Fort VIII - Fort Graffenstaden - Fort Tann - Fort Lefèbvre
Dernière mise à jour : 28 / 04 / 2022
Voici l’essentiel des informations disponibles concernant le Fort VIII – Fort von der Tann. Ces textes sont encore rédigés en langue française. Toutefois, petit à petit nous traduisons les différentes rubriques en langue allemande. Lorsque cela est possible nous utilisons les textes originaux avec l’orthographe de l’époque.
Situation géographique et stratégique
Situation géographique
Le fort Lefèbvre est situé au sud sud-ouest de Strasbourg, sur la partie Est du ban de la commune de Geispolsheim. Actuellement le fort est assez isolé, directement bordé par l’autoroute A 35, la N283, la voie ferrée Strasbourg – Mulhouse et une zone commerciale.
Référence cadastrale : Section 36 – Parcelle 253. Surface : 11 ha 24 ares 90.
Carte de 1870 des environs du site de construction du Fort von der Tann (collection BP).
Les environs du fort Lefèbvre carte de 2001 environ. On voit bien que l’aile droite a été amputée lors de la construction de l’autoroute A35.
Situation stratégique
1876-1887 :
Août 1874 : Le Fort von der Tann et le Fort Werder commandent la partie supérieure de la rive gauche du Rhin. Le Fort von der Tann est situé dans le secteur Sud-Ouest de la ceinture des fortifications de Strasbourg. La ligne principale de résistance est située sur la ligne des forts détachés.
Une note du deuxième bureau français datée du 21 août 1874 et signée par un capitaine du génie nous apporte nous décrit l’emplacement et la mission du Fort n°8 de Strasbourg à la suite d’une reconnaissance effectuée en août 1874 : « Le fort n°8 est à fossés pleins d’eau ; il est situé entre les stations de Graffenstaden et de Geispolsheim, à 300 m environ à gauche du chemin de fer d’Alsace. Son relief est de 15 m au-dessus du terrain naturel. Des logements voûtés à 2 étages sont établis sous le rempart. Couvert en partie par les lits marécageux de l’Alsbach et de l’Eigelsenbach ».
1887-1918 :
Le fort est toujours sur la ligne principale de résistance, sous la branche sud des nouvelles fortifications de la ligne de la Bruche planifiée dès le début du 20e siècle, mais construite qu’à partir du mois d’août 1914, au début de la Première guerre mondiale. Le fort est adossé derrière une très grande zone inondable qui couvre en cas de menaces, tout le front Sud et une partie du front Sud-Ouest de la ceinture des forts détachés.
Caractéristiques générales
Grand fort détaché de ceinture à fossé plein d’eau de type Biehler, au tracé pentagonal de lunette aplatie. Il comprend 4 traverses-abris et 5 plates-formes d’artillerie doubles par face, 1 traverse-abri et 2 traverses en terre et 4 plates-formes d’artillerie simples par flanc, une grande poudrière de guerre sous chaque flanc. Vaste corps de casemates pour la caserne et les locaux d’artillerie à l’épreuve des bombes, à deux niveaux, situé sous les plates-formes d’artillerie des faces et du saillant. Ce corps de casemates comprenant sur chaque niveau de l’aile gauche, saillant à l’aile droite, 14 + 4 + 14 casemates sur le front de tête (3 cages d’escaliers non comprises). Les deux façades de la caserne s’ouvrent sur deux cours intérieures. Le flanquement est réalisé à partir du rempart, des deux caponnières d’épaule et des demi-bastion droit et gauche de la gorge, puis ultérieurement à partir de la caponnière du saillant ; poterne principale sous traverse en capitale munie de 7 pièces de chaque côté et d’une grande pièce de stockage à l’étage au-dessus de l’entrée dédiée aux subsistances ; latrines dans le bloc droit et gauche de la gorge (2 x 4 pièces) ; entrée protégée par un tambour avec un blockhaus de garde et place d’armes de gorge. Caponnière du saillant esquissée mais à priori non construite.
1887-1890 environ : renforcement partiel de l’ouvrage, installation d’une caponnière double de saillant, obturation du premier couloir transversal gauche ; rampes d’accès aux plateformes d’artillerie à partir de la cour ont été transférées le long du rempart de gorge, protection de la digue d’accès par-dessus le fossé à l’entrée par des grilles en fer. Autres modernisation 1889-1890, 1895, 1904 : installation de deux coupoles cuirassées tournantes d’observation modèle « W.T.90 ». Après 1946 à priori : maison d’habitation édifier sur l’ancien blockhaus de gorge. Lors de la construction de la bretelle d’accès à l’autoroute A35, le fossé du flanc droit a été remblayé et un accès pour poids-lourd a été aménagé à traverses l’aile gauche du rempart de gorge.
Plan de masse réalisé par le service du génie en 1947.
Source / Quelle : archives MJR.
Déroulement de la construction
1873-1876 : Dates officielles de la construction
20 décembre 1873 : adjudication des travaux de construction.
1er mars 1874 : une revue militaire française nous apprend que le Fort Tann vient tout juste d’être commencé et les travaux sont loin d’être aussi avancés que ceux des autres forts de la rive gauche du Rhin.
1er avril 1875 : D’après une revue militaire française, les casemates sont assez sèches pour permettre une occupation permanente du fort par un détachement de garde relevé tous les jours.
1887 – 1889 : Dans le cadre de la crise dite de la « brisance » ou de « l’obus torpille », renforcement partiel des locaux à l’épreuve des bombes.
Façade de la caserne sous le front gauche (aile renforcée à partir de 1887) : toutes les fenêtres du rez-de-chaussée ont été murées. Les fenêtres du 1er étage pouvait être obturée en temps de guerre par des panneaux blindés et des sacs à terre.
Photographie Burtscher Philippe 12/2003 (Tous droits réservés).
1887-1914 : série de modernisations successives en fonction des progrès technologiques :
Obturation entière ou partielle de nombreuses baies.
Le saillant du fort est transformé en point d’appui d’infanterie : installation d’une salle de piquet d’alerte dans la traverse-abri n°4 et n°6 avec râteliers d’armes et système d’alarme électrique et d’un observatoires cuirassés « W.T. 90 ». A Strasbourg, seulement deux forts ont été munis de deux observatoires « W.T.90 » parce qu’ils sont situés à la charnière entre deux secteurs défensifs : au Fort Podblielski et au Fort Tann.
Installation de volets blindés pour les créneaux de tir de fusillade.
Installation d’un système d’alarme électrique.
Installation de grilles défensives sur le mur du tambour et au niveau de la digue passant sur le fossé de gorge.
Obturation des fenêtres du rez-de-chaussée de l’aile gauche de la caserne et du bloc d’entrée de gorge.
Installation de ventilation mécanique avec prises d’air protégés par des plaques blindées sur les fassades.
Installation de l’éclairage électrique, etc.
Réseau de câbles électriques ou système d’alarme entre l’aile gauche de la caserne et la traverse-abri pièce n°110.
Photographie Burtscher Philippe 06/2002 (Tous droits réservés).
Au début du 20e siècle : aménagement d’une digue avec un passage au niveau de la gorge de l’ouvrage.
Digue avec un système de verrouillage en cas de mise en œuvre de la zone inondable. Elle est située derrière l’entrée du fort.
Photographie Burtscher Philippe 2006 (Tous droits réservés).
Août 1914 – Avril 1916 : travaux réalisés pendant la période de mise en état de défense :
Fermeture d’une partie des fenêtres de la caserne et installation probable des systèmes de ventilation ; une photographie du fort Ducrot en 1914-15 environ confirme que des prises d’air de ventilation n’ont été installées qu’au début de la Première guerre mondiale.
Installation de deux portes de guerre sur la caserne de part et d’autre de la poterne principale, aménagement de l’entrée principale et des principaux portails des poternes avec des dispositifs permettant une éventuelle obturation avec des rails de chemins de fer et des sacs à terre.
Travaux de déboisement des champs de tir.
Installation d’un réseau de fil de fer surmonté de fils barbelés : sur le rempart de l’escarpe et deux réseaux extérieurs sur le glacis, réseaux reliés cloisonné en chicane.
2005 : le fort est entièrement vidé et tous les accès sont murés.
2005 : Le fort est entièrement vidé
Photographie © Burtscher Philippe (Tous droits réservés).
Les accès au fort sont soigneusement murés / Alle Zugänge in das Fort werden sorgfältig zugemauert.
Photographie, © Burtscher Philippe 2005 (Tous droits réservés).
Dénominations successives
1871 : Fort VIII ou Fort de Graffenstaden.
1er septembre 1873 : Fort von der Tann (ordre du cabinet impérial du 1er septembre 1873).
3 avril 1918 : fort Lefèbvre.
Juillet 1940 – 23 novembre 1944 : Fort Tann
1945 : fort Lefebvre.
Poterne d’entrée au niveau de la gorge / Eingang der Hauptpoterne.
Photographie © Burtscher Philippe 2003 (Tous droits réservés).
Biographie du General von der Tann
Le général bavarois Ludwig Freiherr von der Tann-Rathsamhausen était le commandant des troupes bavaroises pendant la guerre franco-prussienne de 1870-71.
Portait du General von der Tann datant de 1870 environ. / General von der Tann in 1870 ungefähr.
(Collection / Sammlung Burtscher Philippe).
Mission
Le Fort von der Tann couvre la charnière entre le front Sud et le front Ouest de la ceinture des forts détachés de Strasbourg. Il couvre de ses feux la ligne de chemin de fer Strasbourg – Mulhouse, et Strasbourg – Molsheim, ainsi que les routes de Geispolsheim et de Fegersheim.
Description
Le Fort von der Tann, actuel fort Lefèbvre présente toutes les caractéristiques d’un grand fort à fossé plein d’eau construit sur la rive gauche du Rhin à Strasbourg. Il existe encore deux exemplaires identiques, à Strasbourg, le Fort Fransecky, actuel fort Ney et le Fort Werder, actuel fort Uhrich.
Plan de masse réalisé par le service du génie en 1947 et indications succinctes de MJR.
Source : archives MJR.
Fossé plein d’eau
Le fort est entouré d’un large fossé plein d’eau, et affecte la forme générale d’une lunette pentagonale au tracé aplati avec une gorge pseudo-bastionnée.
Fossé plein d’eau du fort Lefèbvre.
Photographie © MJR 1998 (Tous droits réservés.
Tambour : blockhaus de garde – place d’armes de gorge
L’entrée de l’ouvrage passe par le tambour qui comprend une vaste place d’armes de gorge et un blockhaus de garde indépendant installé à droite de l’entrée, et cerné par un mur d’enceinte en pierre de taille de grès rose à l’intérieur duquel était adossé une levée de terre. Ce mur est surmonté de grilles défensives en fer. Un large portail blindé à deux vantaux avec créneaux de fusillade permet d’accéder à l’ouvrage.
.
Une maison d’habitation a été construite sur l’ancien blockhaus de garde. Les créneaux du blockhaus ont été transformés en fenêtres.
Photographies © Burtscher Philippe 2003 (Tous droits réservés)
Traverse en capitale
Une haute traverse en capitale divise le fort en deux parties quasi symétriques.
Plan général des locaux datant de 1947.
Collection MJR.
Poterne principale
Seul le bâtiment d’entrée occupe la partie centrale du front de gorge. Il est quasiment affecté à sa seule fonction de défense et de contrôle de l’entrée du fort. On y trouve seulement les locaux de police et, pour des raisons techniques, les sanitaires du fort, réparties en 4 pièces symétriques de part et d’autre de la poterne d’entrée.
Le vaste hall d’entrée sur lequel s’ouvre la poterne transversale dont ne subsiste que l’aile gauche, puisque l’aile droite a été obturée vraisemblablement lors des travaux de modernisation de l’ouvrage. Ce hall est surmonté par le local de stockage des subsistances, auquel on peut accéder par deux escaliers et les vivres peuvent être hissés au travers d’une ouverture munie d’un crochet pour un palan située au centre de la poterne principale.
L’entrée même de ce bâtiment était précédé d’un accès sur une digue traversant le fossé, qui était elle-même protégée par des grilles en fer. Comme sur les autres forts détachés de Strasbourg on trouvait au niveau de l’entrée de la poterne principale, une grille métallique, un pont-levis et un grand portail blindé à deux vantaux. Aujourd’hui il ne subsiste qu’un portail en bois.
La galerie principale conduisant vers le front de tête dessert un grand nombre de magasins aux diverses fonctions dont une écurie et des magasins à munitions, tous logés sous la traverse en capitale.
Gorge : dessin représentant Latrines droite et dispositif de flanquement de l’entrée vers 1914.
Source : Dessin d’André Brauch d’après les études faites avec les membres du CESFS (Tous droits réservés).
Caserne à deux étages sous fronts droit et gauche et sous le saillant
Compte tenu que les forts à fossés plein d’eau de Strasbourg étaient construits sur un terrain où la nappe phréatique était très proche de la surface du terrain naturel, il n’a pas été possible d’installer une vaste caserne de gorge à deux étages, qui nécessite pour la protéger, de l’enfoncer dans le terrain. Ce vaste corps de casemates comportant des logements à l’épreuve des bombes a donc été placé sous les plateformes d’artillerie des faces droite et gauche et du saillant. Les locaux destinés à l’artillerie qui sont habituellement placés à cet emplacement ont été intégrés dans les deux ailes de la caserne du front de tête. Cette disposition a naturellement donné un profil très élevé de ses forts à fossés plein d’eau.
Plan des locaux de la caserne du 1er étage datant de 1947
Plan der Raüme der Kaserne im 1. Geschoß von 1947.
Collection / Sammlung MJR.
Un vaste corps de casemates à l’épreuve des bombes à deux niveaux occupe la quasi-totalité du front deux tête. Cette caserne est organisée en deux ailes distinctes de part et d’autre de la galerie principale logée sous la traverse en capitale. Les façades des deux ailes de la caserne s’ouvrent sur les deux cours intérieures. Au niveau de chaque étage, on accède aux locaux de la casernes ou aux cages d’escaliers en empruntant un long couloir qui longe le mur du front de tête.
Couloir de la caserne / Gang von der Kaserne
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 2005 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Aile gauche de la caserne / Linker Flügel der Kaserne
L’aile gauche comprend également 12 locaux à l’épreuve des bombes et 2 cages d’escalier.
Caserne du front gauche. On remarque que le ferraillage de cet ouvrage a été très méticuleux : l’essentiel des plaques blindées des prises d’air ont été enlevées. Tous les accès à l’ouvrage ont été murés par une entreprise. Seul une porte verrouillée permet d’accéder à l’intérieur de l’ouvrage.
Photographie © Burtscher Philippe 2003 (Tous droits réservés ).
Couloir de la caserne sous la face gauche au 1er étage / Gang von der Kaserne unter der linken Face im Ersten Stock
Photographie © Burtscher Philippe 06/2003 (Tous droits réservés).
Caserne au niveau du saillant / Kaserne am Saillant
Le saillant comprend 6 locaux et un couloir et cage d’escalier, dont ceux du rez-de-chaussée sont situés derrière le passage couvert de la poterne transversale du front de tête qui relie les deux cours intérieures.
Caponnière double du saillant / Doppelte Saillant-Grabenstreiche
La caponnière double du saillant est reliée à la caserne par une longue poterne. Elle est destinée à battre le fossé plein d’eau située devant les faces droites et gauche du fort.
Dessin d’André Brauch représentant la caponnière double du saillant comprend sur chaque flanc deux chambres de tir, munie chacune d’un canon-révolver de 3,7 cm sur affût mural. Ces créneaux de tir sont protégés par des chambres de tir avec créneaux de fusillade de revers.
Source : Dessin d’André Brauch d’après les études faites avec les membres du CESFS (Tous droits réservés).
Entrée de la poterne d’accès à la caponnière du saillant.
Photographie © Burtscher Philippe 06/2002 (Tous droits réservés).
Poterne d’accès à la caponnière du saillant. Au centre de la voûte on aperçoit la gaine en bois pour les câbles électriques du système d’alarme (pièce n°165).
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 06/2002 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Vue de la poterne d’accès à partir de la caponnière du saillant (pièces n°166-167).
Ansicht der Poterne aus der Saillant-Kaponniere (Raum Nr. 166-167).
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 06/2002 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Caponnière double du saillant : Chambre de tir pour 1 canon révolver de 3,7 cm sur affût mural, avec une meurtrière munie d’un volet blindé avec contrepoids et à gauche une lucarne avec volet blindé pour le guidage des tirs.
Doppelte Spitzgrabenstreiche : Raum mit einer 3,7 cm Revolver-Kanone auf Wandlafette, Schiesscharte mit gepanzerten Laden mit gegen Gewicht und links eine kleines Fenster mit gepanzerten Laden für die Schiess-Leitung.
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 11/2001 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Tableau d’André Brauch : Exemple d’organisation d’une chambre de tir d’un coffre de contrescarpe avec canon-révolver de 3,7 cm sur affût mural. A gauche la niche à munitions et le poste du chef de pièce et observateur. Au-dessus du canon le contrepoids du volet blindé, qui n’est plus visible au fort Lefèbvre.
Bild von André Brauch : Beispiel von einem Schiess-Raum von einer Grabenstreiche der Kontereskarpe mit einer 3,7 cm Revolver-Kanone auf einer Wandlafette. Links die Munitions-Niche und die kleine Lucke für die Schiessleitung. Über der Revolver-Kanone, das Gegengewicht vom gepanzerte Laden der im Fort Lefèbvre nicht mehr zu sehen ist.
Source / Quelle : Tableau d’André Brauch (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Aile droite de la caserne
L’aile droite de la caserne comprend 12 locaux par étage à l’épreuve des bombes et 2 cages d’escaliers.
Caserne du front droit, aile non renforcée. Quelques locaux du rez-de-chaussée ont été muré après 1887 et muni de prises d’air sur la façade. Malheureusement toutes les plaques blindées des prises d’air ont été ferraillées.
Kaserne unter der rechten Face, das nicht verstärckt wurde. Ein paar Räume vom Erdgeschoss wurden zugemaert und mit Lufteilässe versehen. Alle Panzerplatten der Lufteinlässe wurden verschrottet.
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 04/2005 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
La galerie principale conduisant vers le front de tête dessert un grand nombre de magasins aux diverses fonctions dont une écurie et des magasins à munitions, tous logés sous la traverse en capitale.
Compte tenu que les forts à fossés plein d’eau de Strasbourg étaient construits sur un terrain où la nappe phréatique était très proche de la surface du terrain naturel, il n’a pas été possible d’installer une vaste caserne de gorge, qui nécessite pour la protéger, de l’enfoncer dans le terrain. Ce vaste corps de casemates comportant des logements à l’épreuve des bombes a donc été placé sous les plateformes d’artillerie des faces droite et gauche et du saillant. Les locaux destinés à l’artillerie qui sont habituellement placés à cet emplacement ont été intégrés dans les deux ailes de la caserne du front de tête. Cette disposition a naturellement donné un profil très élevé de ses forts à fossés plein d’eau.
Pièce n°104 de la caserne sous la face droite / Raum Nr. 104 von der Kaserne unter der rechten Face
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 2002 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Rempart d’artillerie / Artillerie-Wall
La rue du rempart et la crête d’artillerie couronnent la caserne. La communication entre la rue du rempart et les locaux à l’épreuve des bombes de la caserne se fait par l’intermédiaire de traverses-abris enracinées, pourvue d’escaliers.
D’après le plan projet de 1874, le rempart d’artillerie comprenait sur chaque face 4 traverses-abri et 5 plateformes d’artillerie, 4 pour deux pièces et une pour une pièce, et une traverse-abri qui comprenait une sortie des troupes grâce à deux escaliers hélicoïdaux.
Vers 1887-1894 ce rempart d’artillerie a été modifié. Le saillant, être les traverses-abri n°5 et 7 et avec la sortie troupe modifiée avec une large escalier qui correspond à la traverse-abri n°6, a été aménagé en une espèce de point d’appui d’infanterie. Les traverses-abris n°5 et 7 ont été allongées et munie d’une salle d’alerte et d’un observatoire cuirassé modèle 1890. C’est le seul fort à fossé plein d’eau à avoir été doté de ce type d’observatoire. Compte tenu que le fort Tann est situé à la charnière entre le front Ouest et front Sud, se sont bien deux observatoires qui ont été aménagés. La numérotation des traverses-abri est faite de gauche à droite, en prenant en compte les traverses-abris présentes après la transformation de 1887-1894, en y incluant la traverse-abri du saillant (n°6) qui abrite la sortie des troupes.
Rempart d'artillerie de face gauche / Artillerie-Wall der linken Face
D’après le plan projet de 1874, le rempart d’artillerie sur la face gauche comprenait 4 traverses-abri et 5 plateformes d’artillerie, 4 pour deux pièces et une pour une pièce.
Flanc Gauche / linke Flanke
Comme pour les forts à fossés secs, on a installé sous chaque flanc un vaste magasin destiné au stockage -de la poudre en temps de guerre. A partir de 1889, un des magasins est renforcé et les deux magasins sont reliés par un passage couvert au petit corps de casemates placé à l’arrière de chaque flanc pour la défense du front de gorge. Ces passages desservent également les poternes des caponnières d’épaule chargées de battre le fossé sur chaque flanc.
Traverse-abri n°5 / Hohltraverse Nr. 5
Après 1887, le saillant du fort avec la sortie des troupes que nous appelons traverse-abri n°6 et les deux traverses-abris n°5 et 7 situées de part et d’autre du saillant, a été transformé en un point d’appui d’infanterie.
La traverse-abri n°5, située sur la face gauche, a été allongée et munie d’une salle de piquet d’alerte et d’un observatoire cuirassé tournant. Cet observatoire avait pour mission de surveiller le front Sud-Ouest du secteur. L’observateur installé sous la coupole de guet type « W.T. 90 » (modèle 1890, mais probablement installées vers 1894-1985 à Strasbourg), disposait une alarme électrique, d’un tuyau acoustique et d’une alarme manuelle pour communiquer avec la salle de piquet d’alerte située à proximité. Cette traverse-abri est enracinée, c’est-à-dire reliée par un escalier assez large au casernement de la face gauche.
Face gauche, traverse-abri n°5 : vue de l’étage supérieur, avec la salle d’alerte. On aperçoit à gauche le râtelier à fusils, au fond de la salle les vestiges du système d’alarme électrique et à droite. la partie haute du monte-charge à munitions.
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 11/2001 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Caponnière d’épaule gauche / Linke Schulter-Kaponniere
Le plan projet de 1874 nous présente la caponnière du flanc gauche qui doit assurer la défense rapprochée du flanc gauche. Initialement les caponnières étaient armées avec des canons de 8 cm lisse sur affût de casemate, puis après 1887 avec des canons-révolvers de 3,7 cm.
Der Projektplan von 1874 zeigt uns die linke Schulter-Kaponniere für die Nahverteidigung der linken Flanken. Anfangs waren die Schulter-Kaponiere nur mit glatten 8 cm Kanonen auf Kasematen-Lafette ausgestattet, und nach 1887, auch mit 3,7 cm Revolver-Kanonen ausgestattet.
Vue détaillée de la caponnière d’épaule gauche extrait du plan de 1874.
Detaillierte Ansicht der linken Schulter-Kaponniere aus dem Projekt-Plan von 1874.
Source / Quelle : plan projet de 1874 GSTA-PK. Collection / Sammlung MJR.
Toutefois à cette époque, d’autre études étaient en cours. On a ainsi évoqué la possibilité de flanquer les forts à fossés plein d’eau avec des caponnières flottantes, puis un autre projet datant vraisemblablement de 1875-1876 environ, nous présente un projet d’implantation de caponnières blindés. En réalité aucun de ces deux projets ne sera réalisé dans les forts, cependant ce dernier type de caponnière a bien été implanté sur les nouvelles fortifications urbaines de Strasbourg, avec des plaques cuirassées de type « compond » provenant de l’usine Cammel de Shefield. A cette époque on n’était pas encore en mesure de faire des blindages en acier. C’est pour cette raison que l’on utilisait de la fonte durcie ou ces fameux blindages anglais.
Zu diesem Zeitpunkt waren jedoch andere Studien im Gange. Man hat über die Möglichkeit diskutiert, die Forts mit Wassergraben mit schwimmenden Kaponniere zu flankieren. Ein weiteres Projekt, das wahrscheinlich aus den Jahren 1875 – 1876 stammt, präsentiert uns den Einbau von Panzerkaponniere. In der Realität wird keines dieser beiden Projekte in den Forts durchgeführt, jedoch wurden die Panzer-Kaponniere bei der Erweiterung der Stadtbefestigung von Straßburg eingebaut, sie hatten Panzerplatten aus „Compound“ Platten aus der Firma Cammel von Shefield. Zu diesem Zeitpunkt waren wir noch nicht in der Lage, Stahlpanzerplatten herzustellen. Aus diesem Grund hat man Hartgusseisen oder diese berühmte englische Panzer-Platten benutzt.
Plan projet d’implantation d’une caponnière cuirassée pour le flanquement du Fort n°1 Fort Fransecky.
Ce type de caponnière, mais comprenant un double flanquement latéral, a réellement été implanté sur certains nouveaux cavaliers de l’extension des fortifications urbaines de Strasbourg. Le blindage du système « Compound » provenait d’une usine anglaise Cammel située à Sheffield. Le projet certes intéressant a certainement échoué à cause du coût de ce blindage. L’armement de ce type de caponnière était des canons de 8 cm lisses sur affût de forteresse. Il s’agit d’un projet très intéressant trouvé par André Brauch.
Projekt-Plan für den Einbau einer Panzer-Kaponniere als Graben-Streiche von Fort Nr. I – Fort Fransecky. Diese Art von Kaponniere, die aber auf beide Seiten flankieren konnte, wurde mehrfach für die Erweiterung der Stadtbefestigung von Straßburg eingebaut. Die Panzerung ist ein System das « Compoundt » genannt wird und von der englischen Firma Cammel aus Sheffield geliefert wurde. Es war ein sehr interessantes Projekt das wahrscheinlich wegen der Kostengründe nicht ausgeführt wurde. Dieser sehr interessante Plan wurde von André Brauch entdeckt.
Source / Quelle : Archives d’André Brauch (Tous droits réservés / Alle Rechte vorbehalten).
Même caponnière en vue du dessus / Gleiche Kaponniere von Oben gesehen.
Source / Quelle : Archives d’André Brauch (Tous droits réservés / Alle Rechte vorbehalten).
Enceinte urbaine de Strasbourg, cavalier XV : caponnière blindée.
Stadtbefestigung von Strassburg, Kavalier XV : Panzer-Kaponniere.
Photographie / Foto © Philippe Burtscher 09/2001 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
André Brauch a réalisé une série de dessins en trois dimensions pour nous présenter les différentes caponnières. Le dessin représente la caponnière droite d’un fort à fossés plein d’eau dans sa première version et un deuxième dessin celui de la même caponnière avec des canons-révolvers.
André Brauch fertigte eine Reihe dreidimensionaler Zeichnungen an, um die verschiedenen Kaponniere zu zeigen. Die Zeichnung der rechten Schulter-Kaponniere für Forts mit nassem Graben ist die erste Version und die zweite Zeichnung ist die Kaponniere nach 1887 mit Revolverkanonen ausgestattet.
Dessin représentant une caponnière d’épaule gauche. On y distingue les canons de 8 cm sur affût de casemate destinés à flanquer le fossé gauche et la petite chambre de tir perpendiculaire destinée à flanquer et protéger les créneaux de la caponnière. D’après une étude réalisée au fort Ney et au fort Uhrich, il s’avère que le réseau de fil et de barbelé couvrait le rempart, l’extrémité du dessus de la caponnière, la berme de l’escarpe et s’étendait jusque dans le fossé.
Zeichnung einer linken Schulter-Kaponniere. Wir können die glatte 8 cm Kanonen auf Kasematten Lafette sehen, die den linken Graben flankieren sollen, und eine kleine Senkrechte Schusskammer, die die Schiesscharten der Kaponniere schützen sollen. Laut einer Studie, die in Fort Ney und Fort Uhrich durchgeführt wurde, stellte sich heraus, dass das Draht- und Stacheldraht Hindernis den Wall, das obere Ende der Kaponniere und die Berme der Eskarpe bedeckte und sich bis zu dem Graben ins Wasser erstreckte.
Source : Dessin d’André Brauch d’après les études faites avec les membres du CESFS (Tous droits réservés).
Quelle: Zeichnung von André Brauch nach einer Studie der Mitglieder von CESFS (Alle Rechte vorbehalten).
Dessin représentant l’évolution de la caponnière d’épaule gauche. On y distingue les 2 canons-révolvers sur affût chandelle destinés à flanquer le fossé gauche.
Zeichnung der linken Schulterkaponniere. Man sieht zwei Revolverkanonen auf einer Bocklafette, die den linken Graben bestreichen.
Source / Quelle : Dessin d’André Brauch d’après les études faites avec les membres du CESFS (Tous droits réservés / Alle Rechte vorbehalten).
Flanc droit / Rechte Flanke
Vue détaillée du flanc droit sur le plan-projet de 1874.
Die rechte Flanke auf dem Projektplan von 1874.
Source / Quelle : plan projet de 1874 GSTA-PK. Collection / Sammlung MJR.
Magasin à poudre du temps de guerre sous le flanc droit.
Kriegspulvermagazin unter dem rechten Flügel.
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 2002 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Caponnière d’épaule droite / Rechte Schulter-Kaponniere
Vue détaillée de la caponnière d’épaule droite extrait du plan de 1874.
Detail Ansicht der rechten Schulterkaponniere aus dem Projektplan von 1874.
Source / Quelle : plan projet de 1874 GSTA-PK. Collection / Sammlung MJR.
Equipements divers / Verschiedenen Austattungen
Installation électriques et alarmes / Strohm- und Alarm-Einrichtungen
Installations électrique ou alarmes dans la caserne.
Strohm oder Alarm Einrichtungen in der Kaserne.
Photographies / Fotos © Burtscher Philippe 2001 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Traverse-abri n°9 : Installations électrique ou alarmes dans la caserne.
Hohltraverse Nr. 9 : Strohm oder Alarm Einrichtungen in der Kaserne.
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 2002 (Tous droits réservés / Alle Rechte vorbehalten).
Caserne sous face gauche, salle n°110 : Installations électrique ou alarmes dans la caserne.
Kaserne unter der linken Face, Raum 110 : Strohm oder Alarm Einrichtungen in der Kaserne.
Photographie / Foto © Burtscher Philippe 2002, tous droits réservés.
Les traces laissés par les anciens occupants / Die Spuren der ehemaligen Bewohner
Traces de la garnison allemande / Spuren der deutschen Garnison
Chambre de la caserne : dessin allemand « Pfälzer-Wein und Bayerisches Bier », traduction : du vin du Palatinat et de la bière bavaroise.
Zimmer von der Caserne : deutsche Zeichnung « Pfälzer-Wein und Bayerisches Bier ».
Photographie / Foto © MJR 1998 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Chambre de la caserne : dessin allemand. / Zimmer von der Caserne : deutsche Zeichnung.
Photographie / Foto © MJR 1998 (Tous droits réservés – Alle Rechte vorbehalten).
Traces de la garnison française / Spuren der französichen Garnison
Chambre de la caserne : insigne du 1er bataillon de chasseurs à pied. Cette unité était en garnison à Strasbourg de 1929 à 1939. L’insigne du 1er BCP représente le cor symbole des chasseurs et la cathédrale de Strasbourg évoque le lieu de cantonnement.
Zimmer von der Caserne : Abzeichen vom 1. Französichen Jäger-Bataillon zu Fuss. Diese Einheit war von 1929 bis 1939 in Straßburg stationiert. Das Abzeichen des 1er B.C.P. beträgt das Hornsymbol der Jäger und den Straßburger Dom der an die Garnison errinert.
Photographie / Foto © MJR 1998 (Tous droits réservés / Alle Rechte vorbehalten).
Accès et visites / Zugang und Besuche
Accès
Prendre la rue du Fort à Geispolsheim, puis la rue du Fort Lefèbvre. Attention centre de rétention à côté du fort, route d’accès interdite sans autorisation.
Le fort Lefèbvre est sur un terrain militaire dont l’accès est interdit.
Usagers
Les locataires du logement à l’entrée du fort.
Extérieur du fossé : accès de l’Association de pêche des Sous-officiers de la garnison détenteur d’une carte de pêche à jour.
Site internet de l’association : https://apsogs.com/
Etat de l’ouvrage et intérêt patrimonial / Zustand vom Werk und Denkmahlschutz Interesse
Malgré les bouleversements liés à la construction de l’autoroute qui a amputé le glacis et le fossé sur son flanc droit et que l’ensemble des locaux de l’ouvrage ont été dépouillé de la ferraille, des portes et fenêtres, le fort Lefèbvre reste un ouvrage assez intéressant. Il ne reste en Europe que trois forts détachés de ce type. Compte tenu de l’état assez dégradé du fort Ney et très dégradé du fort Uhrich, il représente avec ses deux autres forts un modèle unique de fort détaché de type Biehler à fossé plein d’eau, qui n’a été construit qu’à Strasbourg.
Les locaux à l’épreuve des bombes n’ont pas été affectés par des transformations postérieures à 1945. Le gros œuvre est intact. On ne constate pas de modifications importantes dans les maçonneries. Les aménagements opérés entre 1918 et 1944, voire dans les années cinquante, restent en définitive assez limités (travaux sur le réseau électrique, pose d’une pompe sur puits, réalisation d’une cloison en parpaings dans la poterne d’entrée en raison de la disparition des vantaux d’origine. Les façades conservent leur aspect d’origine. Plusieurs casemates-logements dans les travées des deux faces de la caserne sont dans un état moyen en raison de la dégradation des enduits et des peintures. Toutefois, le mauvais état apparent de ces locaux ne doit nous détourner du fait que l’ensemble du fort est dans un état général de conservation somme toute très satisfaisant. A quelques endroits on notera des dégâts dans les maçonneries. Les locaux de l’artillerie, les magasins à poudre de guerre sont intacts et en bon état. Les traverses-abris sur le rempart sont intactes et en bon état. Le poste d’observation cuirassé modèle 1890 a malheureusement été dépouillé de sa coupole et de ses équipements. On peut relever le fait que la quasi-totalité des équipements intérieurs d’origine ont été prélevés : les éléments de cuisson de la cuisine, le four à pain, les pompes des deux puits, les systèmes de ventilation mécanique, les plaques d’embrasure des créneaux de caponnières d’épaule, les vantaux en fer ou en acier des nombreuses portes.
Aile droite du 1er étage de la caserne : locaux délabrés, le plancher est percé.
Rechter Flügel von 1. Stockwerk der Kaserne : die Raüme sind beschädigt, der Boden ist aufgebrochen.
Photographie / Foto © Philippe Burtscher 11/2001 (Tous droits réservés / Alle Rechte vorbehalten).
Aile gauche du 1er étage de la caserne : local délabrés.
Linker Flügel von 1. Stockwerk der Kaserne : der Raum ist beschädigt.
Photographie / Foto © Philippe Burtscher 11/2001 (Tous droits réservés / Alle Rechte vorbehalten).
A l’inverse, on découvrira des réseaux électriques en bon état, un grand nombre de vantaux en bois d’origine et une série de fresques et dessins muraux de différentes époques. Il s’agit de quelques belles illustrations allemandes qui subsistent en partie, bien que la chute des enduits ou des peintures a entraîné leur disparition. Des motifs réalisés par l’armée française entre les deux guerres sont également visibles, comme un insigne du 1er bataillon de chasseurs.
Signalons également le fait que l’armée a aménagé un accès pour des véhicules lourds vers l’aile gauche de la caserne. Ne pouvant utiliser la poterne d’entrée principale à cette fin, il leur a fallu percer le rempart sur la gorge. Les terres ont vraisemblablement été utilisées pour élargir la digue d’accès et combler une partie du fossé de gorge.
Isolé au sein d’une vaste zone commerciale et industrielle répartie sur les bans des communes de Geispolsheim et d’Ostwald, il est encore pour l’instant protégé par son statut de « terrain militaire », et n’est pour l’instant pas encore menacé par les grands travaux d’urbanisme. C’est un îlot de verdure dans un environnement caractérisé par un développement anarchique et globalement peu attrayant. De nombreuses espèces d’oiseaux trouvent refuge dans cet espace boisé entouré d’eau, et ses fossés entretenus par une association de pêche renferment de nombreux poissons dont de très beaux spécimens.
Peu modifié après 1918, il a quasiment conservé son organisation d’origine et constitue donc un exemple assez complet d’un grand fort à fossé plein d’eau. Il serait judicieux de conserver cet élément très intéressant de notre patrimoine européen tout comme ce biotope et cette petite zone boisée, un îlot de verdure, refuge pour de nombreux oiseaux.
Chroniques / kurze Zeittafel
Dimanche 26 février 1871 / Sontag den 26. Februar 1871
Allemagne-France : conclusion du traité préliminaire de paix.
La guerre de 1870-71 s’est achevée par une défaite de la France et la signature du traité préliminaire de paix le 26 février 1871. Ce traité prévoit de céder les territoires de l’Alsace (hormis le territoire de Belfort), de la Moselle et de deux cantons des Vosges au nouvel empire allemand.
Lundi 20 mars 1871 / Montag den 20. März 1871
Allemagne, Alsace-Lorraine : création du 15e corps d’armée allemand « XV. Armee-Korps ».
Ordre du Cabinet impérial « A.K.O. » relative à la création du 15e corps d’armée allemand « XV. Armee-Korps », stationné en Alsace-Lorraine.
Mercredi 5 avril 1871 / Mittwoch den 5. April 1871
Allemagne, Strasbourg place forte : le projet de ceinture de forts détachés évoqué par la presse locale.
La presse locale a publié l’article suivant au sujet du projet de construction des nouvelles fortifications : « Nous apprenons au sujet des nouvelles fortifications de Strasbourg que la ligne de défense s’étendra à une distance de 7 000 pas autour des remparts actuels jusqu’au Rhin et comprendra Kehl, Mittelhausbergen, d’où la ville a été bombardée, deviendra un point principal, et un des plus grand fort y sera établi. Au nord les fortifications s’étendront jusqu’à Hœnheim, au sud jusqu’à Illkirch. Les pièces actuelles n’ayant guère d’effet à une distance de plus de 8 000 pas, mais pouvant être rarement placées plus près qu’à 2 à 3 000 pas des forts, il sera impossible de bombarder Strasbourg. Quelques îles du Rhin seront également fortifiées, de sorte que l’investissement même de cette place de guerre serait très difficile. La ligne avancée se composera d’une vingtaine de forts et d’ouvrages. Ce serait alors au camp retranché, une place de guerre qui ne pourrait être comparée qu’à la place de Metz ».
Vendredi 5 mai 1871 / Freitag den 5. Mai 1871
Allemagne, Alsace-Lorraine places fortes : Mémoire sur les fortifications de Strasbourg et de Neuf-Brisach.
Le général von Moltke, chef de l’état-major général de l’empire allemand, rédige un mémoire concernant les fortifications de Strasbourg et Neuf-Brisach. Avec ce mémoire on aurait pu croire que la place de Neuf-Brisach est aussi importante que Strasbourg, mais ce ne sera pas le cas. Dans ce mémoire Moltke opte à nouveau pour l’abandon de toutes les places fortes non indispensables pour transférer le maximum de forces à l’armée de campagne. Il souligne aussi, que d’après les enseignements tirés du dernier conflit, il est impératif de protéger les voies ferrées indispensables au ravitaillement de l’armée, par des places fortes, ce qui ne signifie pas qu’il faille construire des forts d’arrêts mais qu’il faut faire passer les lignes de chemin de fer par les grandes places fortes installées le long des cours d’eau, des places qu’il faudra agrandir en les dotant de forts détachés.
Mercredi 10 mai 1871 / 10. Mai 1871
Allemagne-France : conclusion du traité de paix à Francfort.
Le mercredi 10 mai 1871 a eu lieu la conclusion de la paix entre la France et le nouvel Empire allemand, signé à Francfort entre le gouvernement français et le nouvel Empire allemand. Conformément au traité préliminaire du 26 février 1871, l’Alsace (hormis Belfort) et une partie de la Lorraine et deux cantons vosgiens sont cédés à l’Allemagne. L’Empire allemand doit désormais intégrer les forteresses des territoires nouvellement annexés dans son système de défense.
Jeudi 1er juin 1871 / Donenrstag 1. Juni 1871
Allemagne, Alsace-Lorraine places fortes : Conférences au sujet des futurs emplacements à fortifier.
Le 1er juin 1871, le général d’infanterie, chef d’état-major de l’armée, comte de Moltke, et le général de division « Generallieutnant » von Kamecke, directeur du génie, après avoir assisté à plusieurs conférences avec le chancelier, le prince de Bismarck et le ministre d’Etat Delbrück, se sont rendus en Alsace-Lorraine pour inspecter et désigner les positions à fortifier dans les provinces nouvellement acquises.
Lundi 26 juin 1871 / Montag den 26. Juni 1871
Allemagne, Strasbourg place forte : Expertise de la commission de défense du territoire sur les fortifications de Strasbourg.
La commission de défense du territoire « Landes-Verteidigungs-Kommission » du nouvel empire allemand a publié le 26 juin 1871 une expertise relative aux nouvelles fortifications de Strasbourg. Ce mémoire a été évoqué en 1935 par le commandant « Major » en retraite Grabau dans l’ouvrage Das Festungsproblem in Deutschland. Il avait trouvé cette cette information dans les anciennes archives à Berlin.
Deutches Reich, Festung Straßburg : Gutachten der Landes-Verteidigungs-Kommission.
Die Landes-Verteidigungs-Kommission hat am 26. Juni 1871 ein Gutachten über die neue Festungen in Straßburg erstellt. Dieses Gutachten wurde in dem Buch von Grabau, Das Festungsproblem in Deutschland von 1933 erwähnt. Er hatte diese Information im ehemalige Reichsarchive in Berlin gefunden.
Octobre 1871 / Oktober 1871
Allemagne, Strasbourg place forte : piquetage des emplacements des forts.
Autour de Strasbourg le service des fortification matérialisation de l’emplacement des forts par la mise en place de piquets et de perches en bois représentant le profil de chaque ouvrage.
Dimanche 5 novembre 1871 / Sonntag den 5. November 1871
Allemagne, fortifications : révision du nouveau projet de défense du territoire.
Le mémoire du comte de Moltke chef de l’état-major général allemand incite l’Empereur à publier un nouvel ordre du cabinet impérial « A.K.O. » le 5 novembre 1871 pour demander de réviser et de présenter à nouveau le projet de défense du territoire à la commission de défense du territoire.
Vendredi 17 novembre 1871 / Freitag den 17. November 1871
Allemagne, Strasbourg place forte : Ordre du cabinet impérial relatif à la construction des nouvelles fortifications de Strasbourg.
L’urgence de l’extension des fortifications de Strasbourg a également été reconnue dès la fin de la guerre. Ici il s’agissait d’une transformation complète de l’ancienne fortification de Vauban, surchargée de nombreux ouvrages avancés, et aussi, de réaliser une ceinture de forts détachés qui avait été planifiée par les Français, mais dont les travaux n’ont jamais été réalisés. La réalisation et le caractère de ces nouvelles fortifications ont été précisées par l’A.K.O. du 17 novembre 1871 : « Agrandissement de Strasbourg en Alsace. J’ordonne au ministère de la guerre conformément à l’expertise de la commission de défense du territoire daté du 26 juin 1871, d’entourer Strasbourg d’une chaîne de forts détachés à une distance permettant de mettre la ville à l’abri d’un bombardement, et de réaliser les ouvrages nécessaires le plus rapidement que possible. De plus, il faut envisager rapidement l’extension de la place forte même, au niveau de son front nord. Pour débloquer les moyens financiers au profit de ces nouveaux ouvrages, le ministre de la guerre prendra contact avec le chancelier d’Empire en tenant compte que pour l’agrandissement de la place forte, il faudra avant tout utiliser les ressources issues de la vente des terrains des fortifications devenus disponibles. Berlin, le 17 novembre 1871. Wilhelm. Graf von Roon ».
Deutsches Reich, Festung Straßburg : A.K.O. für den Bau der neuen Festungen von Straßburg
Original Text / Texte original. « Erweiterung von Straßburg im Elsaß. Ich beauftrage das Kriegsministerium gemäß dem beifolgenden Gutachten der Landes-Verteidigungs-Kommission vom 26 Juni, die Festung Straßburg mit einer Kette detachierter Forts in solchen Abstande, daß die Stadt gegen Bombardement gesichert wird, umgeben zu lassen und die hierzu erforderlichen Bauten mit tunilichster Beschleunigung zur Ausführung zu bringen. Außerdem ist auch die Eweiterung der Festung selbst auf der Nordfront baldmöglichst in Erwägung zu ziehen und einzuleiten. Wegen Beschaffung der für diese Neuanlagen benötigten Geldmittel hat der Kriegsminister mit dem Reichskanzler in Verbindung zu treten mit der Maßgabe, daß für die Erweiterung der Festung in erster linie der Erlös aus dem städtischen Bebauun disponibel werdenden Festungs-Terrain zu Verwendung kommt. Berlin, den 17. November 1871. An das Kriegsministerium. Wilhelm. Graf von Roon ».
Jeudi 21 décembre 1871 / Donnerstag den 21. Dezember 1871
Allemagne, fortifications : loi concernant la restriction des droits de propriétaires aux alentours des forteresses.
Pour garantir l’absence d’obstacles au niveau des champs de tir autour des ouvrages de fortification, on a voté en Allemagne la loi du 21 décembre 1871 concernant la restriction des droits de propriétaires aux alentours des forteresses. Cette loi connue sous la dénomination de « Rayongesetz » (loi du rayon de fortification), fixe 3 rayons de fortification aux alentours des ouvrages, à 600, 975 et 2250 mètres, à l’intérieur desquels la construction était sévèrement réglementée voir même interdite. Les litiges concernant ces rayons, ainsi que le passage des routes et des voies ferrées ou l’aménagement de digues étaient soumis à l’examen de la commission impériale de rayon, à laquelle participait deux officiers, un prussien et un bavarois du corps du génie.
Lundi 12 février 1872 / Montag den 12. Februar 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : adjudication de la construction des forts II à VI sur la rive gauche du Rhin.
Les travaux de construction des cinq premiers forts de Strasbourg ont été adjugés le 12 février 1872 à différents consortiums d’entrepreneurs. Il s’agit de la construction de cinq forts à fossés secs : le Fort Reichstett, le Fort Mundolsheim, le Fort Niederhausbergen, le Fort Oberhausbergen et le Fort Wolfisheim. Cette adjudication qui comporte trois grands forts et deux forts de taille moyenne. Un fort de taille moyenne comme le Fort II ou Fort Reichstett il faut compter environ 160 000 m3 de terrassement et environ 67 000 m3 de maçonnerie. Au cours de l’année 1872, commencera également le chantier du Fort VII dont on a trouvé aucune adjudication. Les forts doivent être construit dans un délai de deux à trois ans. La construction du Fort Reichstett a été adjugée à priori au consortium Pathe, Jerschke, Schneider.
Lundi 26 février 1872 / Montag den 26. Februar 1872
Allemagne, Strasbourg et Metz, fortifications : application de la loi du « rayon de fortification » aux places fortes de Metz et de Strasbourg.
Un journal de Strasbourg a publié cette ordonnance : « Sur la base de l’article 35 de la loi impériale concernant les restrictions apportées aux propriétés aux alentours des fortifications, du 21 décembre 1871 (Bulletin des lois impériales, 1871, n°51, paragraphe 459, bulletin de loi d’Alsace-Lorraine 1872, n°8, paragraphe 133), nous portons à la connaissance du public que l’agrandissement des places fortes de Metz et de Strasbourg et la mise en application des servitudes est prévue. Berlin, le 26 février 1872. Le Chancelier d’empire Fürst von Bismarck ».
Août 1872 / August 1872
Allemagne, Strasbourg place forte : création de l’inspection impériale des nouvelles fortifications de Strasbourg.
Création provisoire à Strasbourg d’une commission spéciale dénommée Inspection impériale des nouvelles fortifications de Strasbourg, commandée initialement par le colonel Klotz du corps des ingénieurs militaire allemand.
Samedi 28 septembre 1872 / Samstag den 28. September 1872
Allemagne, Strasbourg, place forte : Pose de la première pierre de la nouvelle ceinture de fortification au Fort V.
Les autorités allemandes ont choisi le samedi 28 septembre 1872, le jour anniversaire de la capitulation de Strasbourg, pour célébrer de manière festive la pose de la première pierre des nouvelles fortifications de Strasbourg, sur le chantier du Fort V – Fort Oberhausbergen – Fort Grossherzog von Baden, actuel fort Frère. Grâce aux articles parus dans la presse locale, nous avons réussi à reconstituer l’essentiel du déroulement de cette cérémonie.
Les autorités allemandes ont choisi le samedi 28 septembre 1872, le jour anniversaire de la capitulation de Strasbourg, pour célébrer de manière festive la pose de la première pierre des nouvelles fortifications de Strasbourg, sur le chantier du Fort V – Fort Oberhausbergen – Fort Grossherzog von Baden, actuel fort Frère. A cette occasion, ils ont invité, au moyen du rapport de garnison « Parolebefehl », tous les officiers, médecins et fonctionnaires de l’armée, et des cartons d’invitation ont également été envoyés aux représentants des diverses branches de l’administration civile et à leurs épouses. Grâce aux articles publiés par la presse, nous avons reconstitué le déroulement de cette cérémonie.
Les alentours du fort ont été piquetés de drapeaux noir, blanc et rouge sur un large rayon, et la place de la cérémonie a été ornée de sapins, de guirlandes qui virevoltaient gaiment dans le vent. Du haut de la crête des parapets du front, sur lesquels les invités civils avaient pris place, parmi lesquels on trouvait de nombreuses dames, la place offrait à leur vue une image idyllique en arrière-plan, avec la tour de la cathédrale éclairée par le soleil et les sommets bleus des hauteurs des Vosges et de la Forêt-Noire. Parmi les invités ont été aperçus en plus de l’intégralité des autorités militaires et civiles, le conseiller du gouvernement von Quast, conservateur des monuments historiques de Prusse et de nombreuses dames alsaciennes des environs, reconnaissables à leur couvre-chef traditionnel.
La solennité a été ouverte ponctuellement à 10 heures, lorsque son excellence le général commandant le 15e corps d’armée von Fransecky pénétra dans le carré formé par des détachements de troupes de toutes les armes, et dès cet instant la fanfare de trompettes du régiment d’Uhlans annonça l’ouverture officielle de la cérémonie.
Sur cela, le gouverneur de la place von Hartmann prononça le discours officiel ; ce discours est certes assez long, mais nous le publions en intégralité car il reflète bien l’opinion des dirigeants allemands de l’époque : « Après que Strasbourg ait ouvert ses portes à Louis XIV, le roi reconnu que sa première mission était de sécuriser ce bien précieux par la modernisation des fortifications. Il chargea de cette mission son ingénieur le plus célèbre et le plus doué, Vauban. Les anciens bastions et redoutes, auxquels avaient œuvré les architectes militaires Specklin et Rimpler, ont été renforcés, les fossés ont été approfondis et régulés, un grand nombre d’ouvrages avancés ont été construits, la citadelle qui a été érigée était un modèle du genre reflétant l’art de la fortification de l’époque, sa jonction à l’enceinte urbaine de la ville a été réalisée, une ingénieuse zone inondable a été installée et protégée, tous les fronts de la forteresse étaient préparés contre toute attaque ennemie. Strasbourg était considérée comme une place imprenable. Cette ville d’Empire qui a gardé sa culture germanique derrière ses murs crénelés et préservée son indépendance grâce à l’appui de ses bastions, bien que l’Alsace eût été perdue, était devenue une place d’armes française, c’est-à-dire une place avancée base de départ des conflits contre l’Allemagne.
Les successeurs de Louis XIV ont renforcé Strasbourg, des plans dirigés contre l’Allemagne et sa puissance. Le fabuleux arsenal qui a été érigé contenait de nombreuses armes destinées à combattre l’Allemagne ; on a créé une fonderie de canons, des ateliers et des écoles militaires, qui avaient acquis très rapidement une réputation européenne. C’est de Strasbourg que partirent de nombreuses armées pour soumettre et dévaster l’Allemagne. Les portes de Strasbourg ont été baptisées des noms des victoires françaises.
Strasbourg était considérée comme une sentinelle inquiétante, avec laquelle le voisin menaçait la réunification et le déploiement de la puissance allemande. Les guerres de libération et les accords de paix de 1814 et 1815 avaient laissé l’Alsace et Strasbourg à la France. Avec la reconstitution de la puissance de la France, Strasbourg a repris le rôle qu’elle jouait auparavant. Les vieilles traditions françaises ont été reprises, les hommes politiques et les historiens français ont pour but permanent d’abaisser le développement de l’Allemagne, ce qui était le guide permanent de la politique française. Le deuxième empire estimait que son existence était compromise en cas d’unification allemande. Génial ! Pendant que la politique française prônait les anciens souvenirs et objectifs, elle délaissait sa défense, qui était très efficace auparavant. On oublia que la défense nécessite des moyens extraordinaires pour rester au niveau des progrès techniques de l’armement et des techniques militaires. On ne fit que très peu pour la défense de Strasbourg. La pensée que Strasbourg pourrait être assiégée était absente de l’esprit français. C’est ainsi que Strasbourg aborda la guerre de 1870 sans aucune préparation sur le plan matériel ou humain. Toutefois, cela engendra une longue lutte et dure lutte : du sang noble a coulé, d’importantes parties de Strasbourg ont été ruinées, avant que le drapeau tricolore français, défendu par un commandant courageux et valeureux n’ai été abaissé. Le 28 septembre 1870, les bannières allemandes flottaient à nouveau sur les bastions de Strasbourg.
Deux années se sont écoulées à présent, la paix a uni définitivement l’Alsace et la Lorraine au nouvel Empire allemand. C’était deux années de durs labeurs et de grande activité ; ce qui a été détruit devait être réparé, ce qui était trop vieux devait être renforcé. Par-dessus cela il fallait construire du nouveau. La nouvelle importance de Strasbourg en tant que capitale et point central d’une terre allemande située sur la rive gauche du Rhin, il fallait revoir à grande échelle sa sécurité et ses fortifications ; elles devaient être adaptées à la volonté énergique de l’empire uni, pour prouver qu’elle sera désormais inséparable de la nouvelle alliance ; elle devait avec la mise en œuvre des moyens phénoménaux par l’empire allemand, assurer sa défense. Les fortifications devaient donner de l’espace à la ville, nécessaire à sa nouvelle prospérité ; la ville doit allier son aisance avec sa sécurité ; ses admirables monuments et les locaux scientifiques ne doivent pas à nouveau être exposés à un bombardement, si la furie de la guerre devait à nouveau revenir par ici. C’est ainsi qu’a été réalisé le plan de ses fortifications, et nous nous sommes réunis ici pour la pose de la première pierre.
Sa Majesté l’Empereur a choisi ce jour pour procéder à cette cérémonie de pose de la première pierre, le jour de la capitulation de la place forte française de Strasbourg. C’est ainsi que cette cérémonie allie le passé avec l’avenir. Oui, nous commémorons aujourd’hui le jour où la place forte est tombée, nous nous souvenons des actions des contingents de l’armée allemande, qui nous a rendu notre vieille ville de l’empire allemand ; nous commémorons nos chers camarades, qui ont dû mettre en jeu leur sang et leur vie pour réussir cette œuvre, et ceux qui a présent reposent dans leur tombe sur cette nouvelle terre d’empire ; nous commémorons la valeur symbolique de la prise de Strasbourg qui a influencée la poursuite de la guerre ; nous nous rappelons qu’avec la prise de cette capitale, l’espoir de la rattacher avec l’Alsace à l’empire allemand est revenu ; nous rappelons encore une fois que la conquête de Strasbourg a permis de délivrer la ville de ses liens, et permet son développement dans une Allemagne libre.
Mais laissons le passé, et tournons notre regard vers l’avenir ; du nouveau renait, fort et puissant, et pour que vous saisissiez l’importance de ce nouveau, que l’on peut voir aux alentours, que la fête de ce jour a été transférée ici dans cette forteresse. A présent regardez vers le bas à partir de ce parapet, et vous voyez devant vous tout étendu la montagne frontière, qui sépare depuis 1 500 ans la langue allemande de celle de l’ouest. Là-haut sur les hauteurs et les cols, commence la vie française ; derrière la croupe de ces montagnes, s’arme, soustraite à nos yeux, l’attaque ennemie ; de chaque vallée qu’ils aperçoivent, entreront les armées ennemies avides de vengeance, auxquelles ont devra crier halte à partir de cette forteresse. Et regardez plus loin, là est étalée la joyeuse Alsace, une perle de l’empire, avec ses champs cossus, avec ses nombreux villages et masures, ses nombreuses églises dans lesquelles retentissent les vieux chants religieux allemands à la gloire de Dieu, et maintenant vous voyez l’étendue de la construction de cette forteresse, qui doit pour la germanité de l’Alsace, assurer l’appartenance de l’Alsace à l’empire allemand. Là juste derrière nous est Strasbourg, le symbole de l’art allemand, et c’est ici devant cette forteresse que doit être repoussée la marée qui tenterait d’arracher Strasbourg à l’empire. Plus loin reluit la bande cristalline du Rhin. Les remparts qui se dressent ici doivent rendre tout leur sens à ces mots de poète : le Rhin n’est pas la frontière de l’Allemagne, non, mais le fleuve de l’Allemagne !
Ici les passages d’un côté ou de l’autre doivent à nouveau se faire en sûreté, que ce soit en temps de paix comme en temps de guerre. Mais pour que l’on sache ce qu’il y a derrière nous, lorsque nous installons ici le fondement de la sécurité allemande, nous saluent de l’autre côté du Rhin ses gardiens fidèles, les montagnes allemandes, très étendues, du nord au sud ; ils nous apportent les salutations de l’empereur et de l’empire, de ses contes et de ses nombreuses tribus, qui nous disent, qu’ils allaient venir tous derrière les remparts, avec leur garde et tout leur savoir ; ils nous adressent les salutations du pays, et c’est pour sa liberté et son honneur que nous sommes ici dans cette forteresse.
Ce ne sont que peu de lunes qui sont allées dans le pays, depuis que nous étions à Strasbourg, le lieu de naissance d’une nouvelle création allemande ; la cérémonie d’aujourd’hui complète la première. A l’époque il s’agissait d’arriver à un lieu de mémoire de l’instruction et de la science allemande ; aujourd’hui nous inaugurons une place d’armes de la capacité de défense allemande.
Pour les deux, que ce soit la science ou la capacité de défense allemande, culmine la vie de notre peuple. Le peuple des penseurs est devenu, appelé par nos rois prussiens des Hohenzollern, un peuple en armes ! Où ils règnent dominent les créations de la science et l’honneur de l’homme. Et c’est ainsi qu’ils nous laissent aller à l’ouvrage de ce jour, à la pose de la première pierre de cette forteresse ; et nous y entreposons notre nouvelle promesse de fidélité ! Nous voulons être derrière notre empereur et notre empire ; nous y entreposons nos espoirs et nos souhaits ; que cette première pierre devienne une pierre angulaire de la sécurité et de la paisible vie allemande en l’honneur de notre empereur et la vie éternelle de notre patrie, et enfin nous y entreposons nos souhaits. Et si l’exubérance de l’ennemie devait s’en prendre à cette forteresse, alors que des hommes fiers au cœur vaillant se tiennent ici, qu’ils interviennent au risque de leurs biens, leur sang et leur amour, pour le pays qu’on leur a confié. Ainsi la forteresse et son pays resteront immuablement la propriété de l’empire allemand ! ».
Monsieur le lieutenant-colonel Grund, ingénieur de la place, a lu sur ceux le texte impérial du 7 novembre 1871, par lequel le plan de la construction des nouvelles fortifications de Strasbourg obtint l’approbation impériale.
Puis vint la signature du document par les invités les plus prestigieux qui s’avancèrent. Le document fut ensuite inséré dans le cylindre en fer blanc qui était préparé à proximité, en même temps que les plans du fort, l’annuaire prussien 1870-71 et d’autres documents. L’ensemble des invités rentra par la suite à l’intérieur du local, où tout avait été prévu pour la pose de la première pierre, et c’est là que son Excellence le général commandant frappa les trois coups de marteau symboliques. Les paroles qu’il prononça n’étaient pas très audibles à cause d’une météo avec beaucoup de vent, mais il a dit à peu près cela : « Ici s’érige sûrement et fidèlement la garde sur le Rhin ».
Son excellence le président supérieur von Möller prononce les paroles suivantes : « Que ce beau pays qui s’étend sous nos regards puisse évoluer favorablement sous la protection de ces remparts dans sa particularité et qu’il puisse être reconnaissant à l’Allemagne, qui l’a délivré il y a quelques semaines ».
Monsieur le Gouverneur : « Pour les amis une protection pour les ennemis un rempart ».
Monsieur le président du cercle Monsieur von Ernsthausen : « Vivat Floreat Crescat Germania ».
Monsieur le lieutenant-colonel Grund, ingénieur de la place : « Le premier coup pour celui qui ordonna la construction de l’ouvrage. Le deuxième pour celui qui l’a conçu. Le troisième, pour ceux qui ont réalisés l’ouvrage ».
Pendant que les troupes présentèrent les armes et que les drapeaux furent abaissés, le général commandant entonna un « Hurrah » à sa majesté l’empereur d’Allemagne, auxquels répond avec enthousiasme toute l’assemblée présente. La cérémonie se termina vers 12 heures par l’hymne national, suivi de « Heil dir im Sieggeskranze » (Soit loué celui qui porte les lauriers de la victoire) et par « Die Wacht am Rhein » (La garde au Rhin), puis par 21 coups de canons tirés par une batterie du détachement à pied du régiment d’artillerie de campagne n°15.
Vendredi 25 avril 1873 / Freitag den 25. April 1873
Allemagne, Strasbourg place forte : procédure d’expropriation pour la construction des forts détachés concernant la commune de Geispolsheim.
La presse locale et officielle a publié entre le 25 et le 27 avril 1873 ce communiqué avec la liste des parcelels concernées : « Avis. Le contrat établit le 4 avril entre le directeur d’arrondissement (Kreis-Direktor) Hasse de Strasbourg, agissant pour le président impérial de la Basse-Alsace (Unter-Elsass) et entre les personnes susnommées, dont les parcelles situées sur le ban de la commune de Geispolsheim ont été expropriées au profit de l’Empire allemand suite à la décision du tribunal régional (Landgericht) de Strasbourg du 11 avril 1872, pour l’extension des fortifications de la place de Strasbourg conformément à l’ordonnance impériale du 11 avril de l’année précédente, cèdent de leur plein gré leur terrain contre les indemnités énumérées ci-dessous. Les indemnités qui ont été fixées doivent être payées dès que les procédures prévues au chapitre III de la loi du 3 mai 1841, concernant la preuve de l’absence de privilèges et de gages, auront été remplies ». Le bilan de l’expropriation ordonnée le 12 et 14 mars 1873 sur le ban communal d’Eckbolsheim concerne 207 parcelles.
Lundi 1er septembre 1873 / Montag den 1. September 1873
Allemagne, Strasbourg place forte : baptême des 12 forts de Strasbourg.
Un ordre du cabinet impérial « A.K.O. » du 1er septembre 1873 nomma les forts tel qu’il suit : - Fort Fransecky, actuel fort Ney ; - Fort Moltke, actuel fort Rapp ; - Fort Roon, actuel fort Desaix ; - Fort Veste Kronprinz, actuel fort Foch ; - Fort Grossherzog von Baden, renommé fort Pétain puis fort Frère ; - Fort Bismarck, actuel fort Kléber ; - Fort Kronprinz von Sachsen, actuel fort Joffre ; - Fort Tann, actuel fort Lefebvre ; - Fort Werder, actuel fort Uhrich ; - Fort Kirchbach ; - Fort Bose ; - Fort Blumenthal.
Mardi 30 septembre 1873 / Dienstag den 30. September 1873
Allemagne, Strasbourg place forte : armement d’une partie des forts de la rive gauche du Rhin.
Une revue militaire française qui a repris un article d’un journal lorrain a publié cet article : « On arme avec une étonnante diligence les forts de Hausbergen, Reichstett et Mundolsheim, et les routes qui y conduisent sont depuis quelques jours sillonnées de pièces de canon, parmi lesquelles se remarquent des pièces françaises et des caissons de munitions. On ne peut s’empêcher d’être étonné de la rapidité avec laquelle les travaux des forts en général ont marché depuis six mois. Non seulement on les aperçoit parfaitement de la route, mais il est plus d’un qui serait déjà en état de servir ». Remarque : la mise en place des pièces d’artillerie sur les parapets des forts concerne vraisemblablement les forts de la rive gauche du Rhin, dont la construction a le plus avancée et coïncide avec l’évacuation du territoire français par les dernières troupes allemandes. Il s’agit là de la volonté du commandement allemand de mettre la place forte allemande à l’abris d’une éventuelle attaque. Il est donc vraisemblable que les parapets d’artillerie des faces et flancs des forts aient été construits en priorité. Les forts qui sont vraisemblablement concernés par cet armement sont : Fort V à Reichstett, Fort III à Mundolsheim, Fort IV à Niederhausbergen.
Dimanche 3 mai 1874 / Sonntag den 3. Mai 1874
Allemagne, Strasbourg place forte : mutation du colonel du génie Grund.
Un journal de Strasbourg a publié cette nouvelle : « Le colonel du génie « Genieoberst » Grund, l’ancien directeur des constructions de fortifications, a été muté à Königsberg, et à sa place nous trouvons le commandant « Major » Herfarth ».
Lundi 23 novembre 1876
Allemagne, Strasbourg place forte : remise du portrait du General von der Tann pour le Fort Tann.
Un journal local a publié cet article : « Strasbourg, le 20 novembre 1876. Le général commandant le 1er corps d’armée bavarois, « General der Infanterie von und zu der Tann-Rahtsamhausen », a envoyé son portrait au gouvernement local afin que l’on puisse l’accrocher au fort dénommé d’après lui « Fort Tann ».
Samedi 3 mars 1877
Allemagne, Strasbourg place forte : Cadeau du portait de son Excellence Monsieur le général von Werder pour le Fort Werder.
Informations tirées d’une revue militaire allemande : « Son Excellence Monsieur le général de l’infanterie « General der Infanterie » von Werder a offert son portrait au Fort Werder ; comme nous l’apprenons, désormais tous les forts de la rive gauche du Rhin, hormis le Fort Grossherzog von Baden à Oberhausbergen, ont reçu en cadeau le portait de la personnalité dont ils portent le nom et conformément aux directives du gouverneur, ce portait est accroché en temps de paix dans la chambre de l’officier du détachement de garde, et en cas de mise en état de défense il doit trouver sa place dans la chambre du commandant du fort ».
Samedi 17 mars 1877
Allemagne, Strasbourg place forte : adjudication de travaux pour les ouvrages intérieurs et extérieurs de la place forte.
Une gazette de Strasbourg a publié ce communiqué : « Adjudication des travaux et livraisons à effectuer du 1er avril 1877 au 31 mars 1878, au profit de la place forte de Strasbourg et de ses ouvrages extérieurs : travaux de maçonnerie et de taillage de pierres ; travaux de couverture ; travaux de charpente ; travaux de menuiserie ; travaux de forge et de serruriers ; travaux de plomberie ; travaux de peinture ; travaux de vitrerie ; travaux de carrelage ; travaux de carrelage ; travaux de pavage ; travaux de puisatier ; missions de transport ; ainsi que la livraison des fournitures et de dessins, et la livraison de la nourriture pour les pigeons seront attribués par voie d’adjudication le samedi 17 mars 1877, à 10 heures. Strasbourg le 5 mars 1877. « Kaiserliche Fortification ». Remarque : Cette ajudication annuelle de travaux sur les ouvrages de fortifications de la place est utilisée pour assuer leur entretien, les travaux de modernisation, où mêmes les travaux de construction ou d’aménagement qui n’ont pas pu être financer lors de la construction de l’ouvrage et qui sont réalisés ultérieurement grâce à ces budget.
Samedi 5 mars 1887
Allemagne : Strasbourg, place forte.
Une notre française de renseignement du 5 mars 1887 nous livre les informations suivantes concernant les travaux de renforcement de la place forte : « Installation du chemin de fer de ceinture : A la date du 12 février 1887, le Gouverneur de Strasbourg a décidé l’établissement d’un chemin de fer à voie étroite passant du pont du canal près de Hœnheim en prenant ensuite la chaussée du chemin de fer de ceinture, la route de ceinture derrière le Fort Roon, puis le chemin vicinal n°63 à partir du kilomètre 12.000 jusqu’au kilomètre 13.100, ensuite la route vers le fort Podbielski et là par le chemin vicinal n°11 du kilomètre 14.700 au kilomètre 14.870 jusqu’au fort Grand-Duc de Bade. Ce chemin de fer est destiné à transporter les matériaux dans les divers forts sur son passage. Par ordre subséquent, et pour le même objet, un chemin de fer doit être établi de la gare de Holtzheim au fort Prince de Bismarck ».
1919
France, Strasbourg place forte : le fort Lefèbvre sert de dépôt à l’armée française.
Après l’évacuation de Strasbourg et de l’Alsace par les troupes allemandes, les troupes françaises font leur entrée dans Strasbourg le 22 novembre 1918. Les unités occupent l’ensemble de l’infrastructure de la garnison, y compris les forts et ouvrages détachés de la ceinture des forts de Strasbourg. Le fort von der Tann est désormais nommé fort Lefèbvre, et sert comme les autres ouvrages, de dépôt de matériel et terrain d’exercice pour les troupes de la garnison. Nous n’avons que peu de renseignements sur les unités qui ont occupé ce site : d’après une frasque laissé dans une casemate-logement, il y avait le 1er bataillon de chasseurs.
Mardi 5 juillet 1927
France, Strasbourg place forte : décret de classement du fort Lefèbvre en 1ère zone des servitudes.
Le 5 juillet 1927, le Président de la République Gaston Doumergue, sur rapport du Ministre de la Guerre Paul Painlevé, signe le décret suivant classant le fort Lefèbvre dans la 1ère zone de servitude. Voici le texte officiel : « Le Président de la République française, sur le rapport du Ministre de la Guerre, vue les lois des 10 juillet 1791, 17 juillet 1819 et 10 juillet 1851, concernant le classement et la conservation des places de guerre et postes militaires ainsi que les servitudes imposées à la propriété autour des fortifications pour la défense de l’Etat, vu le décret règlementaire du 10 août 1853 pour l’application des lois précitées, décrète :
Article 1. Sont définitivement arrêtés et homologués les plans visés et approuvés par le Ministre de la Guerre et concernant les polygones exceptionnels créés par décrets des 18 et 29 août 1926 dans la 1ère zone des servitudes des forts Rapp, Kléber, Joffre et Lefèbvre dépendant de la place de Strasbourg.
Article 2. Le Ministre de la Guerre est chargé de l’exécution du présent décret qui sera publié au Journal Officiel de la République Française. Fait à Paris, le 5 juillet 1927. Gaston Doumergue. Par le Président de la République Française. Le Ministre de la Guerre. Paul Painlevé ».
1945
France, Strasbourg place forte : le fort Lefèbvre réutilisé par l’armée française.
Après la seconde guerre mondiale, l’armée française reprend en compte le fort Lefèbvre qui reste terrain militaire. Il sert de dépôt pour du matériel déclassé sans grande valeur. Il ne bénéficie d’aucun entretien. Cependant quelques petites modifications sont faites sur le site : ouverture d’un passage pour poids-lourds vers la gauche en perçant le rempart de gorge et en élargissant la digue sur le fossé de gorge, et construction d’une maison d’habitation sur l’ancien blockhaus de gorge, qui sert de support. Pour l’instant nous ne connaissons pas les unités qui ont occupé les lieux : en dernier lieu c’était le service du génie de Strasbourg qui gérait le site et y déposait différents matériels.
Vendredi 5 septembre 1947
France, Strasbourg place forte : vue aérienne du fort Lefèbvre.
Sur cette photographie aérienne on s’aperçoit que désormais la végétation a recouvert l’essentiel de l’ouvrage.
Photographie aérienne du fort Lefèbvre du 5 septembre 1947 (Source IGNF).
2005 environ
France, Strasbourg place forte : le fort Lefèbvre est vidé.
Après la restructuration des unités de la garnison, le fort Lefèbvre reste terrain militaire, mais est peu à peu vide de son contenu. Avec l’autorisation du service local du génie l’’association du fort Frère a pu bénéficier de certains équipements comme de vieilles fenêtres et portes. Le ministère de l’intérieur avait également fait un projet d’installation de vestiaires pour le personnel du centre de rétention tout proche. A priori ce projet n’a pas abouti.