Fort XI – Fort Neumühl - Fort Bose
Dernière mise à jour : 11 / 06 / 2022
Auteur de la page : MJR
Voici l’essentiel des informations disponibles concernant le Fort XI – Fort Bose. Ces textes sont encore rédigés en langue française. Toutefois, petit à petit nous traduisons les différentes rubriques en langue allemande. Lorsque cela est possible nous utilisons les textes originaux avec l’orthographe de l’époque.
Situation géographique et stratégique
Le Fort XI – Fort Bose a été érigé sur la rive droite du Rhin, à l’Est de Kehl, à proximité de la commune de Kehl-Neumühl.
Carte du secteur de Neumühl – Kork – Marlen extrait de la carte des environs de Strasbourg de 1870.
Source : Collection Philippe Burtscher.
Distances avec les autres ouvrages
Fort Blumenthal : 3,601 km (2,237 miles).
Fort Kirchbach : 3,380 km (2,1 miles).
Enceinte urbaine : 5,7 km (3,5 miles).
Caractéristiques
Petit fort détaché de ceinture à fossé plein d’eau de type Biehler, au tracé pentagonal de lunette aplatie. Comprend 3 traverses par face, une grande poudrière de guerre sous chaque flanc. Caserne de gorge à un niveau comprenant de gauche à droite environ 9 + 7 + 7 + 9 casemates ; locaux d’artillerie également sous les faces et le saillant ; flanquement à partir du rempart et des deux caponnières d’épaule et par une caponnière de revers sur un îlot en face du saillant ainsi qu’à partir des coffres de la caserne de gorge ; poterne principale sous traverse en capitale ; entrée protégée par un tambour avec blockhaus de garde et place d’armes de gorge, accès à l’ouvrage par une digue traversant le fossé de gorge. 1887-1890 environ : renforcement partiel de l’ouvrage, installation de grilles au niveau de la digue d’accès à l’ouvrage et sur le mur d’enceinte du tambour.
Carte postale ancienne écrite le 18/06/1926 : Façade de gorge et de l’entrée du fort Bose. Devant le fort des soldats du 170e régiment d’infanterie, 3ème compagnie et 2 pièces française de 155 mm. Source : collection MJR.
Déroulement de la construction
08/02/1873 : Début des travaux préparatoires pour la construction des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin.
19/03/1873 : Début des procédures d’expropriation.
24/03/1873 : La presse rend compte que l’emplacement des forts a été matérialisé sur le terrain et que les procédures d’expropriation sont en cours.
25/10/1873 : La presse rend compte que le général von Kameke, deuxième ministre de la Guerre et ancien inspecteur général du Génie, a désigné les emplacements des trois forts de la rive droite lors de son passage à Strasbourg.
01/03/1874 : la presse rend compte que la construction des 3 forts de la rive droite du Rhin vient de commencer. Remarque : information erronée puisque l’adjudication n’est faite qu’en août 1874.
1874 – 1878 : Dates officielles du gros-œuvre.
03/08/1874 : Adjudication des travaux de construction et de livraison des matériaux des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin.
21/08/1874 : La presse rend compte que les travaux de construction des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin a commencé. Mais une note de renseignement française contredit cette dernière nouvelle. Elle précise que les travaux de la rive droite n’avaient pas commencé lors de la reconnaissance effectuée par un capitaine du génie vers le mois d’août 1874.
03/05/1875 : Une commission a fixé la limite des zones de servitude des 3 forts détachés de la rive droite : les bornes de la première zone ont été posée à 600 m du fossé et la 3e zone a été fixée à 2 250 m du fossé.
10 mars 1876 : Adjudication pour la livraison et les travaux d’installation des planchers, des portes, des volets et des fenêtres des forts Kirchbach, Bose et Blumenthal.
12/10/1876 : Le journal Straßburger-Zeitung nous informe que les travaux des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin devraient s’achever l’année prochaine.
15/03/1878 : Un journal local nous informe que les travaux des 3 forts détachés de la rive droite sont achevés et qu’ils ont été armés le 15 mars 1878 et doté d’un détachement de 40 hommes.
Dénominations successives
Fort XI
Fort n°11. Les forts détachés de Strasbourg ont été numéroté dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en commençant au nord, sur la rive gauche du Rhin, par le Fort I – Fort Fransecky – actuel fort Ney. Les deux petits forts complémentaires ont été insérés dans cette numérotation avec les numéros IIIa et IXa.
Fort XI. Die detachierte Forts von Straßburg wurden gegen den Uhrzeigersinnnumeriert von I bis XII, ab dem im Norden auf dem linken Rheinufer gegenen Fort I – Fort Fransecky – aktuel Fort Ney. Die zwei kleine Forts die den Festungsgürtel ergänzen, wurden mit der Nummer IIIa und IXa eingefügt.
Fort Neumühl
En règle générale, avant le baptême des forts, ils étaient également dénommés d’après l’agglomération située à proximité. Pour le Fort XI il s’agit de Neumühl, terme également utilisé par les Français pour décrire les travaux.
Fort Bose
Les autorités de l’empire allemand ont attribué les noms de militaires et de personnalités illustres qui ont participé à la guerre franco-allemande de 1870-71, et en règle générale les généraux qui ont combattus dans la région. Naturellement les plus grands ouvrages reçoivent le nom des personnages le plus illustres et les autres de généraux un peu moins importants.
Le Fort XI est baptisé Fort Bose par l’ordre du cabinet impérial « A.K.O. » du 1er septembre 1873.
Biographie du General Graf Julius Friedrich Wilhelm von Bose
Portrait du General Graf von Bose.
Foto vom General Graf von Bosen.
Julius Friedrich Wilhelm Bose a vu le jour le 12 septembre 1809 sur le domaine d’Engelsburg près de Sangerhausen. Il est le fils d’un capitaine de cavalerie de l’armée royale de Saxe. A l’âge de 12 ans il entre au Corps des Page du Grand-Duché « großherzoglichen Pagencorps » puis poursuit sa scolarité au lycée de Weimar. Il commence sa carrière militaire le 8 octobre 1826 (une autre source donne la date du 6 octobre) au 26ème régiment d’infanterie à Magdebourg, où il est promu au grade de sous-lieutenant « Sekondlieutnant » le 14 mars 1829. Par la suite il est admis à l’école de guerre général « Allgemeine Kriegsschule » (ultérieurement Kriegsakademie) de Berlin de 1832 à 1835. Il occupe ensuite divers postes de chef de cabinet « Adjudant » dans un bataillon, et finalement à la fin à l’état-major du 4e corps d’armée.
Après avoir été promu au grade de « Premierlieutenant » (lieutenant) en 1843, « Hauptmann » (capitaine) en 1848 et commandant de compagnie au 27e régiment d’infanterie en été 1852 ; il est élevé au grade de « Major » (commandant) à peine une année plus tard en 1849 et muté à l’état-major général, à l’état-major de la division à Erfuhrt puis de 1858 à 1860 au poste de chef d’état-major de l’état-major général du 4e corps d’armée avec le grade de « Oberstlieutenant » (lieutenant-colonel). Mais dès le 8 mai 1858 il est promu au grade de colonel « Oberst » et devient le chef de corps du 40ème régiment d’infanterie à Saarlouis. Mais déjà en automne de la même année, après avoir présenté son régiment au Roi lors des manœuvres près du Rhin, ce dernier le mute au ministère de la Guerre « Kriegsministerium », ou il occupe l’important porte de chef du domaine des armées « Abtheilung für die Armééangelegenheiten ». Il effectue d’importants travaux pour la réorganisation de l’armée de terre conformément aux volontés du Roi « König Wilhelm's I. » et seconde fidèlement son chef, le ministre de la Guerre General von Roon, dans les difficiles combats parlementaires pour faire adopter ces réformes. Le 25 juillet 1864 il est promu général de brigade « General-Major » et commandant de la 15ème brigade d’infanterie à Erfuhrt. Il a vu que la guerre était proche et s’est attelé à préparer dans ce but les deux régiments qui étaient sous ses ordres, les 31ème et 71ème régiment d’infanterie. Son zèle et sa sévérité en service en font un supérieur très craint, si bien qu’on lui attribue le surnom de « General Böse » un jeu de mots avec son nom, c’est-à-dire le « général méchant ». Pour savoir jusqu’à quel point il a réussi à préparer ses régiments, nous montre la participation de la 15e brigade d’infanterie à la campagne de 1866 en Bohême. Sa brigade appartient à la 8ème division du General von Horn sous le commandement de la 1ère armée du Prince Friedrich-Karl. Le 27 juin 1866, le général Bose mena son activité dans le secteur de Pobol en Bohême, par une intervention vigoureuse et opportune dans cette bataille, qui fut initialement victorieuse mais prit ensuite une tournure malheureuse. A la tête du 31e régiment d’infanterie, se précipitant avec un fusil à la main, pour partir à l’assaut de ce village et des ponts sur l’Iser, près de Königgrätz, et tient ensuite le bois de « Swipwalde » pendant plus de cinq heures sanglantes sous un tir d’artillerie meurtrier ; lors de la rencontre de Blumenau il récolte les derniers lauriers de cette campagne, qui aurait encore été plus glorieuse si l’armistice ne l’en avait pas empêché. Il rentre donc chez lui décoré par de « Orden pour le Mérite ». Mais peu de temps après, il est nommé commandant de la 20e division à Hanovre, une unité nouvellement créée, du 10e corps d’armée, à qui il perfectionne par son travail du temps de paix. En automne 1870 il devait diriger des exercices d’une division de cavalerie à la « Lüneburger Heide ». Mais ce projet est contrarié par le déclenchement de la guerre franco-prussienne de 1870. Le général von Bose aborde ce nouveau conflit pas en tant que commandant de division, mais celui du général commandant le 11ème corps d’armée de Hesse et Thuringe. A la rencontre de Wissembourg il contribue au succès des combats lorsqu’il fait intervenir à temps son corps d’armée contre l’aile droite de l’ennemi. Deux jours plus tard, le 6 août 1870, il gagne de manière similaire à Woerth, lorsqu’il prend l’initiative d’attaquer l’aile droite française, et après la victoire en poursuivant l’adversaire en retraite. Pendant les combats, une balle de Chassepot l’a frappé, et c’est coincé dans sa hanche. Il avait ignoré cette première blessure. Mais lorsqu’une seconde balle lui fracasse le talon de son pied droit, alors que la bataille s’achève, il doit quitter son unité. Il devait maintenant participer spirituellement aux victoires des armées allemandes depuis son lit de malade à Hanovre. De sa campagne il ramena la Croix de fer des deux classes. Ce n’est que le 24 février 1871 à Versailles, marchant à l’aide d’une canne, qu’il a pu reprendre son commandement. Le 22 mars 1873 il est nommé « General der Infanterie » (général de corps d’armée). A titre honorifique, le 2 septembre 1873 « Chef des 31. Infanterie-Regiments », en tant que chef du 31ème régiment d’infanterie. En 1876, à l’occasion de la commémoration de ces 50 années de service, il est décoré à l’ordre de l’Aigle noir « Schwarzen Adlerorden ». Il assure son commandement jusqu’au 6 avril 1880, date à laquelle il est parti à la retraite. Lors de son départ du service actif, l’empereur Guillaume 1er « Kaiser Wilhelm I. » l’élève au rang de la noblesse et lui attribue le titre de comte « Grafentitel », qu’il peut transmettre par héritage et lui attribue une dotation de 100 000 thalers. Un fort détaché à Strasbourg a été nommé d’après son nom. Après son décès, l’empereur Guillaume II « Kaiser Wilhelm II. » a honoré le souvenir du général von Bose en ajoutant pour toujours le nom « Graf von Bose » au 31e régiment d’infanterie « 1. Thünringisches Infanterie-Regiment Nr. 31 ». Le « General der Infanterie » (équivalent à un général de corps d’armée) comte Julius Friedrich Wilhelm von Bose est décédé le 22 juillet 1894 à Hasselrode près de Bernigrode à l’âge de 85 ans.
Cette biographie a été rédigée à l’aide de la publication militaire allemande : Militär-Wochenblatt Nr. 63 vom 28. Juli 1894 et v. Löbell’s Jahresberichte über die Veränderungen und Fortschritte im Militärwesen, page 559, Ernst Siegfried, Mittler und Sohn, 1894, erstellt. La biographie a été complétée par les informations données par le site https://www.deutsche-biographie.de/pnd117621773.html#adbcontent qui a emprunté ses informations dans l’ouvrage : Poten, Bernhard von : Bose, Julius von, Allgemeine Biographie 47, 1903, pages 135-137.
Mission
Les trois forts détachés construits sur le front Est de la place forte de Strasbourg ont pour mission d’empêcher une armée ennemie d’aborder la place forte par l’Est après avoir traversé le Rhin en amont.
Le fort Bose plus spécifiquement, contrôle la voie ferrée reliant Strasbourg par Kehl aux grands axes de communication qui traversent la plaine rhénane « allemande » du Grand-Duché de Bade.
Description
Pour les forts de la rive droite du Rhin, on n’a pas retenu les dispositions prises pour ceux de la rive gauche. Ce choix n’a guère d’incidence sur leur organisation. La dimension du corps de casemate a été réduite et ce dernier n’a qu’un seul étage. Le gain sur la hauteur du fort est compensé par la surface au sol. Le fort Kirchbach tout comme ses voisins, les forts Bose et Blumenthal, on des cotes à peu près identiques aux petits forts de la rive gauche du Rhin : des faces d’environ 105 mètres et des flancs d’environ 65 mètres, mais avec une surface habitable nettement inférieure. La diminution de la hauteur des massifs de terre a pour conséquence de rendre les locaux de la caserne beaucoup moins vulnérables avec un tracé bastionné similaire aux forts à fossés secs. Le fossé plein d’eau entourant l’ouvrage a une largeur de 41,5 mètres et une profondeur de 3 mètres.
Plans français du modèle de forts détaché construit à Strasbourg sur la rive droite du Rhin.
Source : document français, collection André Brauch.
Plan français détaillé de la caponnière à feu de revers du saillant disposée sur un ilot.
Source : Auteurs divers : 1885 – 1886, Fortification permanente, 3ème partie. Organisation défensive des Etats, collection MJR.
Accès et visites
Le Fort Bose a été arasé vers 1930 et le fossé a été comblé.
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