

 

1915 : Extraits d’une carte allemande de 1909, n°3618 Schiltigheim, échelle 1/20000, avec les indications du Service Géographique des Armées françaises (SGA) représentant le front Nord de la ceinture des fortifications de Strasbourg. L’organisation connue des défenses allemandes est indiquée en rouge. Carte éditée en France en 1915. Naturellement ce type de document réalisé avec l’aide des services de renseignements français peut comporter un certain nombre d’erreurs. Carte du Service Historique de la Défense, collection CESFS.

 

2017 : Vue satellite du secteur. Les ouvrages situés à proximité : à l’ouest, le fort Ney, les positions et abris d’infanteries I-34 et I33, ainsi que la maison du garde du génie « Wallmeisterhaus », la casemate d’infanterie 18/3 Unterjaegerhof et à l’est la position et l’abri d’infanterie I-32. Légendes MJR sur fond de vue Wikimapia 2017.

 

Vues aériennes

 

1998 : Vue aérienne de la zone entre le Fort Ney, l’ouvrage intermédiaire Neuf-Empert et le Rhin.

Source : I.G.N. Institut Géographique National.

 

Situation stratégique

 

 

1887-1918 : Secteur Nord de la Ceinture des forts détachés de Strasbourg – Rive gauche du Rhin –Intervalle entre le Fort Fransecky et le Rhin.

 

1939-1940 : Secteur Fortifié du Bas-Rhin. Sous-secteur de Strasbourg.

 

 

Distances avec les autres ouvrages

 

 

A l’Est sur la rive droite du Rhin : Fort XII - Fort Blumenthal : 3,756 km (2.334 miles).

A l’Ouest : Fort I – Fort Wantzenau - Fort Fransecky – Fort Ney : 1,896 km (1,178 miles)

Au Sud : Enceinte urbaine au sud : 5,8 km (3,6 miles).

 

Construction - modernisations

 

30 / 12 / 1886 : Ordonnance impériale concernant la construction de 5 ouvrages intermédiaires sur la ceinture des forts de Strasbourg. Il s’agit des futurs ouvrages intermédiaires Neu-Empert, Fransecky-Moltke, Baden-Bismarck, Sachsen-Tann, Werder-Schwarzhoff.

 

1887 – 1888 : Construction.

 

1890-1918 : Modernisation. La caserne centrale a été dotée de trois systèmes de ventilation forcée et les portes et fenêtres ont été partiellement murées. Sur la façade de gorge on a installé des meurtrières pour la défense rapprochée des entrées, qui couvrent les accès. Ces dernières ont été munies de volets blindés à glissière. Deux postes d’observation légers en tôle zinguée types « guérite escargots » ont été installés sur chaque angle du front de tête. Les portes des deux traverses-abris ont été partiellement murées.

 

02/08/1914 – 04/1916 : Travaux de mise en état de défense de l’ouvrage Neuf-Empert. Les travaux de défense au Fort Fransecky et dans ses alentours sont assurés initialement par les bataillons de travailleurs n°1 et 3 stationnés dont le poste de commandement est à Reichstett. Le bataillon de travailleurs n°1 est commandé par le capitaine « Hauptmann Heitz » d’après un ordre du gouvernement du 7 août 1914.

 

25/09/1914 : Travaux de mise en état de défense. Journal du curé Aloys Postina de La Wantzenau : « Des attelages chargés de ciment, de poteaux et de fil de fer barbelé se rendent à l’ouvrage Neu-Empert ».

 

1935-1940 : Modernisation. Installation d’un poste de tir pour arme d’infanterie en béton dans la traverse-abri droite, d’un poste de surveillance en briques et béton sur le flanc droit et d’un masque en béton pour canon de 25 mm sur l’angle d’épaule gauche. Près de l’entrée, on a érigé un blockhaus couvrant le plan d’eau situé sur la gorge. Le pont avait été muni de sacs de sables pour protéger l’accès à l’ouvrage.

 

Dénominations successives

 

Contrairement aux autres ouvrages intermédiaires qui prennent le nom des forts situés de part et d’autre, son nom est emprunté au patrimoine local (lieudit Altembert ou Vieil-Empert et Neuembert) et il fut conservé après la guerre par les Français. Il a pris le nom de « Neu-Empert » en allemand ou « Neuf-Empert » en français.

 

1888 - 1918 : Zwischenwerk Neu-Empert.

 

04 / 1919 : Ouvrage Neuf-Empert.

 

07 / 1940 : Zwischenwerk Neu-Empert.

 

1945 : Ouvrage Neuf-Empert.

 

Mission

 

 

1888-1918 : Construit lors des travaux de renforcement de la place par suite de la crise de l’obus torpille ou crise de la brisance en Allemagne, il renforce initialement l’intervalle entre le Fort Fransecky et le Rhin, pour empêcher toute infiltration par la forêt épaisse et humide ou par la digue du Rhin. Ultérieurement sa mission sera d’autant plus importante puisqu’il assure la sécurité des approches du pont de guerre n°1 dont l’établissement était prévu dès la mise en état de défense. Avec la planification de l’édification de batteries dans les intervalles en cas de mise en état de défense, il n’est plus doté d’artillerie quelques années avant le déclenchement de la Première guerre mondiale et assure un rôle de point d’appui.

 

1935-1940 : Compte tenu de sa proximité avec le Rhin, l’ouvrage été intégré dans le plan de défense du secteur fortifié du Bas-Rhin. Il servait de point d’appui destiné à couvrir les chemins menant aux berges du Rhin. De nombreux petits blockhaus ont été érigé dans le secteur. Il est en mesure de fournir un abri et une cuisine aux troupes chargées de la défense du secteur.

 

Plans - coupes

 

1946 : Plan de masse établi par le service du génie français.

1946 : Coupe A – B, du plan de masse établi par le service du génie.

1946 : Coupe C – D, du plan de masse établi par le service du génie français.

1946 : Détail du bloc d’entrée gauche, du plan de masse établi par le service du génie français en 1946. Ce local était vraisemblablement utilisé comme poste de garde. Le bloc d’en face à droite de l’entrée comprenait les latrines tout en étant équipé de meurtrières (comme la casemate d’entrée gauche) pour la défense rapprochée. Collection MJR.

15 / 03 / 1989 : Plan extrait d’un dossier des terrains d’exercices de la garnison. La partie centrale appartient au ministère de l’éducation Nationale (Université). Collection MJR.

 

Caractéristiques générales

 

L’ouvrage intermédiaire Neuf-Empert est un petit ouvrage de forme trapézoïdale muni d’un fossé plein d’eau, dont le plan et l’organisation générale est similaire à l’ouvrage intermédiaire Uhrich-Hoche, érigé au sud de Strasbourg. Un massif de terre quasi-rectangulaire et non revêtu abrite une cour intérieure dont le centre est occupé par une caserne à l’épreuve des bombes, flanquée par deux abris de piquets. La caserne comportait 8 travées casematée, avec un couloir de desserte au niveau de la gorge.

 

Ces locaux étaient destinés à l’hébergement de la troupe et des officiers, ainsi qu’une cuisine moderne qui était équipée de deux cuves à bain marie et d’une rôtissoire et d’un percolateur, des locaux de stockage et de locaux d’artillerie. Le front de tête comporte deux traverses-abris. Cinq plates-formes dévolues à la mise en place de pièces d’artillerie permettaient essentiellement le déploiement de canons de flanquement des intervalles. Un état de 1905 précise que les deux ouvrages intermédiaires à fossé plein d’eau ne devaient compter qu’un armement de 4 pièces de 9 cm dans le cadre de la mise en état de défense. De taille trop réduite pour justifier la présence d’un système de défense contre l’infanterie, les ouvrages sont donc dépourvus de caponnières de tête ou de flancs et cette mission est assurée à partir du rempart lui-même. La gorge et l’entrée de l’ouvrage est défendue deux blocs de défense rapprochée encadrant le portail d’accès, qui est défendu par des grilles. Un pont enjambe le fossé au niveau de l’entrée.

 

Données chiffrées concernant l’ouvrage Neuf-Empert

 

Ces données se réfèrent sur le plan français de 1946. En l’absence de plan allemand d’origine, elles nous donnent une idée approximative des dimensions de l’ouvrage, qui naturellement ont dû subir des modifications au fil des années, à moins que le service du génie se soit référé à l’époque à des plans allemands.

Largeur du plan d’eau du fossé : front : 15 m, flanc droit 15 m, flanc gauche environ 20 m, gorge 8,20 m. Profondeur du fossé : 3,75 m. Depuis la nappe phréatique s’est enfoncée avec le lit du Rhin et la vase liée à la végétation recouvre le fond du fossé.

Banquette d’artillerie du front de tête : est à 3,30 m au-dessus du terrain naturel et la crête de feu est à 5,50 m au-dessus du terrain naturel.

Banquettes d’artillerie des flancs droit et gauche : chaque flanc comporte deux banquettes d’artillerie séparées par une traverse pleine en terre. Les banquettes sont 3,90 m au-dessus du terrain naturel et leur crête de feu à 4,50 m au-dessus du terrain naturel.

Dessus de l’abri : à 7,70 m au-dessus du terrain naturel. La crête du rempart de gorge est à 4,50 m au-dessus du terrain naturel.

 

Armement

 

D’après le plan d’armement de 1905, il devait être doté de 4 pièces de 9 cm lourdes sur affût de forteresse. Mais à peine quelques années plus tard, il ne sera plus question de leur affecter des pièces d’artillerie puisque le plan de mise en état de défense ne prévoyait même pas de l’armer.

Canon de 9 cm en acier sur affût de forteresse. Collection MJR.

 

Garnison - garde

 

1870 – 21/11/1918 : Empire allemand

 

1902 : Règlement de garnison de Strasbourg.

Garde fournie par le Fort Fransecky, relevé toutes les 24 heures.

Effectif : 1 caporal « Gefreiter » et 1 homme du rang.

Poste de jour : 1 « Patrouilleur » (sentinelle mobile), avec cartouches.

Le Fort Fransecky est un des rares grands forts de Strasbourg qui ne dispose pas de garnison permanente hormis en automne 1902, où séjourne dans le fort une compagnie du régiment d’infanterie n°126 (I.R. 126). Le fort était vraisemblablement occupé par un détachement de 50 hommes qui assurait les différentes relèves. Le fait qu’il n’y a pas de garnison permanente nous prive de la liste des unités qui ont séjournées.

 

02/08/1914 : 1er jour de mobilisation générale en Allemagne.

Au fur et à mesure de leur arrivée, les unités de réserves ou territoriales remplacent les postes de garde et garnisons de forts et ouvrages de Strasbourg.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Galerie de photos : Zwischenwerk 1 Neu-Empert (Ouvrage intermédiaire Neuf-Empert)