Fort X - Fort Sundheim - Fort Kirchbach
Dernière mise à jour : 11 / 06 / 2022
Auteur de la page : MJR.
Voici l’essentiel des informations disponibles concernant le Fort X – Fort Kirchbach. Ces textes sont encore rédigés en langue française. Toutefois, petit à petit nous traduisons les différentes rubriques en langue allemande. Lorsque cela est possible nous utilisons les textes originaux avec l’orthographe de l’époque.
Carte postale ancienne de 1922 environ : caserne de gorge et entrée du Fort Kirchbach occupé par les troupes françaises de la tête de pont de Kehl (TPK).
Source : Collection / Sammlung MJR.
Situation géographique et stratégique / Geographische und Strategische Lage
Le Fort X – Fort Kirchbach a été érigé sur la rive droite du Rhin, au sud et en amont du Rhin, à proximité de la commune de Kehl-Sundheim.
1874 – 1918 : secteur du front Est de la place forte de Strasbourg.
Carte du secteur de Marlen – Sundheim extrait de la carte des environs de Strasbourg de 1870.
Source : Collection Philippe Burtscher.
Distances avec les autres ouvrages
Fort Bose : 3,380 km (2,1 miles).
Fort Schwarzhoff – Fort Hoche : 7,8 km (4,9 miles).
Fort Werder – Fort Uhrich : 9,6 km (6 miles).
Enceinte urbaine : 5,6 km (3,5 miles).
Caractéristiques
Petit fort détaché de ceinture à fossé plein d’eau de type Biehler, au tracé pentagonal de lunette aplatie. Comprend 3 traverses par face, une grande poudrière de guerre sous chaque flanc. Caserne de gorge à un niveau comprenant de gauche à droite environ 9 + 7 + 7 + 9 casemates ; locaux d’artillerie également sous les faces et le saillant ; flanquement à partir du rempart et des deux caponnières d’épaule et par une caponnière de revers sur un îlot en face du saillant ainsi qu’à partir des coffres de la caserne de gorge ; poterne principale sous traverse en capitale ; entrée protégée par un tambour avec blockhaus de garde et place d’armes de gorge, accès à l’ouvrage par une digue traversant le fossé de gorge. 1887-1890 environ : renforcement partiel de l’ouvrage, installation de grilles au niveau de la digue d’accès à l’ouvrage et sur le mur d’enceinte du tambour.
Déroulement de la construction
08/02/1873 : début des travaux préparatoires pour la construction des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin.
19/03/1873 : Début des procédures d’expropriation.
24/03/1873 : La presse rend compte que l’emplacement des forts a été matérialisé sur le terrain et que les procédures d’expropriation sont en cours.
25/10/1873 : La presse rend compte que le général von Kameke, deuxième ministre de la Guerre et ancien inspecteur général du Génie, a désigné les emplacements des trois forts de la rive droite lors de son passage à Strasbourg.
01/03/1874 : la presse rend compte que la construction des 3 forts de la rive droite du Rhin vient de commencer. Remarque : information erronée puisque l’adjudication n’est faite qu’en août 1874.
1874 – 1878 : Dates officielles du gros-œuvre.
03/08/1874 : adjudication des travaux de construction et de livraison des matériaux des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin.
21/08/1874 : la presse rend compte que les travaux de construction des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin a commencé. Mais une note de renseignement française contredit cette dernière nouvelle. Elle précise que les travaux de la rive droite n’avaient pas commencé lors de la reconnaissance effectuée par un capitaine du génie vers le mois d’août 1874.
03/05/1875 : une commission a fixé la limite des zones de servitude des 3 forts détachés de la rive droite : les bornes de la première zone ont été posée à 600 m du fossé et la 3e zone a été fixée à 2 250 m du fossé.
10 mars 1876 : adjudication pour la livraison et les travaux d’installation des planchers, des portes, des volets et des fenêtres des forts Kirchbach, Bose et Blumenthal.
12/10/1876 : un journal local nous informe que les travaux des 3 forts détachés de la rive droite du Rhin devraient s’achever cette année.
15/03/1878 : un journal local nous informe que les travaux des 3 forts détachés de la rive droite sont achevés et qu’ils ont été armés le 15 mars 1878 et doté d’un détachement de 40 hommes.
Dénominations successives
Fort X
Fort n°10. Les forts détachés de Strasbourg ont été numéroté dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en commençant au nord, sur la rive gauche du Rhin, par le Fort I – Fort Fransecky – actuel fort Ney. Ultérieurement, les deux petits forts complémentaires ont été insérés dans cette numérotation avec les numéros IIIa et IXa.
Fort Sundheim
En règle générale, avant le baptême des forts, ils étaient également dénommés d’après l’agglomération située à proximité. Pour le Fort X il s’agit de Fort Sundheim, terme également utilisé par les Français pour décrire les travaux.
Fort Kirchbach
Les autorités de l’empire allemand ont attribué les noms de militaires et de personnalités illustres qui ont participé à la guerre franco-allemande de 1870-71, et en règle générale les généraux qui ont combattus dans la région. Naturellement les plus grands ouvrages reçoivent le nom des personnages le plus illustres et les autres de généraux un peu moins importants. Ainsi le fort X est baptisé Fort Kirchbach par l’ordre du cabinet impérial « A.K.O. » du 1er septembre 1873.
Biographie du général Hugo Graf von Kirchbach
Le général de division Hugo Graf von Kirchbach Ewald est né le 23 mai 1809 à Neumarkt en Silésie. En 1824 il entre à l’école des cadets. En 1826 il est nommé aspirant dans le régiment Fürst Leopold von Anhalt-Dessau, puis il est nommé sous-lieutenant « Leutnant ». De 1831 à 1834 il étudie à l’Académie militaire prussienne. En 1838 il est muté à la division topographique de l’état-major général prussien. En 1840 il accède au grade de lieutenant puis en 1845 à celui de capitaine. Il est nommé commandant « Major » en 1850. De 1855 à 1858 il est affecté à l’état-major de la division. En 1859 il est nommé chef de corps du 36e régiment d’infanterie. En 1863 il accède au grade de général et sert en tant que chef d’état-major au 3e corps d’armée à Berlin.
Il participe à la guerre contre le Danemark en 1864, puis à la guerre austro-prussienne en 1866. Au début de la guerre austro-prussienne en 1866, il est promu au grade de « General-Leutnant », lieutenant général ce qui correspond actuellement à un général de division, et il prend le commandement de la 1ère division d’infanterie. Il se distingue à la bataille de Nachod et les opérations à Skalitz et Schweinschädel, et reçu la décoration « Pour le Mérite ».
Lors de la guerre franco-allemande de 1870-71, le général von Kirchbach est promu « General der Infanterie », c’est-à-dire l’équivalent d’un général de corps d’armée. Il prend le commandement du Ve corps d’armée prussien. Il a joué un rôle de premier plan dans les premières batailles de la guerre : il se distingue à la bataille de Frœschwiller (5-6 août 1870) participe au siège de Paris, aux combats de Châtillon au sud-ouest de Paris (19 septembre 1870) et à la dernière bataille de Buzenval (19 janvier 1871). À la suite de ce conflit, le 18 février 1871, il est décoré des feuilles de chênes pour sa décoration « Pour le Mérite ». Le 18 février 1871 le Ve corps est envoyé à Orléans et en mars 1871 à Vesoul. En 1872 il a reçu une dotation de 100 000 thalers et un domaine dans Niesky et il est anobli en 1880. Il décède le 26 octobre 1887 à Niesky en Lusace à l’âge de 78 ans.
Portrait du General Hugo Graf von Kirchbach vers 1870.
Source : Collection MJR
Mission
Les trois forts détachés construits sur le front Est de la place forte de Strasbourg ont pour mission d’empêcher une armée ennemie d’aborder la place forte par l’Est après avoir traversé le Rhin en amont. Le fort Kirchbach plus spécifiquement, doit contrôler l’accès par la rive droite au sud de la place forte. Situé entre Marlen et Sundheim, il ferme la route d’Altenheim à Lahr et la vallée de la Kinzig.
Description
Pour les forts de la rive droite du Rhin, on n’a pas retenu les dispositions prises pour ceux de la rive gauche. Ce choix n’a guère d’incidence sur leur organisation. La dimension du corps de casemate a été réduite et ce dernier n’a qu’un seul étage. Le gain sur la hauteur du fort est compensé par la surface au sol. Le fort Kirchbach tout comme ses voisins, les forts Bose et Blumenthal, on des cotes à peu près identiques aux petits forts de la rive gauche du Rhin : des faces d’environ 105 mètres et des flancs d’environ 65 mètres, mais avec une surface habitable nettement inférieure. La diminution de la hauteur des massifs de terre a pour conséquence de rendre les locaux de la caserne beaucoup moins vulnérables avec un tracé bastionné similaire aux forts à fossés secs. Le fossé plein d’eau entourant l’ouvrage a une largeur de 41,5 mètres et une profondeur de 3 mètres.
Plans français du modèle de forts détaché construit à Strasbourg sur la rive droite du Rhin.
Source : document français, collection André Brauch.
Plan français détaillé de la caponnière à feu de revers du saillant disposée sur un ilot.
Source : Auteurs divers : 1885 – 1886, Fortification permanente, 3ème partie. Organisation défensive des Etats, collection MJR.
Accès et visites
Le Fort Kirchbach a été arasé vers 1930. Utilisé en tant que terrain d’exercice par l’armée français après la seconde guerre mondiale, il est désormais la propriété de la commune. Hormis quelques débris et le fossé plein d’eau, il ne reste plus rien de ce fort. L’accès au site est soumis à l’autorisation de la commune.
Etat de l’ouvrage et intérêt patrimonial
L’ouvrage a été entièrement arasé. Toutefois le maintien du fossé plein d’eau permet de matérialiser sur le terrain l’ancien emplacement de ce fort.