Fort Frère - Fort V – Fort Oberhausbergen – Fort Großherzog von Baden – Fort Maréchal Pétain
Dernière mise à jour : 03 / 05 / 2023
Auteur de la page : Mohr-Joerger Richard
Fiche descriptive générale
Voici l’essentiel des informations disponibles concernant le Fort V – Fort Großherzog von Baden – Fort Maréchal Pétain - Fort Frère.
Sources :
Une grande partie des sources a été précisée. Chaque source est munie d’un numéro personnel précédé d’un S qui permets de ne pas répéter à chaque fois l’intégralité de la référence (S0001). La liste des sources est indiquée en bas de page. « p. » = numéros de pages.
Tableau représentant le Fort Großherzog von Baden vers 1910 de André Brauch vers 1997.
Situation géographique
Le fort Frère est situé en bordure sud-ouest des hauteurs de Hausbergen, sur l’extrémité sud-ouest du ban de la commune d’Oberhausbergen, au nord des lieux-dits « Rohrberg » et « Pfaffenberg » et à l’est du lieu-dit « In den Tubsteinen ». Le chemin des Coteaux emprunté par la piste cyclable des forts de Strasbourg, passe devant l’entrée du fort.
Altitude : environ 183 m, soit 52 m au-dessus du terrain naturel situé devant le fort dans la vallée du Musaubach (151 m) et 28 m au-dessus du village d’Oberhausbergen (155 m).
Adresse : Chemin des Coteaux, 67205 Oberhausbergen.
Cartographie
Avant la construction du fort V
1870 : Extrait de carte des environs du site de construction du fort Frère.
Collection BP.
Après la construction du fort V – Fort Grossherzog von Baden
1885 : Carte extraite de la planche n°19 de l’ouvrage Plessix H. : Manuel complet de fortification ; Berger-Levrault & Cie, 1883.
1904 : Extrait d’une carte spéciale à l’échelle 1 :75 000 avec l’emplacement du Fort Baden / fort Frère inscrit à l’encre noire.
Collection MJR.
1914/05 : Carte du plan de mise en état de défense de la place forte de Strasbourg par l’artillerie. En bleu les positions, abris et batteries à construire ou aménager pendant les 20 premiers jours de la mise en état de défense, et en rouge ceux qui doivent être construits après les 20 premiers jours de la mise en état de défense. Chaque position sur la colline comprend en règle générale un abri d’infanterie, un réseau de tranchées couverts par un réseau de fils surmonté de barbelé. La ligne principale de résistance est désormais environ 1 km devant le fort Frère, la ligne de défense du fort et des anciens abris d’infanterie doit être érigée après le 20e jour de mise en état de défense. L’essentiel des positions d’artillerie sont installées derrière la ligne des forts ou près de la route d’Oberhausbergen à Mittelhausbergen.
Archives GSTAPK Berlin-Dalem, collection CESFS / MJR.
1914/05 : Carte d’artillerie avec le réseau de voies ferrées : Sur la route entre Oberhausbergen et Mittelhausbergen, on réutilise la ligne de tramway, une voie double d’un mètre qui alimente les batteries 20 et 21. Une voie de 60 cm de là pour rejoindre le dessus de la colline, à gauche du fort Frère, aux environs de l’abri à munitions M31. Une autre voie de 60 cm arrive par le Nord et s’arrête au niveau de l’abri à munitions M30.
Archives GSTAPK Berlin-Dalem, collection BA.
1915 : Extrait d’un plan topographique annoté par le renseignement militaire français. En France, les forts portent à cette époque la traduction littérale des noms allemands : le Fort Grand-Duc de Bade est le Großherzog von Baden, l’actuel fort Frère, le Fort Prince Royal est le fort Kronprinz, actuel fort Foch et l’ouvrage intermédiaire de Baden-Bismarck est l’ouvrage Frère-Kléber. Sont indiqués en rouge les réseaux de fil de fer et de barbelé, les tranchées, la position des batteries, datant de la mise en état de défense de 1914-1915, qui n’est pas achevée à cette époque. Tous les abris et batteries d’intervalle installés entre 1887 et 1890 environ, sont en noir. Les abris sont marqués « Inf » ou « Mun », les services français ne font pas de différence entre les abris d’artillerie et les abris à munitions.
Source : collection CESFS.
1939 : Carte Michelin n°62 Chaumont-Strasbourg au 1/200 000e. Du nord au sud le Fort Ducrot, Fort Maréchal Foch, Fort Maréchal Pétain, l’ouvrage Pétain-Kléber et le Fort Kléber. En rouge les routes à grande circulation en macadam ou en pavé ordinaire, en jaune les routes secondaires ou routes d’intérêt commun (I.C.) et en blanc les routes d’intérêt commun (I.C.) régulièrement empierrées.
Collection MJR.
2015 : Extrait de vue satellite publiée par Wikimapia. Les rectangles blancs ou carrés rouge indiquent l’emplacement des ouvrages de fortifications situés à proximité.
2012 environ : Les environs du fort Frère carte.
Vues aériennes
1956 : Vue aérienne avec les forts Foch et Frère et l’ouvrage intermédiaire Frère-Kléber.
1958 : Vue aérienne avec l’ouvrage intermédiaire Frère-Kléber et les forts Frère et Foch.
1966 : Vue aérienne avec l’ouvrage intermédiaire Frère-Kléber et les forts Frère et Foch.
1971 : Vue aérienne de la colline des Hausbergen avec les forts Ducrot, Foch et Frère.
Situation stratégique
1875-1887
Le fort Grossherzog von Baden actuel fort Frère est situé sur le front Ouest de la ceinture des forts détachés de Strasbourg. Il commande l’ancienne route de Paris et est un des éléments essentiels de la défense du front le plus exposé, à l’ouest de la place de Strasbourg. En effet, les trois forts des hauteurs des Hausbergen (forts Podbielski, Kronprinz et Baden) occupent une position très avantageuse sur un plateau isolé, dominant le terrain en avant ou battant à revers les pentes qui s’y trouvent. Devant ce plateau, coule la Souffel qui vient placer pour ainsi dire un fossé en avant d’eux. Ces forts commandent la route de Saverne et Paris et les routes de moindre importance qui se dirigent vers les Vosges, et, par le fort Podbielski, exercent une action très efficace sur le chemin de fer de Paris et la route de Wissembourg. Ils forment à eux trois la véritable clef de la place forte. La ligne principale de défense de la place forte de Strasbourg est alors située sur la ligne des forts détachés.
Août 1874
Une note du deuxième bureau français (chargé du renseignement militaire à l’époque) signée par un capitaine du génie nous apporte quelques précisions le secteur du plateau de Hausbergen à la suite d’une reconnaissance effectuée en août 1874 : « Le nœud de la défense est le plateau de Hausbergen qui est très-peu dominé par les hauteurs éloignées (5 000 à 6 000 m) de Ittenheim, Reitwiller et Truchtersheim, et d’où l’on commande l’ancienne route de Paris. Ce plateau qui est couvert sur son front par la vallée assez profondément encaissé de la Souffel est occupé par les deux forts de Niederhausbergen et d’Oberhausbergen, distants l’un de l’autre de 1 000 mètres ». Remarque : Le fort Podbielski n’a pas encore été construit lors de la rédaction de ce texte.
1887-1900
La ligne principale de défense de Strasbourg reste sur la ligne des forts. Mais les intervalles entre les ouvrages sont sensiblement renforcés par des abris d’infanterie, d’artillerie ou à munitions, ainsi que des batteries, établies sous la forme de fortifications permanentes. Une gigantesque position d’artillerie est construite juste à l’arrière de la ligne des forts entre Oberhausbergen et Eckbolsheim, c’est-à-dire sur le point le plus exposé de la place forte de Strasbourg. Avec la construction du groupe fortifié de Mutzig « Feste Kaiser Wilhelm II » à l’ouest de Strasbourg entre 1893 et 1914 et la planification de la construction de la Ligne de la Bruche lors de la mise en état de défense (projet du début du 20e siècle), le front Ouest a peu à peu qu’une importance secondaire.
1900 – 1914
Au début du siècle, après le début de construction du groupe fortifié de Mutzig-Molsheim, le commandement allemand programme la construction d’une ligne défensive appelée lignes de la Bruche, entre Molsheim et Strasbourg. Cette ligne qui doit être érigée lors de la mise en état de défense, comporte aux environs de Strasbourg, deux branches, qui rejoignent la ligne des forts détachés sur le front Ouest à Strasbourg. La branche la plus au nord passe à l’ouest du fort Grossherzog von Baden. Par ailleurs, compte tenu de l’évolution de la portée de l’artillerie, la ligne principale de défense est reportée à environ 1 000 mètres en avant du Fort Baden. En effet lors de la mise en état de défense ont a prévu la construction d’abris et de position d’infanterie et à l’arrière, la construction d’abris d’artillerie et d’abris à munitions. Par ailleurs de nouvelles positions doivent être aménagés, au nord sur le Reeberg et au sud sur le Stimmelsberg, ce qui permet de flanquer cette nouvelle ligne principale de défense située devant le fort Baden. Deux grands ouvrages d’infanterie du Stimmelsberg sont même construits dès le temps de paix.
1914 – 1918
Le Fort Baden reste dans le secteur défensif Nord-Ouest de Strasbourg. Les ouvrages programmés sont en grande partie réalisés entre août 1914 et avril 1916. Le Fort Baden et les deux positions d’infanterie avec les abris d’infanterie I-10 et I-11 sont désormais en deuxième ligne de défense. La batterie annexe gauche du fort Baden est transformée en point d’appui d’infanterie.
1918 – 1935 environ
Le fort Maréchal Pétain n’est utilisé que comme dépôt de matériels militaires et à priori comme terrain d’exercice.
1935 environ – 1940
L’ensemble de la colline de Hausbergen est transformé en un môle défensif, créant en quelques sorte une troisième ligne défensive dans le cadre de la Ligne Maginot, un peu équivalente à la ligne des villages en dehors de Strasbourg. Les trois forts, Ducrot, Foch et Pétain accueillent des postes de commandement. Trois observatoires sont installés face à l’ouest pour la surveillance de Strasbourg et de la plaine rhénane, et des points d’appuis assurent la défense de la colline, soit avec la construction de nouveaux ouvrages, soit par la réutilisation des anciens ouvrages allemands encore existants. Le fort Maréchal Pétain est désormais utilisé comme dépôt annexe du Centre Mobilisateur du Génie N°1 (C.M.G. 1).
Distances avec les autres ouvrages
Au Nord : Fort Kronprinz – Fort Foch : 1,618 km (1,005 miles).
Au Sud : Zwischenwerk Baden-Bismarck – Ouvrage intermédiaire Frère-Kléber : 1,872 km (1,63 miles).
Au Sud : Fort Fürst Bismarck – Fort Kléber : 3,087 km (1,918 miles).
Au Sud-Est : enceinte urbaine : 4,770 km (2,964 miles).
Déroulement de la construction
Expropriation des terrains pour la construction du fort Großherzog von Baden
Les terrains nécessaires pour la construction du fort d’Oberhausbergen ont été exproprié conformément à la loi française du 3 mai 1841.
11 avril 1872 : Ordonnance impériale relative aux expropriations au profit de l’agrandissement de la place forte de Strasbourg.
3 juin 1872 : Décision d’expropriation prononcée par le tribunal impérial de Strasbourg.
8 novembre 1872 : Acte d’expropriation dressé par le directeur impérial du cercle « kaiserliche Kreisdirektor » Hasse, mandaté par le président impérial du district de Basse-Alsace « kaiserliche Präsidenten des Unter-Elsass ».
11 novembre 1872 : Publication de la liste des parcelles sont cédées librement à l’Empire allemand contre dédommagements, dont voici la synthèse : 34 parcelles situées sur 4 lieux-dits qui sont : Auf dem Dingsheimer Pfad, im Gansei, in der kurzen Streng, über dem Dingsheimer Pfad, im Schenkbecher. Il s’agit de 26 parcelles complètes d’une surface de 54 à 5 ares et de 8 morceaux de parcelles d’une surface de 4 ares à 69 centiares. Cette liste a été publiée par le service impérial des fortifications de Strasbourg « Kaiserliche Fortifikation » et signé par Grund, lieutenant-colonel et ingénieur de la place forte « Oberstleutnant und Ingenieur vom Platz ».
Le document site 34 propriétaires, dont 27 sont domiciliés à Oberhausbergen, 3 à Mittelhausbergen, 2 de Mundolsheim, 1 de Pfulgriesheim et 1 de Strasbourg. Les dédommagements proposés pour ces parcelles sont les suivants : 5 parcelles à 300 francs/are, 1 parcelle à 298 francs/are, 1 parcelle à 280 francs/are, 1 à 200 Fr. /are, 1 à 190 Fr. /are, 6 à 180 Fr./are, 20 à 175 Fr. /are. Par ailleurs 206 Fr. d’indemnité allant de 50 à 3 Fr. sont attribués pour la parte des arbres situés sur ces terrains.
25 – 28 novembre 1872 : Acte d’expropriation dressé par le directeur impérial du cercle « kaiserliche Kreisdirektor » Hasse, mandaté par le président impérial du district de Basse-Alsace « kaiserliche Präsidenten des Unter-Elsas ».
Synthèse : cette publication concerne 16 parcelles, sur les lieux-dits Über dem Dingsheimer Pfad, In der kurzen Streng, Im Gansei, Auf dem Dingsheimer Pfad, Im Schenkbecher, Hinten auf dem Neuenweg. Surface des parcelles entre 1,17 ares et 24,39 ares. Le prix de l’are varie entre 167 et 310 francs et les indemnités totales s’élèvent entre 986 et 5 341 francs. Une seule parcelle comportait 2 arbres indemnisés pour un montant de 24 francs. Le total des indemnisations était de 33 033,37 francs.
4 décembre 1872 : Publication d’une nouvelle liste de parcelles expropriées à Oberhausbergen.
Synthèse : cette publication concerne 16 parcelles, sur les lieux-dits Über dem Dingsheimer Pfad, In der kurzen Streng, Im Gansei, Auf dem Dingsheimer Pfad, Im Schenkbecher, Hinten auf dem Neuenweg.
Expropriation des terrains pour le renforcement du Fort Grossherzog von Baden et de ses intervalles.
En 1887, dans le cadre du renforcement des forts à la suite de la crise de l’obus torpille, on procède à de nouvelles expropriations pour réaménager le glacis des forts, aménager de construire de façon permanente l’ouvrage intermédiaire Baden-Bismarck, les deux batteries annexes du fort, les batteries d’intervalle et construire les abris d’infanterie, abris d’artilleurs et les abris à munitions. Pour cette expropriation on utilise toujours les dispositions de la loi française de du 3 mai 1841.
27 juin 1887 : Procès-verbaux du juge-commissaire « Richterkommissar » et des chargés d’affaires juridiques concernant les expropriations pour motifs militaires.
30 juin 1887 : Acte établit par le procureur impérial de Strasbourg du 30 juin 1887, qui prend en compte la demande. Conformément à la loi du 30 mars 1831. Après concertation est conforme aux dispositions préconisées par la loi, que l’expertise du chargé d’affaires juridiques est entièrement à exécuter dans tous les points.
1er juillet 1887 : Arrêt du tribunal local de Strasbourg du 1er juillet 1887, concernant l’expropriation pour motifs militaires.
31 août 1887 : Publication de l’extrait du tribunal conformément à la décision du tribunal impérial local III chambre civile « Kaiserliche Landgericht III, Civilkammer » conformément à l’article 10, la procédure fixe la prise de propriété définitive comme suit : Ban de la commune d’Oberhausbergen. Total : 26 lots en 26 jugements. Section C. « In den zwanzig Ackern ». Parcelles n°352, 369, 370, 371, 372, 373, 374, 373p, 375, 376, 377, 378, 379, 380, 381, 382, 383, 384p, 385p, 386, 387, 393, 384, 385, 394, 395, 396, 397, 398, 399, 400, 401, 402, 403, 405, 407. Total : 505,41 ares expropriés, 1 parcelle au prix de 130 M / are, 12 parcelles au prix de 120 M / are et 15 parcelles au prix de 110 M / are. « Le président de Basse-Alsace est autorisé à prendre possession des terrains ci-dessus avec les conditions de l’arrêt du tribunal avec la fixation provisoire des dédommagements. Ordonne finalement que les propriétaires des terrains vide immédiatement les terrains dès exécution de leurs obligations. La communication de cet arrêt est conforme aux articles 15 et 19 de la loi du 3 mai 1841 avec les remarques, que les articles 17 et 18 de la loi précise que les contrats de cession sont établis après l’absence d’hypothèque et de privilèges. Tous les recours doivent être déposés dans les délais prescrits. Strasbourg, le 31 août 1887. Kaiserliche Fortifikation ».
13 octobre 1887 : Un journal de Strasbourg a publié ce communiqué officiel : « Extrait de l’arrêt du tribunal local de Strasbourg du 26 août 1887, concernant l’expropriation pour motifs militaires. Conformément à la loi du 30 mars 1831. Conformément aux procès-verbaux du juge-commissaire « Richterkommissar » et des chargés d’affaires juridiques du 17 et 18 août 1887. Conformément à l’acte établit par le procureur impérial de Strasbourg du 23 août 1887, qui prend en compte la demande. Après concertation est conforme aux dispositions préconisées par la loi, que l’expertise du chargé d’affaires juridiques est entièrement à exécuter dans tous les points. Pour ces raisons le tribunal impérial local III chambre civile « Kaiserliche Landgericht III, Civilkammer » conformément à l’article 10, la procédure fixe la prise de propriété définitive comme suit : Ban de la commune d’Oberhausbergen ». Total : 18 lots en 3 jugements. Section D. Dorf. Parcelles n°87, 88, 89. Section A. « In der Klamm ». Parcelle n°653. Section C. « Über den Eckbolsheimerweg ». Parcelles n°609p, 610p, 611p, 612p, 613p, 614p, 660, 661, 662, 663, 664. « Bei den Marlenheimer Pfädel ». Parcelles 718, 720, 721. Total : 62 ares expropriés, 1 lot au prix de 180 M / are, 2 lots au prix de 140 M / are,1 lot au prix de 120 M / are, 6 lots au prix de 100 M / are, 8 lots au prix de 90 M / are.
« Ordonne finalement que les propriétaires des terrains vide immédiatement les terrains dès exécution de leurs obligations. La communication de cet arrêt est conforme aux articles 15 et 19 de la loi du 3 mai 1841 avec les remarques, que les articles 17 et 18 de la loi précise que les contrats de cession sont établis après l’absence d’hypothèque et de privilèges. Tous les recours doivent être déposés dans les délais prescrits.
Strasbourg, 13 octobre 1887. Kaiserliche Fortifikation ».
Construction du fort V, Fort Oberhausbergen, Fort Großherzog von Baden
Préparation du chantier
12/02/1872 : Adjudication de la construction du Fort V – Fort Oberhausbergen attribuée au consortium d’entrepreneurs August Pasdach & Cie. Un grand fort comme le Fort V ou Fort Oberhausbergen nécessite d’après l’adjudication environ 240 000 m3 de terrassement et 100 000 m3 de maçonnerie. La même société a également remporté l’adjudication de la construction du Fort VI, Fort Wolfisheim.
08/03/1872 : D’après les journaux de l’époque la construction des cinq premiers forts détachés de Strasbourg va bientôt commencer. Les chantiers pour les cinq forts détachés les plus importants, c’est-à-dire ceux de Wolfisheim, Niederhausbergen, Oberhausbergen et Reichstett sont désormais prêt.
25/03/1872 : Réalisation d’un plan de masse du Fort V à la demande du Comité des Ingénieurs « Ingenieur-Comité ». Il s’agit du plan accompagnant l’expertise du 25 mars 1872.
29/05/1872 : Début de construction du chemin de fer de ceinture destiné à alimenter les chantiers de construction des forts de la rive gauche du Rhin. Ces travaux ont été adjugés aux entrepreneurs Rauschert & Becker. Cette ligne qui part du port de Souffelweyersheim sur le canal de la Marne au Rhin passe par Mundolsheim, Oberhausbergen et Niederhausbergen, et rejoint d’un côté au nord-est la rive gauche de l’Ill près du futur Fort I (Fort Fransecky) et au sud-ouest la berge du canal du Rhône-au-Rhin, près du chantier du Fort IX (Fort Werder) à Graffenstaden. La ligne est mise en service au fur et à mesure de l’avancement des travaux, en desservant dans un premier temps le fort II et le fort III, puis le forts IV, et enfin les forts V et VI.
Construction du gros œuvre
Chronogramme : A l’intérieur du porche d’entrée : 1874 – 1875. Inscription complète : « Hptm. v. Oidlman. 1874 – Hptm. Neumann. 1875 ». Traduction : Capitaine « Hauptmann » von Oidlman 1874 et capitaine Neumann 1875. Il s’agit en fait des deux officiers ingénieurs du génie de l’armée impériale allemande, chargés successivement en 1874 et en 1875 du suivi et du contrôle de la construction du Fort d’Oberhausbergen. Le Hauptmann von Oidlmann a d’ailleurs signé, en tant que capitaine ingénieur un plan du fort de masse à l’échelle 1 : 500e réalisé par le service des fortifications de Strasbourg en annexe d’un dossier daté du 25 mars 1872.
1872 – 1875 : Dates officielle de construction.
08/1872 – 08/1874 : Dates affinées de construction du gros œuvre.
22/07/1872 : Le presse nous informe que l’arasement de la place forte de Phalsbourg dont les pierres de taille sont réemployées pour la construction des forts de Strasbourg, est pratiquement achevé. Les pierres transportées aux abords du canal de la Marne au Rhin attendent leur transport.
03/07/1872 : Publication dans la presse d’une annonce concernant l’embauche de maçons pour la construction des forts de Wolfisheim et d’Oberhausbergen par la société August Pasdach & Compagnie.
30 juillet – 6 août 1872 : Publication d’une annonce dans la presse pour demander la livraison de briques de dimension réglementaire de 25 x 12 x 6,5 cm pour les forts de Wolfisheim et Oberhausbergen.
Annonce publiée reprises dans la presse locale
Samedi 28 septembre 1872 : Cérémonie de pose de la première pierre de la nouvelle ceinture de fortifications de Strasbourg, au fort V à Oberhausbergen.
14/11/1872 : La presse nous informe que les travailleurs sur les chantiers des forts sont payés à la tâche. De cette façon, un bon tailleur de pierre gagne jusqu’à 84 francs par semaine et récemment un charretier équipé de deux chevaux solides a gagné 235 francs en deux semaines. Les mineurs quant à eux gagnent bien 7 à 8 francs par jour. Pour ce travail ce sont plus particulièrement les Italiens qui démontrent leur assiduité au travail.
16/12/1872 : Le presse nous livre les informations suivantes concernant la construction des forts de la rive gauche du Rhin : « Depuis quelques temps, la construction des forts de la rive gauche paraît très avancée. On aperçoit actuellement des échafaudages en bois, hauts de 55 à 65 pieds, servant à profiler les remblais. 2 000 travailleurs sont occupés aux trois forts de Niederhausbergen, Reichstett et Mundolsheim. Cet effectif augmente chaque jour. On espère que la construction des forts sera terminée avant six mois, c’est-à-dire avant le délai fixé. Les murs d’enceinte tomberont dès que ces travaux seront achevés ».
25/01/1873 : Instauration de la loi relative aux livrets des travailleurs « Arbeiterbücher ». Les Alsaciens-lorrains disposent d’un délai jusqu’à la fin du mois de février pour acquérir les livrets des travailleurs. Ce document peut être utilisé comme pièce d’identité à l’intérieur de l’Empire. Aucun employeur n’a le droit d’embaucher du personnel s’il n’est pas muni du livret réglementaire.
11/02/1873 : Rumeurs concernant le départ des ouvriers italiens des chantiers de construction des forts détachés. Une partie des Italiens a quitté l’Alsace pour travailler au percement du tunnel du Saint-Gothard contre des espèces sonnantes et trébuchantes.
Aménagements complémentaires pour le Fort V, Fort Oberhausbergen, Fort Großherzog von Baden et démontage du chemin de fer de ceinture.
1874 : Etablissement d’un plan projet pour une route stratégique sur les hauteurs de Hausbergen dénommé « Längenprofil der Verbindungsstraße längs dem Hausberger Höhenkamm ».
01/1874 : Installation des lignes de télégraphies souterraines entre les forts détachés de Strasbourg. On estimait la durée des travaux à trois mois et les câbles sont enterrés à une profondeur de 75 cm.
01/03/1874 : Une revue militaire française livre quelques renseignements concernant les forts détachés du front ouest : « Plus à l’ouest, les hauteurs de parallèles au Rhin, qui s’étendent de Mundolsheim à Oberhausbergen sont couronnées de deux forts, le fort Kronprinz, ou de Niederhausbergen, et le fort Grossherzog von Baden, ou d’Oberhausbergen, qui possèdent déjà, une partie de leur armement. Les casernes de ces forts vont être terminées ce printemps ainsi que celle du fort Bismarck. Une route de ceinture, qui suit la crête des collines, part de Mundolsheim et conduit aux deux forts. L’on parle d’établir, en outre, une batterie près de l’église de Mundolsheim pour mieux battre les vallons de la Leisbach et de la Kolbsenbach. Commencé en même temps que les quatre derniers forts susnommés, le fort Bismarck, soit par suite de malfaçon, soit plutôt à cause de la nature argileuse du terrain, a subi des tassements qui ont déterminé l’automne dernier des éboulements considérables et singulièrement retardés son achèvement… Le terrain entre les forts sera rempli par des batteries d’annexion ou intermédiaires, chacune de huit pièces, probablement, dit la Gazette de Silésie, des canons de 12 c. et des mortiers de 21 c. Presque tous communiquent avec la ville par des lignes télégraphiques souterraines et quelques-uns auraient, dit-on, un dépôt de pigeons voyageurs. Un chemin de fer de ceinture, dès maintenant achevé, même sur la rive droite du Rhin, met en relation les différents forts. ».
19/03/1874 : la presse publie une annonce relative à la vente aux enchères de traverses de chemin de fer à Oberhausbergen et Wolfisheim. Le chemin de fer de ceinture de la rive gauche du Rhin, qui a servi à alimenter les chantiers de construction des forts, commence à être démantelé.
08/04/1874 : Adjudication de 178 étagères en bois pour stocker les projectiles par le dépôt d’artillerie de Strasbourg. Il est fort probable que ces étagères doivent équiper les magasins à projectiles des forts détachés.
04/05/1874 : La presse locale annonce une nouvelle adjudication concernant de 178 mètres linéaires de râteliers à fusils. Ces râteliers à fusils étaient vraisemblablement destinés à équiper les forts détachés de la rive gauche du Rhin.
16/06/1874 : Vente aux enchères de tonnelets de ciment vides par le service des fortifications de Strasbourg, sur les chantiers des forts de la rive gauche : au Fort Großherzog von Baden, 400 pièces, le mardi 16 juin à 8 heures.
28/10/1874 : Adjudication par le service impérial des fortifications de Strasbourg de la construction de la route stratégique que les hauteurs de Hausbergen par le service des fortifications.
25/03/1875 : adjudication de la réalisation et de la livraison de 151 collecteurs en fonte et de 12 tuyaux d’évacuation des fumées pour le service des fortifications par le service impérial des fortifications de Strasbourg. Il est fort probable que ces équipements soient destinés aux forts détachés de la rive gauche du Rhin.
30/04/1875 : Adjudication de la démolition de la ligne du chemin de fer de ceinture situé sur la rive gauche du Rhin, du canal de la Marne-au-Rhin et la route de Wissembourg, entre la gare de Mundolsheim et la gare de Holtzheim, entre Graffenstaden et le fort IX.
19/06/1876 : adjudication par le service impérial des fortifications de Strasbourg de la livraison de 8 000 m² d’asphalte et de fourniture de 35 lettres en étain pour les noms des forts. Nota : 35 lettres correspondent à priori à la fourniture des lettres destinée au forts Bose, Kirchbach et Blumenthal sur la rive droite du Rhin.
26/09/1876 : Adjudication de la livraison et du montage de couvercles de puits de lumière et de ponts levis pour les forts détachés de Strasbourg. La presse locale a publié cette adjudication : « Mardi le 26 septembre 1876, à 10 heures, seront adjugés publiquement et à montant illimité, au bureau du service des fortifications, la livraison et le montage de 36 couvercles pour puits de lumière « Lichtschachthaube » en fer forgé et grillage, d’un poids d’environ 100 kg par pièce, ainsi que de 3 pont-levis métalliques « Eiserne Zugbrücken », comprenant environ 2 800 kg de fer forgé et de fer laminé « Schmiede –und Walzeisen », 950 kg de fonte et 1 700 kg de plomb durci « Hartblei ». Les conditions générales et particulières ainsi que les plans peuvent être consultés au bureau, ou par la poste contre l’envoie de 6 marks. Strasbourg, le 8 septembre 1876. “Kaiserliche Fortification” ». Remarque : compte tenu qu’il n’y a que trois pont-levis, ces équipements sont vraisemblablement destinés aux trois forts à fossé plein d’eau, les Fort Fransecky, Fort von der Tann et Fort Werder, dont la construction s’achève sur la rive gauche du Rhin. A priori les forts à fossés secs ont été équipés avant cette date. Un premier essai aurait été fait au fort Bismarck, actuel fort Kléber.
21 au 27/11/1876 : Nouvelle vente aux enchères des matériels du chemin de fer de ceinture, dont une vente organisée au Fort Baden le 23 novembre 1876.
Sources : S0200 n°263 du 10/11/1876 ; n°265 12/11/1876, p. 3.
12/1876 : Elargissement et aménagement du chemin rural de la route stratégique sur les hauteurs jusqu’au village d’Oberhausbergen. Le génie militaire allemand établit deux plans pour la réalisation de la route stratégique reliant les différents forts de la colline d’Oberhausbergen.
1877-1890 environ : Poursuite des aménagements complémentaires du Fort V, Fort Oberhausbergen, Fort Großherzog von Baden, réparations, autres modernisations.
1877-1878 : Aménagement de quatre emplacements pour canons longs de 15 cm sur affût de côte. Compte tenu que les canons longs frettée de 15 cm sur affût de côte des batteries côtières de l’Allemagne du Nord n’étaient plus assez efficaces contre les nouveaux cuirassements des navires de guerre, une centaine de ces canons a été transférée pour équiper les fortifications terrestres vers 1877.
Nous n’avons pas la date exacte de ces canons au Fort Baden, mais les plans d’installation de ces canons à Metz, sur le groupe fortifié du Mont Saint-Quentin et le Fort Manteuffel, et à Mayence, sont effectivement datés de 1877. Néanmoins en septembre 1878 un plan projet d’élargissement des parapets du fort Baden est préparé à Berlin. En tenant compte de ces éléments, il est fort probable que ce type de canons a également été installé à Strasbourg à partir de 1877-1878.
Voici la répartition sur les forts à fossé sec du front Nord et du Front Ouest de la ceinture des forts détachés de Strasbourg :
Fort II, Fort Moltke, fort Rapp : 2 emplacements sur la face gauche.
Fort III, Fort Roon, fort Desaix : 2 emplacements sur la face droite.
Fort IV, Fort Veste Kronprinz : à priori 4 emplacements, 2 par face. Etant donné des aménagements des cages pour les primates sur les parapets d’artillerie, les emplacements ne sont pas tous visibles.
Fort V, Fort Großherzog von Baden, fort Frère : 2 emplacements sur chaque face.
Fort VII, Fort Kronprinz von Sachsen, fort Joffre : 1 emplacement sur la face droite et un emplacement à l’angle d’épaule de la face droite.
A Strasbourg, ces 14 pièces apportent l’avantage de la précision et de la portée accrue grâce à la présence d’un frein hydraulique. Ces canons de 15 cm peu mobiles, sont restés en place à Strasbourg, au moins jusqu’en avril 1919, à Metz, certains ils étaient encore en batterie lors des combats de la libération en novembre 1944.
Vue d’un canon long fretté de 15 cm sur affût de côte modifié pour la fortification terrestre, sur le groupe fortifié du Mont Saint-Quentin « Feste Friedrich-Karl » à Metz, date inconnue.Collection B.P., tous droits réservés.
28/12/1877 : Nouvelle adjudication pour l’allongement de la route de défense à Oberhausbergen. La première adjudication était infructueuse.
29/05/1878 : Le service impérial des fortifications de Strasbourg a procédé à l’adjudication de la livraison et de l’installation des cuisines. Le nombre de cuves et de cuisinières permet d’équiper l’ensemble des forts détachés de Strasbourg situés sur la rive gauche du Rhin. Deux cuisines sont installées au rez-de-chaussée de la caserne de gorge du Fort Großherzog von Baden, une dans chaque aile. Chaque cuisine, est équipée d’un point de chauffe entouré d’un bâti construit en briques encadré par un cadre en fer, recevant quatre grandes cuves en fer pour la cuisson et le maintien au chaud des aliments. Ce dispositif est complété par une petite cuisinière faite avec les mêmes matériaux, et surmontée par des plaques de cuisson en fonte.
10/1879 : Réalisation d’un plan pour les travaux de réparation des malfaçons du Fort Großherzog von Baden. Il s’agit des excavations des zones humides et fissures, ainsi que de leur comblement avec des ciments liquides. Ces travaux sont complétés par une restructuration partielle du dodannage et la pose d’un enduit. Ces travaux concernent les casemates du saillant sur la face droite.
21/04/1881 : Réalisation d’un plan projet pour l’installation des fours à pain des boulangeries de forts à fossés secs pour le rapport du 20 avril 1881. La boulangerie a été probablement été installée au cours de l’année 1881.
1886 – 1890 environ : Renforcement du Fort Großherzog von Baden et des intervalles dans le cadre de la crise de l’obus torpille.
19/07/1886 : Début des travaux de démolition des ponts sur la gorge des forts à fossés secs, pour les remplacer par des rampes d’accès. Ces travaux qui doivent durer environ six semaines, nécessitent une modification importante de la casemate de gorge du Fort Grossherzog von Baden (une autre source indique le mois de septembre 1866 pour le début des travaux. Un premier essai de modification avait été réalisé au Fort Bismarck avant qu’ils ne soient exécutés sur les cinq autres forts à fossés secs.
09/10/1886 : Etude du projet de modification de la contrescarpe du saillant et de surélévation du mur de la contrescarpe et des glacis du saillant des forts. Ces travaux nécessitent l’expropriation de terrain devant les saillants pour un prix proposé à 10 M. de l’are.
18/10/1886 : D’après une note de renseignements française, remplacement des portes et volets des casemates dont la résistance aux balles françaises est jugée insuffisante. Les travaux de modifications des murs de la contrescarpe et du saillant ont été ajourné en attendant e trouver des solutions plus pertinentes.
30/12/1886 : Ordonnance impériale pour construire 5 ouvrages intermédiaires dont l’ouvrage intermédiaire « Zwischenwerk Baden-Bismarck » dans l’intervalle entre le Fort Grossherzog von Baden et le Fort Prinz Bismarck.
10/01/1887 : Remplacement des pièces d’artillerie de 12 cm des forts par des pièces de 15 cm en bronze. Les pièces arrivent de Spandau, et on a également livré voies de chemin de fer des munitions et de la poudre.
10/01/1887 : D’après une notre de renseignement française, installation des grilles sur les murs de contrescarpe es forts à fossés secs. Le service des fortifications de Strasbourg a encore commandé pour 70 000 marks de grilles pour pouvoir garnir toute la contrescarpe des faces et des flancs de forts à fossés secs. Ces travaux doivent être terminés dans un délai de deux mois.
27/01/1887 : Ordonnance impériale pour l’aménagement de batteries, d’abris pour l’infanterie, l’artillerie et le stockage des munitions dans les intervalles entre les forts.
07/02/1887 : D’après une note française de renseignements : Arrivée d’un ordre télégraphique de Berlin pour installer un chemin de fer de ceinture à voie étroite et à voies normales raccordée au chemin de fer de l’Etat, pour réaliser les travaux de renforcement des forts et des intervalles. « L’entreprise des travaux a été donnée à la société Heydt et Cie, maison avec laquelle on a traité de gré à gré, et qui est la même que celle chargée des travaux de revêtement au ciment et au béton à exécuter dans les forts. Les travaux, commencés immédiatement sur plusieurs chantiers, doivent être terminés dans le délai de deux mois. Le génie vient de charger M.M. Heydt et Schuster, sans adjudication et au prix du devis, de tous les travaux de renforcement des casemates. Les casemates, abris etc., seront découverts afin qu’on puisse les recouvrir d’une couche de béton. Ce béton sera formé de mortier-ciment et de silex cassé. On conduit déjà du matériel et des matériaux dans les forts pour l’exécution de ces travaux, qui devront être terminés sans faute le 1er avril prochain. A cet effet l’administration militaire, vient de commander 900 wagons de ciment Portland et 1 000 wagons de silex-pierre bleue. Elle vient aussi de commander à M. Schaeffer, tuilier à Achenheim, près Strasbourg, 400 000 briques pour les forts. Il y aura donc aussi beaucoup de maçonnerie, ce qui est tout naturel, car si l’on veut couler du béton, il faut que les côtés soient fermés par des murs. Les travaux en question sont évalués à 1 million ».
23/02/1887 : Ordonnance impériale pour transformer les portions de rempart non indispensables à l’artillerie, au profit de l’infanterie. Début de construction des batteries annexes qui avaient été planifiées mais non réalisées. Ces batteries sont dotés d’abris à munitions à l’épreuve des bombes.
05/03/1887 : Une notre française de renseignements nous livre ces informations : « A la date du 12 février 1887, le Gouverneur de Strasbourg a décidé l’établissement d’un chemin de fer à voie étroite passant du pont du canal près de Hœnheim en prenant ensuite la chaussée du chemin de fer de ceinture, la route de ceinture derrière le Fort Roon, puis le chemin vicinal n°63 à partir du kilomètre 12.000 jusqu’au kilomètre 13.100, ensuite la route vers le fort Podbielski et là par le chemin vicinal n°11 du kilomètre 14.700 au kilomètre 14.870 jusqu’au fort Grand-Duc de Bade. Ce chemin de fer est destiné à transporter les matériaux dans les divers forts sur son passage. Par ordre subséquent, et pour le même objet, un chemin de fer doit être établi de la gare de Holtzheim au fort Prince de Bismarck ».
07/03/1888 : Grave accident au Fort Grossherzog von Baden à Oberhausbergen : lors des travaux 8 hommes ont été ensevelis lors d’un éboulement. Le bilan final est de 5 morts et de 3 blessés. Les ouvriers cinq ouvriers décédés sont les suivants : Kilian Weil de Dingsheim (marié) ; Franz Jund d’Oberbetschdorf (marié) ; Adam Stilzenbauer de Duntzenheim (marié) ; Michael Fir d’Oberhausbergen (15 ans) ; Joseph Rußkern, de Mittelhausbergen (15-16 ans).
Fin 01/1889 : Une notre française de renseignement nous livre cette information : « Monsieur Zeitz, entrepreneur allemand, a ramené de Metz un chariot destiné au transport de grosses pièces, des affûts, et autres matériaux qu’il serait impossible de conduire sur d’autres véhicules. Ce chariot supporterait une charge de 18 000 kilogrammes, mais on n’a pas connaissance qu’il ait été utilisé à Strasbourg depuis qu’il y est arrivé ». Remarque : le chariot qui vient d’être décrit est vraisemblablement destiné au transport des éléments des postes d’observation cuirassés de l’artillerie, en fonte durcie, modèle 1887 de Gruson. Ces derniers auraient donc été installés au cours de l’année 1889.
Les matériaux utilisés pour la construction du fort
En règle générale : Tous les murs exposés à un tir direct d’un assaillant sont en pierres de taille ou moellons, en grès des Vosges, d’une épaisseur minimum d’environ 1 mètre. Tous les murs non exposés au tirs direct sont en briques. Toutefois les façades de la caserne et de la gorge sont en briques recouvertes par un épais placage en pierre de taille. Ce plaquage n’a été réalisé que sur la ceinture des forts détachés de Strasbourg, ce qui donne une beauté particulière des façades de ces ouvrages. Pour les autres ouvrages construits dans l’empire allemand, on trouve uniquement des façades en briques.
Avant 1887 : Fondations à priori en béton. Murs en moellons et en briques. Voûtes en moellons ou en briques. Enduit de la maçonnerie des voûtes est recouvert d’une couche de bitume pour l’étanchéité de l’ouvrage. Façade : en briques, couvertes par un placage en pierre de taille de grès, généralement du grès rose des Vosges, base de la maçonnerie en pierres équarries à tête taillé, bouchardées pour le parement. Blocs de granit pour les pierres de tailles qui supportent le haut des charnières des grands portails. Vantaux de portes en bois ou en fer. Les locaux intérieurs de la construction d’origine sont munis d’un enduit en plâtre blanchi à la chaux. Là aussi c’est une particularité des forts détachés de Strasbourg.
Modifications après 1887 : Couverture des locaux les plus importants par une couche de 1,20 m de béton tassé non armé, de pierre de silex bleu posée sur une couche d’un mètre de lœss jaune (terre fine que l’on trouve sur les hauteurs à l’Ouest de Strasbourg) directement posée sur les maçonneries des voûtes. Renforcement des murs extérieurs par un couloir de sable d’une largeur d’un mètre, en enveloppe extérieur avec maçonnerie en briques, autour des zones à renforcer.
Renforcement intérieur des caponnières avec de la maçonnerie en brique. Renforcement de certains passages par des tôles ondulées en acier galvanisé. Volets de fenêtres et certaines portes en fer ou en acier.
Dénominations successives
1872 : Fort V ou Fort Oberhausbergen.
1er septembre 1873 : Fort Grossherzog von Baden par un ordre du Cabinet impérial datant du 1er septembre 1873. Les militaires français le dénomment Fort du Grand-Duc de Bade, au 22 novembre 1918.
22/11/1873 au 02/04/1919 : les autorités françaises utilisent souvent la traduction de Fort Grossherzog von Baden : Fort du Grand-Duc de Bade.
03/04/1919 : Fort Maréchal Pétain.
07/1940 environ : Fort Grossherzog von Baden, le fort reprend son nom d’origine.
1945 environ : Fort Frère.
Armement, artillerie du fort Grossherzog von Baden
Nous n’avons que peu de documents relatifs à l’armement en artillerie des forts détachés de Strasbourg. Nous allons donc essayer de faire un état pour le Fort V, Fort Grossherzog von Baden, actuel fort Frère, qui est classé parmi les grands forts détachés, examinant tous les textes disponibles.
Vers 1871 : évocation du nombre de pièces d’artillerie lors d’une première expertise dans un premier projet.
D’après l’expertise du général comte de Moltke et du général von Kameke relative aux fortifications de Strasbourg, le fort V, devait comporter sur le front (deux faces) 20 pièces d’artillerie lourde établie entre des traverses et chaque flanc devait pouvoir être armé par 8 pièces. Ce compte rendu avait été copié par un officier d’artillerie bavarois, et à priori, d’après l’auteur, rédigé après le 1er septembre 1873, puisqu’il cite les noms des forts qui n’étaient pas encore connu lors de la rédaction de cette expertise.
Remarque : cette expertise n’évoque que 11 forts détachés, et a été rédigée avant la décision de réduire le budget et de construire des forts détachés de taille plus modeste. La dotation d’artillerie initialement prévue sera sensiblement réduite lorsque le budget alloué à la construction des forts détachés de Strasbourg passera de 10 millions de Thaler à 7 millions.
L’armement théorique d’un grand fort
(Rédaction en cours)
Après les décisions du ministère de la guerre prussien et de l’inspection générale du corps des ingénieurs et des places fortes de réduire sensiblement la taille des futurs forts détachés de Strasbourg, compte tenu que le budget disponible a été réduit, le département 3 du Comité des Ingénieurs, placé sous la direction du général von Biehler, a publié le 15 janvier 1872 une expertise relative à la réduction des projets des forts II à VI de Strasbourg.
Dans ce rapport d’expertise qui a servi à l’établissement des plans projets, le nombre de pièces d’artillerie pour la défense éloignée a été fixée pour un grand fort à :
28 pièces de rempart : 16 pièces de 15 cm et 12 pièces de 12 cm.
8 pour les remparts des flancs : des canons de 12 cm lisse.
6 mortiers lourds : ces derniers ne sont mis en place que lors de la mise en état de défense.
D’après le détail concernant le fort n° IV, qui est également un grand fort, les deux faces devaient être munies de 28 pièces, c’est-à-dire 9 pièces par face.
Le chapitre relatif à l'armement est encore incomplet et sera complété ultérieurement.
Détermination du nombre d’emplacements disponibles d’après le plan projet
Sur chaque face, un grand fort dispose de 4 emplacements doubles, d’une largeur de 11,30 m et d’une profondeur de 5,50 m, pouvant être armé par deux pièces d’artillerie chacun, et d’un emplacement au dimensions plus restreintes d’une largeur d’environ 8 m, situé près de l’angle d’épaule, ne pouvant recevoir uniquement une seule pièce. Ce sont donc 28 pièces de rempart qui peuvent être installée sur les deux faces. Par ailleurs, un compte rendu d’espionnage nous informe de la présence d’un observatoire sur l’angle d’épaule gauche, ce qui confirme bien la présence d’une seule pièce d’artillerie sur cet emplacement.
Sur chaque flanc, 4 pièces d’artillerie peuvent être installée sur chaque flanc, sur les 4 emplacements disponibles entre les traverses, ayant chacun une profondeur de 5,50 m et une largeur de 3,50 m environ.
Armement entre 1873 et 1877-80 environ
A priori, à Strasbourg, des plates-formes d’artillerie ont été installées sur les forts détachés du front ouest et une partie du front nord encore avant l’achèvement du gros œuvre des ouvrages. Compte tenu que nous n’avons aucun rapport détaillé concernant l’armement initial de ces ouvrages durant cette période, nous allons donc extraire à la « petite cuillère » tous les renseignements disponibles à ce sujet. N’ayant trouvé aucune archives à ce sujet, c’est encore grâce aux articles de presse et aux compte rendus d’espionnage que nous allons essayer de dresser une liste des pièces d’artillerie qui ont armé ce grand fort. Par ailleurs, les illustrations relatives aux matériels de cet époque sont également très rares.
Construits entre 1872 et 1881, les 14 forts détachés de Strasbourg devaient être opérationnels le plus rapidement possible, au plus tard lord de l’évacuation des dernières troupes d’occupation allemande, initialement prévue en 1874, mais qui intervient après négociations le 13 septembre 1873. C’est en effet à peine un mois plus tard que commence la mise en place de l’armement des forts.
25/10/1873 : Armement des forts de la rive gauche. La presse nous livre ces informations : « Depuis quelques jours notre ville a repris un air guerrier. Pour l’armement de plusieurs forts extérieurs maintenant terminés, de longues files de bouche à feu, de voitures de munition et d’autres objets nécessaires à l’établissement de fortifications, parcourent les rues de notre ville. Parmi les canons destinés particulièrement à l’armement des remparts, on rencontre surtout dans nos rues le canon en bronze de 12 centimètres et à culasse ».
Remarque : Les autorités allemandes veulent que l’essentiel des forts de la rive gauche soient armés avant l’évacuation des derniers départements français occupés par les troupes allemandes. A priori les parapets d’artillerie du Fort V peuvent déjà être armés alors que la construction du fort n’est pas achevée. Le journaliste décrit des canons de 12 cm en bronze, toutefois nous ne savons pas s’il s’agit des canons de 12 cm C62 à tube lisse, destiné aux flancs, ou les canons de 12 cm destinés à l’armement des faces.
21-11/1873 : La revue militaire de l’étranger nous livre les informations suivantes tirées de la presse allemande : « … Quant aux douze forts sur la rive gauche du Rhin, que l’Empereur a baptisé en septembre dernier, les sept premiers, Fransecky, Moltke, Roon, Prince Royal, Grand-Duc-de-Bade, Bismarck et Prince-Royal-de-saxe, sont sur le d’être terminés ; les cinq autres seront achevés plus tard, et probablement pas avant l’été de 1874. Tous les forts de Strasbourg sont placés à six kilomètres environ de la ville, avec un intervalle de trois kilomètres entre chacun d’eux. Le terrain entre les forts sera occupé par des batteries supplémentaires de 8 pièces (12 ou 24 rayé), dont les terrassements seuls seront exécutés en temps de paix. Le flanquement des fossés à eau sera obtenu par des caponnières étanches qui sont en ce moment en construction, et qui seront blindées avec des plaques de fer crénelées. Probablement, jusqu’en 1875, les forteresses d’Alsace-Lorraine conserveront leur armement en matériel français (24 de siège, 12 de place, se chargeant par la bouche), jusqu’à ce que l’on ait construit un matériel prussien suffisant pour pouvoir se passer du matériel français. Mais les forts détachés autour de Strasbourg et de Metz recevront tout de suite, outre les pièces de flanc et les mortiers français, du matériel exclusivement prussien ».
Remarque : Cet article nous livre l’information de l’installation de batteries annexes ou d’intervalle comportant chacune 8 pièces de 12 ou 24 rayé, des canons français dans un premier temps. On évoque également des mortiers français. Comme on a toujours admis que ces batteries devaient être aménagée uniquement en temps de guerre, est-il possible que dans la crainte d’une attaque française pour récupérer l’Alsace-Moselle, on ait installé provisoirement ce type de batteries avant 1887 ? D’après les rapports d’espionnage, l’artillerie des forts détachés était réellement en place au cours de ces premières années.
01/03/1874 : Une revue militaire française livre quelques renseignements concernant les forts détachés du front ouest : « Plus à l’ouest, les hauteurs de parallèles au Rhin, qui s’étendent de Mundolsheim à Oberhausbergen sont couronnées de deux forts, le fort Kronprinz, ou de Niederhausbergen, et le fort Grossherzog von Baden, ou d’Oberhausbergen, qui possèdent déjà, une partie de leur armement. Les casernes de ces forts vont être terminées ce printemps ainsi que celle du fort Bismarck. Une route de ceinture, qui suit la crête des collines, part de Mundolsheim et conduit aux deux forts. L’on parle d’établir, en outre, une batterie près de l’église de Mundolsheim pour mieux battre les vallons de la Leisbach et de la Kolbsenbach. Commencé en même temps que les quatre derniers forts susnommés, le fort Bismarck, soit par suite de malfaçon, soit plutôt à cause de la nature argileuse du terrain, a subi des tassements qui ont déterminé l’automne dernier des éboulements considérables et singulièrement retardés son achèvement… Le terrain entre les forts sera rempli par des batteries d’annexion ou intermédiaires, chacune de huit pièces, probablement, dit la Gazette de Silésie, des canons de 12 c. et des mortiers de 21 c. Presque tous communiquent avec la ville par des lignes télégraphiques souterraines et quelques-uns auraient, dit-on, un dépôt de pigeons voyageurs. Un chemin de fer de ceinture, dès maintenant achevé, même sur la rive droite du Rhin, met en relation les différents forts. ».
Bilan relatif à la dotation d’artillerie du fort Grossherzog von Baden entre 1873 et 1877
Face gauche : 9 pièces d’artillerie : 12 cm en bronze et à culasse ou des pièces de 15 cm.
Face droite : 9 pièces d’artillerie : 12 cm en bronze et à culasse ou des pièces de 15 cm.
Total sur les faces : 18 pièces de rempart.
Flanc gauche : 4 pièces d’artillerie : 12 cm à tube lisse et à culasse.
Flanc droite : 4 pièces d’artillerie : 12 cm à tube lisse et à culasse.
Total sur les flancs : 8 pièces d’artillerie.
Modernisation et modification de la dotation de l’artillerie du fort.
1877-1878 : Aménagement de quatre emplacements pour canons longs de 15 cm sur affût de côte. Compte tenu que les canons longs frettée de 15 cm sur affût de côte des batteries côtières de l’Allemagne du Nord n’étaient plus assez efficaces contre les nouveaux cuirassements des navires de guerre, une centaine de ces canons a été transférée pour équiper les fortifications terrestres à partir de 1877.
Nous n’avons pas la date exacte de ces canons au Fort Baden, mais les plans d’installation de ces canons à Metz, sur le groupe fortifié du Mont Saint-Quentin et le Fort Manteuffel, et à Mayence, sont effectivement datés de 1877.
Néanmoins en septembre 1878 un plan projet d’élargissement des parapets du fort Baden est préparé à Berlin.
En tenant compte de ces éléments, il est fort probable que ce type de canons a également été installé à Strasbourg à partir de 1877-1878.
Voici la répartition sur les forts à fossé sec du front Nord et du Front Ouest de la ceinture des forts détachés de Strasbourg :
Fort II, Fort Moltke, fort Rapp : 2 emplacements sur la face gauche.
Fort III, Fort Roon, fort Desaix : 2 emplacements sur la face droite.
Fort IV, Fort Veste Kronprinz : à priori 4 emplacements, 2 par face. Etant donné des aménagements des cages pour les primates sur les parapets d’artillerie, les emplacements ne sont pas tous visibles.
Fort V, Fort Großherzog von Baden, fort Frère : 2 emplacements sur chaque face.
Fort VII, Fort Kronprinz von Sachsen, fort Joffre : 1 emplacement sur la face droite et un emplacement à l’angle d’épaule de la face droite.
A Strasbourg, ces 14 pièces apportent l’avantage de la précision, de la portée accrue et une augmentation de la cadence de tir grâce à la présence d’un frein hydraulique. Ces canons de 15 cm peu mobiles, sont restés en place à Strasbourg, au moins jusqu’en avril 1919, à Metz, certaines pièces étaient encore en batterie lors des combats de la libération en novembre 1944.
Vue d’un canon long fretté de 15 cm sur affût de côte modifié pour la fortification terrestre, sur le groupe fortifié du Mont Saint-Quentin « Feste Friedrich-Karl » à Metz, date inconnue.
Collection B.P., tous droits réservés.
10/01/1887 : Remplacement des pièces d’artillerie de 12 cm des forts par des pièces de 15 cm en bronze. Les pièces arrivent de Spandau, et on a également livré voies de chemin de fer des munitions et de la poudre.
09/1878 : Projet d’élargissement des remparts d’artillerie et d’installation de gardes corps.
Le service des fortifications a établi un plan projet daté de septembre 1878, pour l’élargissement des communications des remparts et de l’installation de gardes corps en fer au Fort Grossherzog von Baden à Oberhausberge « Entwurf zur Verbreiterung der Wallgänge und Aufstellung eiserne Geländer im Fort Großherzog von Baden ». Ces plans sont à l’échelle 1 :100e et 1 :500e, et comporte des plans de masse, et de profils.
Plans - coupes
25/03/1872 : Le Comité des Ingénieurs de l’empire allemand fait réaliser un plan de masse à l’échelle 1/500e du Fort V portant l’inscription : « Ingénieur Comité » Comté des ingénieurs, « Fort V Oberhausbergen », « Gehörig zum Gutachten vom 25. März 1872 ». Il s’agit d’un plan projet accompagnant l’expertise du 25 mars 1872. Le plan ne comporte aucune signature.
25/03/1872 : Plan projet du Fort V – Fort Oberhausbergen. Ce plan comporte des différences notables par rapport à la construction. Il a servi pour chiffrer l’estimation des volumes de maçonneries pour l’adjudication des travaux.
Collection MJR & CESFS, archives GSTAPK Berlin.
Caractéristiques générales
Le fort Grossherzog von Baden a été construit selon un plan qui a servi de modèle pour la construction de tous les forts détachés allemands de ceinture de ce type, communément appelés forts de type « Biehler ».
Fort V, Fort Oberhausbergen, Fort Grossherzog von Baden (août 1872-1875) dénommé fort Pétain en 1919 puis fort Frère vers 1945, a été construit par la société « August Pasdach & Compagnie ». Grand fort détaché de ceinture à fossé sec communément appelé fort de type Biehler, au tracé pentagonal de lunette aplatie avec gorge rentrante.
Il comprend : 4 traverses-abris et 5 plates-formes double d’artillerie par face, 4 traverses et 4 plateformes d’artillerie simple par flanc, une caserne de gorge brisée vers l’intérieur à deux niveaux, comprenant de gauche à droite 11 + 6 + 6 + 9 casemates et des latrines comportant 4 pièces à l’extrémité de chaque aile ; une grande poudrière sous chaque flanc ; flanquement des fossés par les remparts, par une caponnière double de saillant, par deux caponnières d’épaule et par les 2 coffres de la caserne de gorge ; entrée couverte par un tambour comprenant une place d’armes de gorge, un blockhaus de garde et une grand poudrière de gorge avec locaux de chargement de l’artillerie ; un pont d’accès en maçonnerie avec pilier central permettant le franchissant le fossé de gorge ; système de contre mine sur les deux faces avec galerie enveloppe et magasins à poudre, 4 galerie d’écoute sur le saillant et 2 galeries d’écoute sur chaque angle d’épaule.
Vers 1877, aménagement de deux positions pour 4 canons de 15 cm fretté long sur affût de côte, 2 pièces sur le parapet d’artillerie de chaque front.
1887-1894 environ : renforcement d’une partie de l’ouvrage (partie centrale et aile gauche de la caserne de gorge, saillant et locaux d’artillerie de la face et du flanc gauche), remplacement du pont par des rampes, suppression de la caponnière du saillant remplacée par une un coffre double de contrescarpe, renforcement d’une des grandes poudrières du flanc gauche qui est reliée par une poterne de communication avec le casernement de gorge, modification du blockhaus de garde de l’entrée, installation d’une nouvelle sortie troupe sur le saillant et les cours, baisse du profil des remparts, installation d’un poste cuirassé d’observation de l’artillerie « P.B.St. 87 » sur la face gauche et d’une coupole tournante d’observation modèle « W.T.90 » sur la face droite, deux batterie annexes sur les angles de gorge avec magasins à munitions (M30 et M31) reliés par une poterne au fossé de gorge.
Après 8 février 1919 : suppression des 2 canons de 15 cm fretté long sur affût de côte.
1939-1940 : installation de sanitaires (lavabos, douches, WC) par le génie militaire français. Edifice non protégé dans le cadre des monuments historiques.
Garnison - garde
1870 – 21/11/1918 : Empire allemand
03/03/1877 : Relèves des détachements de garde des forts.
Informations tirées d’une revue militaire allemande : « Le dernier hiver s’est fait remarquer par sa douceur relative, qui était en contraste avec le froid vif de l’Est de l’Allemagne ; et comme nous avons également été épargné par les fortes pluies, la météo s’est montrée très favorable sur l’instruction des jeunes recrues faite au mois de décembre. Les présentations des recrues, qui a été faite en présence de leur supérieurs respectifs, sont désormais terminées pour les régiments prussiens, saxons et wurtembergeois locaux. En conséquence, on arrive à nouveau à faire tourner les services de garde de la garnison. Alors qu’avant la formation des recrues ont formait les détachements de garde de la garnison avec un mélange provenant de divers bataillons, il y a désormais un seul bataillon qui fournit les détachements de garde. Le gardiennage des forts par des détachements de garde « Wacht-Commandos », qui sont relevés tous les mois, est poursuivis de cette façon ».
01/04/1887 : A compter du 1er avril 1887, tous les forts détachés qui ont des casernes sont garnis de troupe. Les autorités militaires allemandes appellent ce système changement de bataillon « Bataillons-Wechsel », c’est-à-dire qu’un bataillon de chaque régiment d’infanterie est désigné pour assurer les services de garnison pendant une année. La direction des fortifications est actuellement en pourparlers avec les propriétaires pour l’achat des terrains servant de champs d’exercices. Tous ces forts sont munis de tout ce qui sera nécessaire pour recevoir leurs garnisons au complet. Ainsi, ce bataillon détache en règle générale deux compagnies dans chaque grand fort dont il doit assurer la garde. Au Fort Grossherzog von Baden, c’est le régiment d’infanterie « Infanterie-Regiment Nr. 105 » de Strasbourg qui détache en permanence deux compagnies du 1er bataillon qui s’installent au fort Frère pour une période d’un an. Cette compagnie fournie tous les jours, pour une période de 24 heures, un petit détachement de garde. Toutefois, quelques années après, les deux compagnies du régiment d’infanterie 105 sont remplacés par deux compagnie du 2ème groupement d’artillerie du « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ». Les 4 batteries de ce groupe d’artillerie vont se succéder deux par deux, jusqu’au début de la guerre en août 1914.
10/1896 : Garnison permanente : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ». Les mêmes unités sont encore mentionnées en automne 1898.
10/1899 : Garnison permanente : 5ème et 6ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
1902 : Règlement de garnison de Strasbourg. Garde fournie par le Fort Fransecky, relevé toutes les 24 heures. Effectif : 1 caporal « Gefreiter » et 1 homme du rang. Poste de jour : 1 « Patrouilleur » (sentinelle mobile), avec cartouches.
10/1900 : Garnison permanente : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
05/1901 : Garnison permanente : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ». Deux officiers résident au fort : les sous-lieutenants « Leutnant » Lenssen et Schwacke.
10/1901 : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
10/1902 : Garnison permanente : 5ème et 6ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
10/1903 : Garnison permanente : 5ème et 6ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
10/1904 : Garnison permanente : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
10/1906 : Garnison permanente : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
10/1907 : Garnison permanente : 5ème et 6ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
07/1908 : Garnison permanente : 5ème et 6ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
12/1908-03/1909 : Garnison permanente : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
07/1914 : Garnison permanente : 7ème et 8ème Batterie du 2e groupe d’artillerie du régiment d’artillerie de forteresse « Fuß-Artillerie-Regiment Nr. 10 ».
02/08/1914 : 1er jour de mobilisation générale en Allemagne.
Au fur et à mesure de leur arrivée, les unités de réserves ou territoriales remplacent les postes de garde et garnisons de forts et ouvrages de Strasbourg.
A partir du 22/11/1918, c’est une garnison française qui assure la garde de l’ouvrage.
1924 environ : Le fort est utilisé par les troupes du 17e régiment du génie de Strasbourg.
1924 environ : Unité du 17e régiment du génie sur le pont à l’entrée du fort.
Sources : Archives BP et MJR.
1935-1939 environ : Annexe du Centre Mobilisateur du Génie n°1 (GMG 1). Un dépôt de matériels et d’équipement destiné à équiper les unités du génie en cas de mobilisation.
Classement de l’ouvrage
22 juillet 1876 : Le fort Großherzog von Baden fait partie de la place forte de Strasbourg, une place forte classée dans les places avec armement de 1ère classe. En effet, d’après une décision prise récemment par le ministre de la guerre prussien et rapportée par l’Allgemeine Miltair Zeitung du 22 juillet 1876, les places fortes allemandes sont classées ainsi qu’il suit :
1° Forteresses avec armement de première classe : Strasbourg, Rastadt, Mayence, Metz, Coblence, Cologne, Wesel, Ulm, Magdebourg, Glogau, Neisse, Kustrin, Spandau, Thorn, Posen, Dantzig, Königsberg.
02/08/1914 : Mobilisation général en Allemagne.
Avec le début de la mise en état de défense de la place forte de Strasbourg, le Fort Grossherzog von Baden fait partie intégrante du secteur Nord-Ouest de la place forte.
La liste des unités qui ont occupé l’ouvrage pendant la première guerre mondiale n’est pas connue.
06/07/1933 : Première série des places de guerre.
D’après la loi du 6 juillet 1933 relative aux fortifications de Strasbourg, publiée au Journal Officiel du 7 juillet 1933, l’ouvrage Neuf-Empert est classé en première série au tableau de classement des places de guerre. Voici une partie de ce texte de loi : Art. 1er. – Sont classé en première série et figureront désormais à ce titre au tableau de classement des places de guerre et ouvrages défensifs de la France les ouvrages détachés indiqués ci-après : ouvrage de Neuf-Empert, fort-Ney, ouvrage Rapp-Ney, fort Rapp, fort Desaix, fort Ducrot, batterie des Cerisiers, fort Foch, fort Pétain, fort Lefebvre, fort Uhrich, ouvrage Uhrich-Hoche, fort Hoche, batterie d’Altenheim, batterie des Paysans, ouvrage du kilomètre 119, abris à munitions M69 et M70. Art. 3. Sont maintenus non classés, sans démolition, les ouvrages détachés de Strasbourg indiqués ci-après : ouvrage Pétain-Kléber, fort Kléber, fort Joffre, ouvrage Joffre-Lefebvre, ainsi que les ouvrages bétonnés divers compris entre les forts Pétain (exclu) et Lefebvre (inclus).
Moyens de communication
Dès la construction des forts détachés de la nouvelle ceinture de fortifications de Strasbourg, les autorités militaires allemandes installent immédiatement un réseau télégraphique filaire souterrain utilisant des signaux du « code Morse » qui relie les ouvrages de fortification de la place au bureau du gouverneur et la place elle-même à l’état-major à Berlin. En cas de rupture de ces lignes de communications il reste l’héliotrope qui permet de communiquer par signal lumineux également avec le code « Morse », en utilisant le soleil ou une lampe à acétylène, et en dernier lieu les pigeons voyageurs dont la station principale est située à l’Esplanade à Strasbourg. Naturellement nous n’oublions pas les messages et courriers portés par des soldats entre le fort et les services de la place forte. A la fin du XIXe siècle, le courrier est porté tous les jours avec des bicyclettes et le téléphone qui utilise en partie le réseau télégraphique, remplace la télégraphie.
La description détaillée est disponible sur la page La place de Strasbourg / Son histoire.
Accès et visites
Propriétaire
1872 – 21/11/1918 : Ouvrage de fortification de l’empire allemand. Le terrain appartenant au service des fortifications est délimité par des bornes portant un marquage « F.G. », c’est-à-dire terrain des fortifications « Festungs-Gelände ».
22/11/1918 – 18/06/1940 : Terrain militaire français.
19/06/1940 – 22/11/1944 : Terrain militaire allemand.
23/11/1944 – A nos jours : Terrain militaire français.
2000 – A nos jours : Le fort Frère, situé actuellement sur un terrain militaire, qui est géré par la section « Fortification » du Club Sportif et Artistique de Garnison de Strasbourg CSAGS) dont la majorité des membres œuvrent également au sein de l’association Cercle d’Etudes et de Sauvegarde des Fortifications de Strasbourg (CESFS). Vous pouvez visiter ce fort sous les conditions précisées en première page de ce site. A partir d’Oberhausbergen, en face de l’église protestante, l’accès au fort est balisé.
Oberhausbergen, panneaux implantés en face de l’église protestante.
Photographies © MJR 25/02/2017.
Les traces laissées par les anciens occupants
Traces de la garnison allemande
1872 – 22/11/1919
Pendant la période de l’empire allemand, les graffitis réalisés par les différents occupants sont extrêmement rares. A priori la discipline allemande ne permettait pas que le soldat y laisse des traces. On se contentera donc essentiellement des inscriptions officielles et des décors qui ont été autorisés.
Porche d’entrée du fort Frère : Inscription du nom des deux officiers du génie chargés de la surveillance des travaux.
© Photographie MJR 11/05/2008.
Panneau indiquant la position de la face droite exposé dans la poterne principale.
Photographie MJR 11/05/2008.
Photographie © MJR 08/2004
Armoirie du Reichsland terre d’empire Alsace-Lorraine peinte dans la pièce n°22 du 1er étage de l’aile gauche de la caserne de gorge du fort Frère.
Photographie © MJR 02/05/2005.
Photographie © MJR 08/2004.
Armoiries du grand-duché de Bade peint sur un mur de la chambre n°22 du 1er étage de l’aile gauche du casernement de gorge du fort Frère. Malheureusement, ces armoiries ont tendance à disparaître, rongée par l’humidité. Actuellement cette pièce n’est pas ouverte à la visite.
Photographie © MJR 02/05/2005
Au début du 20e siècle, cette pièce était utilisée en tant que chambre pour l’un des deux officiers qui séjournent en permanence au fort Frère. Le nom des officiers est évoqué dans la rubrique précédente concernant le gardiennage du fort et sa garnison permanente.
Traces de la garnison française
1919- 06/1940
A priori pendant cette période, la discipline est un peu plus relâchée qu’à l’époque allemande et quelques soldats graves souvent leur nom et l’année de leur classe de service militaire sur les murs du fort, essentiellement aux emplacements où ils ont monté la garde. On trouve également quelques inscriptions officielles.
Inscription « Silence » dans le couloir de l’aile gauche du 1er étage de la caserne de gorge. Une inscription identique a également été apposée à l’autre bout du couloir. Photographie © MJR 27/02/2010.
Latrines aile droite du casernement de gorge : graffiti de 1924 « Guérin Gilbert. En souvenir du fort Pétain 16 octobre 1924 ».
Photographie © MJR 12/02/2014.
Cage d’escalier, niveau inférieur de l’aile droite de la caserne de gorge.
Photographie © MJR 12/02/2014.
Poterne principale, ancienne écurie : Insigne des électromécaniciens du génie dans cette salle où deux groupes électrogènes et un atelier des électromécaniciens avaient été installés à priori juste avant la 2ème guerre mondiale.
Photographie © 1er RG 02/10/2002.
Aile droite du casernement de gorge, rez-de-chaussée, pièce 34 : Insigne du 1er bataillon de chasseurs.
Source : Photographie © 1er RG 09/03/2016.
Aile droite du casernement de gorge, rez-de-chaussée, pièce 38 : dessin de fantassin au présentez-armes.
Photographie © 1er RG 09/03/2016.
Autres graffitis de cette époque :
Au niveau des latrines de l’aile droite du casernement de gorge.
« R.J. 10.10.1922 »
« 12/4/36 un jour de cafard ».
Locaux d’artillerie sous face droite :
« Protin René Cl (classe) 23 » (1923).
Traces de la garnison française pendant la seconde guerre mondiale
09/1939 – 18/06/1940
A priori après la mobilisation générale, une chapelle a été installée dans l’aile gauche des locaux du saillant du fort Frère. Il s’agissait d’un ancien local de piquet d’alerte. Cette chapelle a été peinte par Wagner, sur les murs du local et sur une toile tendue derrière l’autel. Elle a été consacrée par Mr. Ruch, évêque de Strasbourg.
Fresques peintes par le peintre Wagner dans la chapelle du fort Frère. Malheureusement depuis ces prises de vues, l’humidité a encore rongé ces peintures qui disparaissent petit à petit.
Photographies © MJR 20/09/1998.
Autres graffitis de cette époque :
Sous la face droite, dans les locaux d’artillerie :
« Souvenirs 10.9.39 »
19/07/1940 – 22/11/1944
Graffiti daté du 03/03/1942 d’un membre du R.A.D. « Reichs-Arbeit-Dienst » 8/275 XX, provenant à priori d’Offenburg : « RAD 8/275. 3.3.1942. Fort Petain » (RAD = Service allemand du travail obligatoire).
Photographie © MJR 12/02/2014.
En 1940 – 1942, des unités du R.A.D. ont travaillé à Strasbourg notamment sur les chantiers de reconstruction de ponts provisoires sur les cours d’eau. A priori, d’après ces graffitis une unité était stationnée au fort Frère, soit pour effectuer des travaux aux alentours, soit pour l’instruction.
Autres graffitis de cette époque :
Au niveau des latrines de l’aile droite du casernement de gorge :
« Parole Heimat Reinhold Vollmer RAD 8/295 ».
« 17 XII 1941 ».
« RAD K. 8/275 Entlassung 28.3.42 ».
« O. Nihs 9.4.42 ».
Traces de la garnison française après la seconde guerre mondiale
01/1944 – A nos jours
Locaux d’artillerie sous face droite, couloir du fond. Graffiti à priori des années 1950.
Photographie © MJR 30/09/2015.
Local d’artillerie sous la face gauche : Dessin des années 1960 environ, probablement inspiré par un film comme Sherlock Holmes.
Photographie © MJR 24/05/2017.
Etat de l’ouvrage et intérêt patrimonial
Fort Frère : Le fort Frère est un des rares grand forts détachés allemands de type Biehler dont le bâti, le chemin couvert et le glacis sont encore complets. Ce fort à servi de modèle aux quelques 67 forts de ce type construits dans l’empire allemand au cours des années 1872 – 1890. La plupart des ouvrages présents sur le territoire allemand ont été complètement ou en grande partie arrasés. Il reste certes quelques forts de l’ancien front Est de l’empire allemand, qui sont actuellement en Pologne. Ces derniers ont été fortement endommagés ou transformés. Reste les forts de la rive gauche du Rhin à Strasbourg. Il existe trois grands forts détachés à fossés secs : le fort Foch qui a été en grande partie détruit par une explosion accidentelle, le fort Kléber dont le fossé a été modifié et partiellement comblé et dont le glacis a en grande partie disparu ; il ne reste plus que le fort Frère qui est en grande partie intact ; seuls les deux abris à munitions des batteries annexes ont été fermés ou remblayé par mesure de sécurité. Avec ses superbes façades de gorges recouvertes d’un plaquage en grès rose des Vosges, un aspect architectural uniquement présent à Strasbourg, ce fort est un des derniers grands forts complets de type Biehler, un des derniers joyaux du patrimoine européen. Bien que déjà protégé par sa situation, il serait souhaitable à l’avenir qu’il fasse l’objet de mesures de protection.
Mesure de protection : édifice non protégé aux monuments historiques.
Référence inventaire du patrimoine :
Fort Frère : n°67171013.
Monument aux morts de la guerre de 1870 dont l’aigle original est au fort Frère : n°67171016.
Situé dans la cour de l’église protestante, l’aigle original très endommagé a été transféré au fort frère et c’est une réplique en résine qui a pris sa place sur le monument. L’aigle original a été restauré par l’association gérant le fort Frère et est exposé au public lors des visites guidées.
Chapelle du fort Frère : installée en 1939 dans une salle d’alerte du fort Frère, comportant des fresques murales peintes par Wagner. A également été inventorié au titre du patrimoine.